Chapitre 1

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Je suis nerveux. Je suis nerveux et incapable de me calmer. Très honnêtement, je ne pensais pas que ça irait si loin et quand je me rends compte de la situation dans laquelle je me trouve, je me demande ce qui m'est passé par la tête. Faire confiance à Peter ? Quelle idée ! Sans doute la pire erreur de ma vie.

- Ne t'inquiète pas, me susurre-t-il à l'oreille.

Je frissonne, le stress monte en moi. Je n'aime pas ça. Ce ton qu'il prend...

- On fait juste ça pour le rendre jaloux, tu le sais, n'est-ce pas ?

J'hoche la tête, même si je n'en pense pas moins. Il perçoit mon mensonge, je le sais, mais il garde le silence à ce sujet. Et je le vois, son sourire. Il grandit, perfide. Pour lui, c'est un jeu, ça l'amuse. Au début, ça me faisait rire aussi, parce que je ne le prenais pas au sérieux.

Avant, tout était si simple ! Je gardais mes sentiments pour moi et ma vie continuait aussi normalement que possible, ce qui était difficile étant donné mon quotidien alternant entre le lycée et le surnaturel. Être le seul humain dans une meute comprenant des loups-garous, une banshee, une coyote et j'en passe, c'est tout sauf facile, mais j'ai toujours réussi à concilier les deux. En même temps, je n'ai jamais vraiment eu d'autre choix.

Sauf qu'il avait fallu que je me décide à parler à Scott de mes sentiments pour un certain loup. Pourquoi ? Parce que ça devenait lourd, pesant, et je ressentais le besoin d'en parler à quelqu'un. J'avais choisi Scott, mon meilleur ami, parce que je savais qu'il ne me trahirait pas. Il avait eu beau m'abandonner dans certaines situations, il s'était toujours rattrapé. Et puis, je le connais depuis tant d'années que je sais qu'il pourrait garder n'importe lequel de mes secrets. C'est pour cette raison qu'il y a une semaine, j'ai décidé de lui parler. Il a plutôt bien pris la chose et m'a même donné des conseils. Le problème ne vient pas de là.

Là où ça a dérapé, c'est quand je suis rentré chez moi et que j'ai trouvé Peter Hale, tranquillement assis sur mon lit. Il m'a dit qu'il m'avait entendu parler à Scott dans l'après-midi et qu'il était près à m'aider. C'était simple : pour lui, il suffisait de rendre son neveu, Derek Hale, jaloux. Sur le papier, ça paraît effectivement simple même si je me souviens m'être dit sur le moment que ça serait certainement inutile puisqu'un gars comme Derek ne s'intéresserait sans doute jamais à un mec aussi banal que moi. Nous deux, on dit dans deux mondes différents et niveau physique... N'en parlons pas. Lui, c'est une vraie bombe, un apollon dans toute sa splendeur. J'ai beau savoir qu'il entretient régulièrement ses muscles et sa forme, j'en viens parfois à le jalouser alors qu'en réalité, il suffit simplement que je me bouge moi aussi, que je fasse des efforts si je veux que mon corps finisse par ressembler à quelque chose. Moi, c'est simple, je suis un bâton. J'ai un corps fragile, à peine quelques muscles pour me prouver que je bouge de temps en temps, une peau blanche comme un cul et des grains de beauté à n'en plus finir. Lui, il a des yeux particuliers. Je n'arrive jamais à savoir s'ils sont bleus, verts, ou gris, si ce n'est un peu des trois. Parfois, j'ai même l'impression qu'ils changent de couleur selon la météo. C'est bête, je sais, mais j'aime m'imaginer tout un monde quand je vois ses yeux.

En soi, je n'ai jamais vraiment accepté. J'ai laissé Peter parler et je ne l'ai pas pris au sérieux. En fait, j'ai ri, parce que je me suis justement dit qu'il ne pouvait pas être sérieux. Après tout, on parle de Peter Hale, l'éternel oncle bizarre et fanfaron de la meute. Alors oui, j'ai pris ça sur le coup de la blague, chose que je n'aurais pas dû faire.

Parce qu'il a pris mon rire pour une acceptation. Je me souviens parfaitement de ses mots : « Tu vas voir, Stiles. On va se rapprocher, toi et moi, et il va être tellement jaloux qu'il te suffira d'un mot et il te tombera dans les bras. » Et puis... Je ne sais pas. Je l'ai cru, je crois. En fait, à ce moment-là, j'étais mal. Des mois que ces sentiments me bouffaient, me pourrissaient la vie. Parce que mon cœur mourait à chaque fois que je le voyais rire, sourire, plaisanter avec quelqu'un d'autre. Et un Derek qui fait volontairement des blagues, c'est rarissime. Moi, je ne fais que l'énerver. Pour être honnête, ce n'est pas voulu, mais c'est comme ça. Je suis Stiles Stilinski, l'hyperactif par excellence et un emmerdeur de naissance. Quand je le vois, je n'y peux rien : comme je sais très bien qu'avec lui, c'est impossible, je joue. Je le provoque, je plaisante un peu trop fortement et surtout, je n'arrive pas à m'arrêter de parler. Avec lui, c'est difficile de me contrôler et si je n'essaie pas de l'emmerder, ce sont mes sentiments qui prennent le dessus. Et je ne voulais pas qu'il les devine, parce que j'avais peur. Peur d'être rejeté, qu'il arrête de me parler. Puis, naïvement, j'ai cru Peter. Je me sentais et me sens toujours mal dans ma peau, alors je me suis dit qu'un petit coup de pouce ne me ferait pas de mal. Pour autant, je ne lui ai jamais dit clairement « oui ».

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant