Chapitre 16

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Sa main serre la mienne et je l'écoute alors que mon corps se tétanise au fur et à mesure qu'il déroule sous mes yeux horrifiés l'étendue de son cauchemar. Il me parle de mon oncle, de son air sadique dont il se souvient avec précision, de ses gestes qui lui avaient semblés plus que réels. Mais pourtant, ce n'est pas ce sur quoi il insiste.

Il m'énonce la demande de Peter d'une voix tremblante mais ce qu'il va détailler, ce sont ses pensées, l'état de sa réflexion dans ce cauchemar.

- Il... Je savais que je voulais pas. Je le savais et je... Je n'avais pas de doute. Je me disais pas que peut-être, je le voulais, non... J'étais conscient de mon refus. Mais ma réponse... Était l'inverse de mes pensées. Je lui ai dit oui. Je lui ai dit que je voulais.

J'entends la révolte dans sa voix et, sans écouter les battements de son cœur, je sais qu'il est sincère.

- C'était... C'était comme un poison que je sentais s'insinuer et s'étendre en moi, quelque chose que je pouvais pas repousser. J'essayais, pourtant, j'essayais ! Je te jure Derek, j'essayais de repousser ce truc ! Insiste-t-il, désespéré, en me regardant. Je faisais ce que je pouvais pour faire sortir un « non » de ma bouche mais j'y arrivais pas !

Ses yeux s'embuent, ma gorge se noue. Je suis immobile, tétanisé par ses confessions. Mais je sais que le pire est à venir, je le sens. Stiles va complètement craquer et moi aussi. Tout ce que j'arrive à faire à cet instant, c'est de serrer ses doigts tout aussi tremblants que sa voix. Plus, c'est impossible. Cette sensation de paralysie s'intensifie alors qu'il me raconte ce que Peter lui a fait dire. Ce qu'il lui a fait répondre.

« Je veux... Je veux... Que tu me prennes... »

En moi, quelque chose se casse alors que j'imagine un peu trop bien Stiles dire ce genre de choses sans le penser. Sans vouloir tout ça. Un Stiles prisonnier de son propre corps, sa bouche au service de mon oncle pervers. Je ne devrais pas l'imaginer aussi bien ainsi, dans cette situation, mais je me rends compte que si j'y arrive autant, c'est parce qu'il est en train de changer, lentement, que le Stiles que j'ai connu est en train de disparaître. Pour l'instant, il n'est plus qu'un jeune homme brisé, complètement détruit. Et bientôt, il sera ce robot, cette poupée malléable répondant à n'importe quel ordre, à n'importe quel plaisir. Ma bouche est sèche, mais gorge me pique, mes yeux aussi alors que la compréhension morbide de l'étendue de la situation commence à doucement balayer mes espoirs. Au fond, je sais qu'il ne peut pas être sauvé juste parce qu'on l'isole de Peter et qu'on le préserve autant qu'on le peut.

Et alors que pour moi, c'était déjà beaucoup, Stiles se lâche : il me raconte la douleur, ce que fait Peter par la suite dans son cauchemar, me décrit ses états-d'âme et cette impuissance qui l'empêchait de faire quoi que ce soit, de transformer ses pensées en actes. Et puis, il lâche la bombe. Peter s'est enfoncé en lui. Il l'a violé.

En rêve.

Cependant, quand on y pense, il l'a déjà fait il y a un moment et à plusieurs reprises. Sans aller jusqu'au bout, certes, mais l'effet reste le même et je sais que Stiles ne pourra pas s'en remettre comme ça. Parce que Peter y est allé petit à petit, par étapes, enfonçant toujours plus profondément en Stiles cette épine qui aujourd'hui perce son cœur et le laisse sanguinolent, incapable de guérir. Et la blessure ouverte lui laisse le champ libre.

Je ne sais pas combien de temps il s'est passé, je ne me suis même pas senti bouger, mais je l'étreins. Il est dans mes bras, ses mains serrent ma veste au milieu de mon dos. Il pleure, je ne l'entends pas. Ses larmes sont piquantes, je ne sens pas l'odeur du sel. Ses doigts pincent ma peau à travers ma veste, mais je m'en fiche. Mes yeux me brûlent, mon cœur a mal, mon esprit souffre. Pourtant, je sais que je devrais m'estimer heureux : Stiles me parle, parce qu'il en est encore capable.

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant