Chapitre 29

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Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais même pas si c'est moi qui bouge mes bras, mes lèvres, si... Si j'ai le moindre contrôle sur certains de mes mouvements. C'est dur de savoir parce que je sens tout. Oui, je sens tout, mais je ne dirige rien. Je ferme les yeux. Je ne veux pas voir le visage de Jackson d'aussi près, pas voir son regard accusateur. Je sais qu'il va me repousser et je crois que je n'ai jamais autant espéré un éloignement de ce type. Intérieurement, je le supplie de me pousser, tant pis si c'est violent. Je ne veux pas faire ça. Mais Peter, oui. Il m'y oblige, parce qu'il sait que ça me fait du mal, il sait que je suis terrifié à l'idée d'avoir un contact physique plus ou moins intime avec quiconque. Derek est l'exception à la règle malgré ce que j'ai cru à cause de l'une des manipulations de Peter. J'aimerais fermer ma bouche, ne pas la presser ainsi contre celle de Jackson. Je ne veux pas le toucher, pas me coller à lui comme je le fais actuellement, je... L'angoisse est là, elle m'étreint comme une vieille amie et envoie valser des tas de pensées dans mon esprit. Tu t'y prends bien... Il va y prendre goût.

J'entends sa voix avec une clarté folle, à tel point que j'ai l'impression qu'il est à côté de moi, qu'il m'observe rouler une pelle à Jackson. Mais il est en moi. Dans ma tête. Et il contrôle mes gestes. Alors que je veux prendre appui sur son torse pour m'éloigner, mes mains ne m'obéissent pas : elles le caressent avec langueur, sensualité, comme si... Comme si j'en avais envie. Et je sens effectivement une partie de mon anatomie se chauffer alors que je suis contre Jackson, que je me... Que je me frotte délicatement contre... Contre lui... Mais je... Non. Je n'ai pas envie. C'est juste mon corps qui réagit, oui, c'est une réaction biologique, je... Je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre... Mais... Mais... Je ne peux pas le vouloir, si ? Tu n'imagines même pas le nombre de choses que tu pourrais vouloir. Je... Je ne sais pas... Voyons, tu n'aimes pas ? Tu n'aimes pas sentir son corps ferme contre toi ? Tu n'aimes pas l'embrasser comme tu le fais ? Ce... C'est pas moi qui... C'est ton corps, Stiles. Et Jackson aime ton corps. Tout le monde aime ton corps. Tu es si bon... Je sens mon cœur rater plusieurs battements alors que ses mots m'horrifient autant qu'ils me terrifient. C'est comme s'il m'avait... Comme si c'était déjà arrivé et je... C'est pas arrivé, n'est-ce pas ? S'il était allé jusque-là, je l'aurais su, non ? Et si... Et s'il manipulait mes souvenirs ? Je me sens suffoquer. D'un coup, je ne sais plus ce qui est vrai, ce qui ne l'est pas, ce qui peut l'être. J'ai envie de gerber, de quitter mon corps, de... De m'éteindre. Je sens ma langue, dans la bouche de Jackson, je la sens essayer de jouer avec la sienne. Mais il ne bouge pas. Pourquoi il ne me repousse pas ? Pourquoi il... Il profite, il aime ça. Non, il ne peut pas... Pas... Pas lui... Je me sens trembler, j'ai envie d'hurler. Mais je ne suis pas aux commandes, je ne peux pas m'exprimer... Peter, arrête ! Lâche-moi ! Tu peux toujours courir, j'aime te voir ainsi : dévoué, offert... Même si ce n'est pas moi qui en profite pour l'instant, je trouve ça diablement excitant. Je ferme les yeux, c'est tout ce que je veux faire. Je sens une main se poser sur ma hanche et quelque chose en moi se brise. Honnêtement, je ne sais plus ce qui en moi est resté intact. Plus rien, je pense. Et pourtant, il y a toujours quelque chose à casser.

Je m'entends lui demander pourquoi il fait ça ou plutôt... Pourquoi il me fait faire ça. Il ne répond pas. Et je crois que la réponse me vient toute seule, sans même qu'il ait besoin de parler.

Il veut juste me détruire.

Anéantir ce qu'il me reste de volonté. Je n'ai même plus l'impression d'en avoir. Je ne... Sais même plus vraiment qui je suis, au final. Stiles, l'hyperactif, ou bien... Lui, la poupée désarticulée. Je suis un pantin, il fait déjà ce qu'il veut de moi sans que je ne puisse rien faire. Tu es à moi, Stiles. Tu es à moi. Oui, je suis à lui. Je suis déjà à lui. Laisse-toi faire, abandonne. J'ai déjà abandonné. Depuis longtemps. Et je ne sais pas, d'un coup, je me sens... Comme mourir brutalement alors qu'on me tourne. Mes jambes perdent en force, mes yeux s'ouvrent à nouveau.

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant