Chapitre 25

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La crise de Stiles aura duré une bonne heure, une heure on ne peut plus longue durant laquelle je l'ai appelé, crié, espéré. Jackson a aussi essayé tout ce qu'il pouvait pour faire sortir l'hyperactif de cet état duquel il nous a semblé impossible de le faire sortir. C'était éprouvant. Eprouvant et douloureux. J'ai eu bien du mal à supporter de le voir se tordre ainsi, chercher à me fuir par tous les moyens, de l'entendre hurler que je l'avais trahi. Il a failli se faire mal à de nombreuses reprises et c'est Jackson qui l'a maintenu immobile au moment où il avait recommencé à se gratter jusqu'au sang.

Je me laisse tomber au bord du lit de Jackson, épuisé et sur le point d'exploser. Je ne suis pas avec Stiles. Il s'est endormi alors j'en ai profité pour m'isoler un peu, pour essayer de prendre un peu de temps pour me remettre de tout ça. Pour digérer le fait que Peter l'a manipulé au point de lui faire croire que je l'agressais. Que je lui faisais du mal. Et il a réussi, ce con. Stiles était persuadé que j'ai cherché à profiter de lui, comme mon oncle et je... Je ne peux pas. C'est dur, c'est trop dur. Je cache mon visage dans mes mains.

Dans ma vie, je n'ai pas souvent pleuré, même si l'envie n'a pas souvent manqué. Aujourd'hui, je ressens cette chose étrange qui me dit que je vais craquer. J'ai tenu, mais je vais craquer. Je suis à deux doigts d'abaisser les barrières que je maintiens hautes depuis si longtemps. Cette histoire n'est pas vieille mais elle est si lourde que j'ai l'impression qu'elle m'écrase depuis des siècles.

Peter nous torture, Stiles et moi. Il y prend plaisir, je le sais, je suis même certain qu'il jubile à l'heure actuelle. Je ne sais pas pourquoi il fait tout ça, ni ce qui l'a fait vriller. Parce qu'il a vrillé, il ne peut pas en être autrement. Il faut avoir perdu la tête pour aimer faire souffrir les gens à ce point. Et Stiles... Bordel. Pourquoi lui ? Je sais qu'il désire l'avoir comme esclave mais... Pourquoi ? Les raisons me viennent par centaine, mais je ne les accepte pas. Pour moi, aucune n'est valable, étant donné que vouloir posséder un esclave dépasse l'entendement.

Mais Peter m'a utilisé. Il m'a utilisé pour terroriser Stiles, pour essayer de briser sa confiance en moi. Qu'est-ce que je pourrais faire, si c'était le cas ? Quel genre de marge de manœuvre je possède ? Est-ce que le lien peut vraiment faire quelque chose contre une telle emprise ? Je n'en sais rien. Je suis perdu.

Je sais que je ne suis pas vraiment à plaindre, que Stiles souffre bien plus que moi. Et pourtant, pour la première fois depuis des années, je sens les larmes couler. Elles sont là, peu nombreuses, une minorité parmi la masse contenue. Honteux de ma réaction, je passe aussitôt ma main sur mon visage, que je cache. Je suis voûté.

- Hé, Derek.

La voix de Jackson me surprend et pourtant, je n'ai pas bougé d'un poil. Je n'ai pas sursauté, je n'ai pas frémi. Simplement, je ne l'avais pas entendu arriver. J'aurais dû. Mais je crois que mes sens lupins partent en vrille, comme moi. Je ne suis pas en état de les utiliser correctement. Si seulement je savais comment agir sur le lien, si seulement je comprenais comment il fonctionnait... Par honte, je continue de cacher mon visage.

- Derek, m'appelle-t-il à nouveau. Il te réclame.

Je ne relève pas la tête, je garde mon visage dissimulé, à l'abri à l'intérieur de mes paumes caleuses. Ce ne sont que quelques larmes, que je dois sécher au plus vite. Je dois être fort, même si je ne comprends pas pourquoi Stiles me réclamerait. J'ai vu ses yeux, avant qu'on arrive à calmer sa crise. Il avait peur de moi, il était terrifié. Et surtout, il avait ce petit quelque chose dans le regard, ce petit truc brisé qui m'a tant fait de mal.

A côté de moi, je sens le lit s'affaisser et je me maudis pour ne pas avoir entendu, encore une fois, Jackson s'approcher. Cette fois, je n'ai pu m'empêcher de frémir.

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant