Chapitre 10

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Les yeux de Jackson m'ont toujours paru froids, sans doute à cause de leur couleur, ce bleu si clair qu'il est semblable à un glacier. Inexpressifs ou incisifs. Mais là, ses yeux s'écarquillent. Sans doute est-il surpris ou... Choqué. Ses orbes presque neigeux ont perdu toute leur froideur, ou presque. Il tient mon téléphone entre ses mains qui, soit dit en passant, semblent ne souffrir d'aucune imperfection. Si une chose est bien certaine, c'est que Jackson est gâté au niveau physique, il a tout pour lui et je peux dire honnêtement qu'il est beau. Quand je me compare, je me demande pourquoi... Pourquoi m'a-t-il attaqué ? Pourquoi ai-je été agressé ? Cela peut paraître réducteur mais... Pourquoi ? Pour je ne sais quelle raison, Peter a jeté son dévolu sur moi et ne semble pas vouloir me lâcher. Ses messages en sont une preuve accablante.

Jackson est là, à côté de moi, il lit les messages envoyés par Peter. Puis, il voit la photo. Celle qui a achevé de me faire basculer.

Peter ne montre pas son visage. En fait, il a le pantalon et le slip baissés et montre seulement qu'il tient dans sa main son engin excité au possible. C'est le seul sujet qui compose l'image. Et je détourne le regard, ne voulant pas imprimer cette photographie dans mon esprit même si au fond, elle l'est déjà. Penser que c'est moi qui le mets dans cet état, ça me... Je ne sais pas. Je suis incapable de décrire avec justesse le dégoût et l'angoisse que ça m'inspire. J'ai mal au ventre et ma tête tourne toujours. C'est un cauchemar. Ma vie est un cauchemar.

Jackson reste là, bloqué sur cette photo que j'ai juste envie d'effacer de mon téléphone. Moi, je regarde mes mains, songeant à la suite. Qu'est-ce qui va m'arriver ? Quel serait le mieux à faire ? Disparaître ou, au contraire, simplement tout oublier ? Je ne sais pas ce qui m'attends, je n'ai même aucune idée de la durée de mon séjour ici. Je crois que tout ce que j'aimerais c'est aller dans mon lit et me mettre en boule sous ma couette. Qu'importe que ma chambre soit l'endroit où Peter avait le plus abusé de moi, c'est un endroit que j'ai toujours connu et dans lequel je me suis toujours senti bien. Il m'a peut-être abîmé, mais il ne pourra pas m'enlever ça.

Je vois Jackson éteindre mon téléphone, le déposer sur la table basse puis se prendre la tête dans ses mains. On est dans le salon, tous deux assis sur le canapé, lui dans une position tout à fait normale et moi les jambes ramenées vers mon torse, jambes que j'entoure de mes bras. En somme, je suis un peu en boule et ça me rassure. En fait, j'ai besoin d'être rassuré. Je sais que Jackson n'est pas de ce genre-là, alors je ne lui demande pas, mais... Qu'est-ce que j'aimerais avoir un câlin, là tout de suite... Je ravale mes mots à l'avance. Je l'embête déjà bien assez avec cette histoire, il n'y a qu'à voir son air tendu et désespéré, parce que je pense pouvoir dire sans trop me tromper qu'il n'avait pas pour ambition de voir l'engin de Peter un jour. Ce n'était pas la mienne non plus, qu'il se rassure.

Je sursaute en entendant le bruit sec et caractéristique de la porte d'entrée de Jackson, vite suivi de pas qui s'enchaînent. Jackson se rassit un peu mieux été ramène ses mains sur ses jambes, avant de les refermer en poings. Sans être un loup, je peux deviner qu'il commence doucement à s'énerver et je me crispe tandis que la culpabilité ressort au grand jour. J'imagine que c'est à cause de ma crise de panique qu'il est dans cet état, qu'elle l'a poussé dans ses retranchements, l'obligeant à faire des choses qu'il n'avait pas du tout envie de faire, comme... M'étreindre, me calmer. Au final, je ne sais même pas pourquoi il se force à faire tout ça alors qu'il pourrait juste... Me laisser me démerder ou bien me renvoyer chez moi.

Je me crispe encore plus que je ne l'étais déjà lorsque je vois Derek s'approcher de nous, le visage fermé.

- C'est quoi cette odeur ? Demande-t-il en regardant Jackson, puis moi.

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant