Chapitre 37

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Derek avait la gorge serrée. Son compagnon dormait à poings fermés, le visage détendu, imprégné d'une sérénité étonnante. S'il n'avait pas été aussi brisé, sans doute aurait-il arboré un air impassible, gardant ses émotions pour lui, parce qu'après tout... Jackson n'avait pas besoin d'être témoin de toutes ces choses qui le traversaient à l'heure actuelle. Oui, mais Jackson l'avait écouté, recousu. Jackson avait été auprès de Stiles durant son absence, l'avait aidé et protégé autant qu'il l'avait pu. Jackson était allé jusqu'à créer un nouveau lien d'union pour tenter de faire bouger les choses. Pour essayer d'inverser la tendance. Jusqu'à présent, Peter progressait toujours : simplement, il n'allait pas aussi vite qu'il le voudrait, parce que Stiles... N'était pas seul. Derek sentait que l'idée du kanima, en plus de partir d'un bon sentiment, était bonne. Il ne savait comment, mais elle lui avait permis de se libérer de l'emprise de Peter, qui l'avait torturé de toutes les manières possibles et imaginables. Faisant de son mieux pour ne pas s'épancher sur ces souvenirs trop frais pour son esprit déjà fort malmené, Derek s'approcha du lit. Il se retourna vers Jackson, lui fit une demande muette. Le soulagement l'envahit lorsqu'il vit le blond hocher la tête et sortir de l'entrebâillement de la chambre. Le kanima avait décidé de leur laisser un peu d'intimité malgré le déchirement secret qu'il ressentait : il mit cela de côté. Dans cette histoire, il n'était pas la priorité.

Le départ de Jackson sembla libérer quelque chose en Derek. Pas que le blond le gêne ou quoi que ce soit d'autre : simplement, se retrouver seul avec Stiles... Le retournait bien plus qu'il ne l'imaginait. Parce qu'il était là, de retour, la certitude qu'on ne l'attaquerait plus lui dirigeant sa volonté. Parce qu'il savait que le lien créé par Jackson faisait son effet. Comment ? Il n'en avait aucune idée. C'était son instinct qui parlait et Derek n'avait pas la force de faire autre chose que de l'écouter.

Avec lenteur et douceur pour ne pas le réveiller, Derek s'allongea à son côté. Et son regard se perdit sur ce visage auquel il n'avait pas arrêté de penser. Parce que même s'il rentrait chaque nuit... Derek se faisait violence pour lutter contre les instincts de son loup et, ainsi, protéger l'hyperactif des potentielles dérives de Peter. Mais maintenant, c'était fini. Le second lien avait sectionné cette chose qui accrochait Peter à l'esprit de son neveu. Ainsi, Derek pouvait à nouveau se tenir auprès de Stiles sans craindre de lui faire du mal. Cela faisait à peine quelques jours qu'il avait fui, mais il se sentait déjà en manque. En manque de cet hyperactif auquel il s'était attaché. Qu'il voulait protéger au péril de sa vie. Il tenait à lui, bordel ! Ce qu'il voulait à l'heure actuelle ? L'étreindre. Se repaître de cette odeur qu'il avait appris à aimer, sentir ce corps, cette chaleur toute humaine, sentir la présence de Stiles.

Mais son absence exigeait de la retenue. Derek savait que ce qu'il avait fait avait beau avoir été nécessaire, il était conscient du mal qu'il avait engendré. Ignorant la douleur des blessures qu'il lui restait, il s'installa un peu mieux à côté de l'humain et s'accorda un petit rapprochement. Il regarda avec émotion le visage de l'hyperactif, qui lui avait manqué à un point inimaginable et fut soulagé de constater que ses cernes n'étaient pas beaucoup plus importants que la dernière fois qu'il avait pu s'approcher de lui assez près pour le regarder. Ainsi, son état semblait à peu près stable.

Il n'était donc pas encore perdu.

Le cœur du loup se gonfla d'un sentiment qui l'étonna, mais qu'il ne chercha pas à comprendre. Sans doute y réfléchirait-il plus tard, lorsqu'il en aurait l'occasion, sans savoir que ledit sentiment était peut-être l'une des clés pour aider à débloquer la situation. Et, juste en le regardant, en détaillant son visage apaisé par le sommeil, Derek sentit sa gorge se serrer et ses yeux, le piquer. L'émotion en lui monta. Elle monta en puissance jusqu'à balayer partiellement cette retenue qu'il s'imposait et qui lui faisait tant de mal. Alors, il céda un peu. Juste un peu. Avec une douceur extrême, il prit le jeune homme contre lui et l'entoura de ses bras. Là, alors, son odeur, qu'il sentait déjà, lui explosa aux narines. Et il céda à tout autre chose. Le nez dans le cou de l'humain qui commençait doucement à bouger, à se réveiller, Derek se mit à pleurer sans faire de bruit. Il serra alors Stiles contre lui d'une manière si délicate et si forte dans sa douceur qu'il était à l'heure actuelle impossible de nier l'affection des plus profondes qu'il lui portait. Il avait failli le perdre. Se perdre, aussi. Les perdre. Lui, Stiles. Jackson, aussi. Mais Jackson, il aurait tout le temps de discuter plus en profondeur avec lui plus tard. Et il le remercierait mille et mille fois pour ce lien qui les avaient sans doute sauvés tous les deux, Stiles et lui. Pour l'instant. C'était suffisant. Pour se reposer, c'était tout ce dont ils avaient besoin. Du répit. Un peu. Se retrouver.

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant