Chapitre 3

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Mes doigts tapent sur le clavier avec une lenteur folle. Je suis fatigué. Deux jours que je planche sur ces recherches, deux jours que je dors peu, que je sacrifie de longues heures de sommeil pour essayer de me renseigner sur cette meute nomade. J'ai bien trouvé quelques petites choses, mais rien de bien probant. Je patauge, je stagne et je déteste ça. Je me mords la lèvre inférieure en regardant l'écran de mes yeux fatigués. Je regarde l'heure : trois heures du matin. Il faudrait que je dorme, je le sais, mais... J'ai un peu peur. Le peu de temps que je passe à dormir, je rêve de choses que je préfèrerais oublier. Sur le papier, ça paraît simple. Il s'agit juste de ne plus penser à ces mains et ces lèvres dont le contact m'ont horripilé. Sans pouvoir me contrôler, j'ai le ventre noué et la gorge qui s'assèche un peu. Je me lève, étire mon corps endolori d'avoir gardé la même position durant des heures et descends me chercher un verre d'eau. Une fois ceci fait, je me rassois sur ma chaise et me désaltère. Je fais une petite pause et je me saisis de mon téléphone pour surfer un peu sur internet. Je remarque des notifications en haut de mon écran. Je hausse un sourcil lorsque je vois un message de Derek qui remonte à une bonne heure. Mon portable a dû vibrer, mais je ne l'ai pas senti.

« Tes recherches avancent bien ? » - 1h57.

Je soupire de lassitude quand je repense à mon travail infructueux. Je décide de lui répondre, même s'il doit dans doute dormir à cette heure-ci. Au moins, ce sera fait.

« Pas trop. Je rame. » - 3h05.

Je n'ai pas l'habitude de faire de messages courts. Généralement, j'écris comme je pense et comme je parle : beaucoup. Je suis un hyperactif pur et dur. Mais là, je ne sais pas, je crois que... Je suis plus calme. Pourtant, à l'intérieur, ça bouillonne parce que ces deux derniers jours... Je ne saurais pas trop interpréter ce qu'il s'y est passé.

Peter m'a laissé tranquille. Plus ou moins. Il a, disons, diminué ses gestes incorrects, sans arrêter pour autant. Et puis, je ne sais pas s'il est sérieux, je crois qu'il a peut-être abandonné l'idée de rendre jaloux Derek pour m'aider. Hier par exemple, il m'a mis la main aux fesses, mais rien de plus. Lorsque je me suis retourné pour lui dire le fond de mes pensées, il a ri et a souri, en me disant de me détendre, qu'il n'allait pas me bouffer. Comme il avait l'air sincère, j'ai ri un peu avec lui, nerveusement. Et je me suis éloigné, je suis allé rejoindre Scott qui discutait, plus loin, avec Isaac et Lydia. Personne n'a rien vu, je crois. J'espère. Je ne sais pas si j'ai envie qu'on me pose des questions à ce sujet, parce que je crois que je ne saurais pas quoi répondre. Et, comme toujours, je ne veux pas faire de vagues, alors je ne laisse rien paraître. Je peux tout de même m'estimer heureux qu'il ne m'ait pas sauté dessus comme l'autre fois. Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de passer mes journées un peu crispé. J'ai l'impression qu'il peut surgir de nulle part, n'importe quand, peu importe l'endroit. Cette idée ne veut pas me quitter, je ne sais pas pourquoi.

Pour ma plus grande surprise, mon téléphone vibre et ce qui s'affiche à l'écran ne manque pas de l'accentuer.

« Va dormir. Tu continueras demain. » - 3h07.

« Non, pas tout de suite, je suis incapable de dormir maintenant. Et toi, qu'est-ce que tu fais encore debout ? » - 3h07.

Je m'installe un peu plus confortablement dans ma chaise et mon étonnement ne diminue pas. Que Derek m'envoie un message, c'est une chose. Qu'il me réponde rapidement à une heure aussi tardive, c'en est une autre. Un peu plus détendu, j'attrape mon casque et le branche à mon téléphone avant de le mettre sur mes oreilles. Lorsque je fais des recherches, j'évite toute distraction pour me concentrer à fond. Mais là, je mets un peu de musique, parce que je me dis que c'est toujours agréable que ça peut m'aider à me détendre. J'ouvre les yeux en grand après que mon téléphone ait vibré, encore.

Sweet DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant