Chapitre 18

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Mon regard est fixé sur la route, mais mes pensées sont ailleurs. A côté de moi, Stiles est complètement silencieux. Je n'aime pas son silence et je nourris toujours l'espoir fou de le réentendre parler à tort et à travers un jour. Mes mains se crispent sur le volant tandis que les paroles d'Alan Deaton tournent en boucle dans mon esprit.

« Viens au cabinet le plus vite possible. Viens avec Stiles. »

Ce n'est pas le fait que Deaton me demande de venir à son cabinet qui me tend, mais plus tôt le fait qu'il ait précisé que je doive emmener Stiles. Je suppose que je devrais me réjouir et me dire que c'est une bonne nouvelle car cela veut sans doute dire qu'il a trouvé une solution pour briser le lien de possession, mais je n'y arrive pas. Quelque chose me retient, un des instincts de mon loup. Ou alors, je suis simplement trop tendu. Ces derniers jours n'ont pas été de tout repos et j'enchaîne avec Stiles déboires et désillusions en tous genre. Alors, forcément, j'ai du mal à m'attendre à quelque chose de positif.

- Détends-toi, je lâche soudainement.

Et à l'intérieur, j'ai envie de rire. Je lui demande de se détendre alors que moi-même, je n'y arrive pas vraiment.

- Tu penses que ça va bien se passer ? M'interroge-t-il plutôt, de son éternelle voix faible.

Ce sont ses premiers mots depuis le début du trajet et même si je ne suis sûr de rien, je tiens à le rassurer comme je peux.

- Bien sûr que oui. Tu seras avec moi et Deaton, dans son cabinet. Tu es et tu seras en sécurité.

Il hausse les épaules, pas vraiment convaincu de ce que je lui sors. Comme je le comprends ! Ma tension à moi doit être visible et même si je fais ce que je peux pour faire semblant, j'avoue commencer à avoir du mal. J'étais bien, avec lui, dans ce petit endroit qu'il m'a montré. L'ambiance était calme, paisible et il est clair que j'ai déjà envie d'y retourner. De l'y amener à nouveau.

Parce que si j'ai bien constaté quelque chose c'est que dans ce petit coin de paradis, Stiles était complètement lucide. Il l'est, généralement, mais cette fois, c'était plus marqué et j'ai momentanément eu l'impression de retrouver une partie du vrai Stiles, celui qui disparaît derrière les volutes de fumée noire qui embrument son esprit. Derrière le poison mental de Peter. Je ne peux pas nier que l'hyperactif a eu raison sur quelques points même si je me refuse de penser que tout ça peut mal se terminer. C'est là que je l'ai trouvé le plus lucide : il sait qu'il se fait bouffer l'esprit de l'intérieur, il en est parfaitement conscient. La plupart du temps, il a simplement du mal à se battre pour repousser la mauvaise influence qui a déjà commencé à le faire changer. Toutefois, il arrive encore à penser avec une certaine clarté et ça me rassure. Il est fort.

Et je n'en ai jamais douté.

Simplement, l'ennemi est de taille et je sais que même s'il ne le dit pas, Stiles a été bien affaibli mentalement depuis l'épisode du Nogitsune. Cela remonte à quelques mois, mais je sais qu'il continue d'y penser de temps à autres. Une possession, c'est quelque chose qui peut difficilement s'effacer d'une mémoire, tout comme ça peut changer bien des façons de penser.

- Scott sera là ? J'entends.

Cette voix, la voix de Stiles est un peu différente. L'espoir que je perçois dans cette tonalité légèrement plus aigüe que d'habitude remue quelque chose en moi. Mes doigts se resserrent sur le volant. Stiles parle peu de Scott et lorsque j'ai l'occasion de parler à Scott, celui-ci me parle peu de Stiles... Mais j'imagine, je sais que ce n'est pas pour les mêmes raisons. Stiles a beaucoup de choses à penser et ne pas céder à l'influence de Peter lui demande une grande quantité d'énergie et une réflexion presque constante. Et Scott... Pour être honnête, je ne sais pas ce qu'il fait, à quoi il joue. Avec Jackson, on n'a plus beaucoup de nouvelles de lui et le peu qu'on a nous désole. J'ai l'impression qu'on n'avance pas. La seule chose que nous sort Scott en général, c'est qu'il a beau chercher partout, il ne trouve pas Peter, comme si celui-ci s'était évaporé de Beacon Hills. Ou comme s'il ne cherchait pas assez. J'aimerais participer plus aux recherches et je me dis que plus nombreux, on pourrait être plus efficaces et c'est là que je rejoins l'avis de Jackson. Néanmoins, en parler réveillerait complètement les soupçons de Peter et ça, c'est mauvais. De mon côté, j'ai beau avoir envie d'être plus utile sur le terrain, je ne regrette pas le choix que j'ai fait : celui de rester auprès de Stiles, avec Jackson. On n'est pas trop de deux pour le gérer. Ainsi, en plus d'être deux à le soutenir en permanence, on peut prendre la relève l'un de l'autre.

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