Fin Août 2018
- Elle dort, non je sais pas...Putain Alix casse pas les couilles... J'en sais rien... Non sérieux te ramène pas....J'm'en fous je t'ouvrirais pas... Bah je mettrais la clé sur la porte comme ça tu rentres pas... mais sérieux laisse là deux minutes, elle est venue hier.....Chez Léna... Mais quoi va pas lui casser les couilles à elle....J'en sais rien moi.... Elle est avec moi elle risque rien arrête deux minutes.....J'vais te bloquer arrête de m'appeler et de me hurler dessus comme ça.... T'as pas un truc à faire sérieux ? ......Elle est rentrée point....Mais non je sais pas ! .... J'ai prévenu personne... Quoi pourquoi ? .... J'm'en balance appelle-les toi.... Je raccroche tu me casses la tête... vas-y bisous...Ouais je lui demande... Ok... Vas-y bye là.
La voix de Ken me tire hors de mon sommeil, il est au téléphone avec Alix. Ça m'étonne qu'elle ne soit pas déjà venue. Je regarde par la fenêtre, il fait à nouveau jour donc on doit être le lendemain matin.
- Elle casse les couilles, souffle Ken en posant son téléphone sur son bureau.
- Alix? Je demande d'une petite voix.
- Ouais, désolé si je t'ai réveillé mais sinon elle allait débarquer.
- T'inquiète, je réponds en me redressant.
- T'as bien dormi ?
- Mieux que seule chez Léna.
Il secoue la tête avant d'aller dans sa salle de bain. Je jette un coup d'oeil à l'horologe de sa chambre. 09H23. Il est tôt. On s'est couché relativement tôt hier, on n'a pas beaucoup discuté on est juste resté ensemble jusqu'à s'endormir. C'est ce dont j'avais besoin. Et j'ai l'impression que Ken est la seule personne qui puisse me donner ça et me comprendre. Il ne m'a pas demandé pourquoi je suis partie, j'ai l'impression qu'il est au courant. Je n'arrive même pas à le regarder dans les yeux parce que je me sens minable. Complément minable de réagir comme ça. Après tout, peut-être que c'est vrai, je suis encore une gamine.
- Tu m'écoutes ?
Je tourne les yeux vers lui.
- Tu veux des sapes ?
Je secoue juste la tête. Je n'ai rien ramené. Léna m'a laissé lui emprunter des vêtements durant mon court séjour chez elle. Léna rentre aujourd'hui normalement, c'est en partie pour cela que j'ai décidé de refaire surface. Je n'avais pas envie de la confronter. Je sais qu'elle est respectueuse mais ses yeux parlent plus qu'elle. Au moins, elle pourra gérer Tefa à ma place. C'est mon assistante mais elle devient une amie.
- Tiens, dit-il en me lançant un jogging et un t-shirt noir qui sentent la lessive.
Je fonctionne au ralenti, je ne sais pas même quoi faire.
- Comment tu te sens boulette? Me taquine Ken qui sort propre et habillé de la salle de bain.
Je hausse simplement les épaules.
- Ne fais pas ton cinéma de muette Chi, souffle-t-il.
- Je suis épuisée.
Il secoue la tête.
- J'ai un rendez-vous important avec Syrine, je dois absolument y aller. Tu veux venir ?
Je secoue la tête. Pourquoi il a rendez-vous avec Syrine. Je vois qu'il sourit en me voyant froncé les sourcils.
- Syrine tu te souviens pas ? Je t'en ai parlé au début de l'été. C'est lui qui s'occupe de mon documentaire finalement. Enfin mon film j'sais pas encore. On a tourné un peu en Grèce mais l'équipe à bouger avant moi donc on se revoit là pour faire le point.
Je secoue à nouveau la tête. Syrine c'est un réalisateur que Ken connaît depuis des années, ils travaillent ensemble depuis qu'il était dans le collectif 1995.
- Je vais filmer des bails au studio avec les mecs la semaine pro si t'es chaude.
Je hausse les épaules cette fois-ci.
- Y'a de la bouffe, ou prends ma carte pour commander à manger ok ? Faut absolument que je bouge, dit Ken en m'embrassant la tempe. Promis je rentre vite, essaie de te reposer un peu.
Je tente un léger sourire en le voyant mettre ses chaussures.
- Je suis content que tu sois rentré, déclare-t-il avant de s'éclipser vers la porte d'entrée.
Moi aussi je suis contente d'être là, je pense sans lui dire.
Je me lève pour attraper mon paquet de cigarettes, j'en ai besoin. Ce qui me rassure c'est que Ken n'a pas l'air énervé de me voir fumé en tout cas hier il m'a laissé fumée à la fenêtre du salon. Ken vit dans le 13ème arrondissement de Paris. Toujours du côté sud sur la rive gauche. Il dit que c'est plus calme dans cet arrondissement car il est peu touristique malgré son quartier asiatique. Il n'est jamais à Paris mais il a pris un appartement dans un endroit stratégique pour voir le moins de monde possible. En y repensant je me demande pourquoi il est rentré et surtout depuis combien de temps, je l'ai eu au téléphone pour la dernière il y a deux semaines. Depuis silence radio. Mais c'est Ken donc tout le monde s'en fiche. Par contre, moi je risque d'avoir beaucoup moins de sympathie. C'est sur cette pensée que je finis par m'endormir une nouvelle fois, enroulé dans les couvertures.
Vers 14 heures, des coups incessants se font ressentir dans tout l'appartement. Putain mais il a oublié ces clefs le con. Je sors péniblement de son lit, je ne sais pas si c'est parce que j'ai beaucoup trop dormi mais je suis encore plus épuisée que ce matin. Je m'approche de l'entrée, j'ai envie de lui hurler d'arrêter de frapper car j'arrive mais aucun son ne sort une fois de plus. Je m'apprête à atteindre la porte quand j'entends une voix que je pourrais reconnaitre entre mille.
- Tu veux m'punir c'est ça ? Hurle une voix à travers la porte alors que je reste stoïque.
Il est là. Mathieu est là.
Je m'éloigne rapidement de la porte. Qu'est-ce que je suis censée faire ? Je n'arrive même pas à réfléchir ou à comprendre ce qui se passe. Je l'entends taper contre la porte et hurler des choses inaudibles. Je ne peux pas le voir. Je ne peux pas lui faire face à nouveau. Je sens que même physiquement tout mon corps est tendu. Par pitié faites que Ken rentre. Je m'éloigne encore plus de l'entrée pour au final courir dans la chambre de Ken. J'ai la tête en vrac. Je m'approche du lit et m'allonge sous les couvertures en me couvrant les oreilles. L'entendre toquer me brûle de l'intérieur. Je le revois ce soir-là, je nous revois ce soir-là. Je n'aurais pas imaginé que notre histoire se termine comme ça. Rapidement et soudainement. Le pire c'est que je ne lui en veux pas à lui le plus, c'est à moi. Il m'avait prévenu. Il m'avait prévenu qu'il ne savait pas aimer. Je pensais qu'on n'était pas comme les autres mais je l'ai vu dans ses yeux, je l'ai ressenti à l'intérieur de moi. Il a tiré un trait sur nous.
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suuuuuuurprise encore un chapitre cette semaine! c'est pour vous remercier de commenter sur sourde tempête et ici maintenant! j'adore voir vos réactions !
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Réparer les dégâts - PLK 2
FanfictionSon existence est comme une bougie allumée, impérissable dans la tempête, et avec la lumière qui l'anime, elle est capable de faire face à l'obscurité. Après chaque tempête, l'étape suivante est de réparer les dégâts. Retrouvez Linda et Mathieu en p...