Quelques mois après qu'elle soit née, un fil noir s'était enroulé autour de l'annulaire de Sakura. Ses petits doigts de bébé avaient caressé le fil invisible aux yeux de tous, sauf de son âme sœur, tirant dessus. Son jeune esprit n'était pas en mesure de comprendre pourquoi le bout de tissu fin rattaché à rien de visible ne venait pas plus vers elle. Pourtant, alors qu'elle grandissait, bordée du conte romantique de ses parents, elle comprit qu'un autre annulaire y était attaché. À partir de ce moment, chaque soir avant de dormir, la fillette de quatre ans tirait sur ce fil, rassurée par la résistance qu'elle sentait. Tout changea lorsque l'école pour les civils commença. Durant la rentrée, elle se présenta avec des yeux remplis d'innocence et un sourire empli de bonté. À la fin de l'année, elle se présenta avec une tignasse ensanglantée et un corps tabassé. Pour seule faute, la pureté de la fillette que Sakura avait été. Là devant son miroir, deux heures après qu'un pied ait écrasé son délicat minois dans la terre, l'univers continuait de la briser lui imposant de regarder ce tableau qu'elle était. Les moqueries de ses camarades la hantant tandis qu'elle fixait avec dégoût cette silhouette trop frêle, cette minceur qui lui avait valu la méchanceté des enfants. L'étudiante de six ans releva son chandail, laissant le miroir afficher ses côtes ressortant. Son index froid compta chacune d'elles avec nausée. Elle savait que le régime imposé par ses parents causait cette maigreur et cette sensation de faim avec laquelle elle se couchait tous les soirs. Elle savait, également, pourquoi sa mère tenait à ce qu'elle ne déjeunait pas.
-Même ton âme sœur ne voudra pas de toi si tu es grosse. Tu te dois d'être délicate, sa mère lui avait-elle dit un jour pluvieux.
Toutes ces moqueries parce qu'elle était toujours trop mince, tous ces coups de pied, car elle était frêle, toutes ces larmes pour un(e) inconnu(e) qui ne l'aimerait même pas. Dans son esprit d'enfant de cinq ans, toute sa souffrance était de la faute de cette personne et ce fut pourquoi, le soir où elle aurait dû célébrer sa graduation, la gamine coupa rageusement le nœud qui retenait le fil à son index, criant, pleurant. Une rage envers ce quelqu'un pour qui, chaque matin, sa mère lui brossait durement les cheveux. Les larmes l'éblouaissaient, la rendaient aveugle aux mouvements furieux qu'elle fit avec cette paire de ciseaux dans les mains. Ses oreilles, elles, entendirent parfaitement le bruit des mèches tranchées. Toutefois, cela ne fit qu'encourager la fillette. Elle n'avait plus d'âme sœur qui la retenait de garder ses cheveux longs et ordonnés. Sakura finit sa coupe quelques instants plus tard. Sa tignasse était coupée près des oreilles. Elle regarda son reflet dans le miroir, satisfaite. Un sourire fit son chemin alors qu'elle descendait les escaliers pour retrouver ses parents, une phrase tournant dans sa tête.
-Je ne serais plus jamais délicate.
Une devise qui la fit affronter des regards curieux, la rentrée suivante, lorsqu'elle rentra dans la classe de l'Académie ninja. Malgré sa timidité, elle sourit parce que c'était le premier pas sur son chemin, le premier pas qu'elle prenait par elle-même sans ses parents murmurant à son oreille.
Shikamaru apportait ses baguettes remplies de riz près de sa bouche lorsque la résistance qu'il avait toujours sentie sur son annulaire disparue. Fronçant ses sourcils, il enfourna la nourriture avant de tirer sur le fil. Ce ne pouvait être qu'une fausse impression, mais il le saurait rapidement en ramenant le tissu vers lui. Toutefois, après plusieurs secondes où il tira, le bout du fil flotta devant son regard d'enfant curieux.
-Oh, murmura-t-il en voyant le phénomène.
D'un côté, le garçon était content de ne pas avoir à supporter une femme dans le futur. De l'autre côté, cela signifiait qu'elle était probablement morte et d'une certaine façon, cela l'attrista. Il saisit ce fil autour duquel aurait dû se trouver un annulaire, sa vision se fixant sur le nœud coupé.
-Shikamaru ? l'interrogea sa mère en voyant son visage en profonde réflexion.
-Le nœud se défait lorsque notre âme sœur meurt, n'est-ce pas ? répliqua le petit garçon en fixant sa mère.
Elle hocha la tête en passant une main dans ses cheveux, le réconfortant. Son père lui adressa un regard adouci.
-Le mien est coupé, précisa-t-il.
Shikamaru haussa les épaules en recommençant à manger. Ce truc d'âme sœur avait toujours semblé être une galère qu'il ne voulait pas vivre et si l'autre personne au bout du fil avait pensé la même chose, alors ils étaient sur la même longueur d'onde. Les deux pouvaient très bien s'ignorer le reste de leur vie et cela convenait à Shikamaru. Quant à eux, Yoshino et Shikaku échangèrent un coup d'œil. Tout le monde savait qu'il était commun pour les jeunes filles civiles de disjoncter sous la pression et de couper ce fil. Naître civile en tant que femme était considéré comme un calvaire. Contrairement aux kunoichis, les femmes civiles n'étaient valables que selon leur âme sœur et l'effort qu'elles mettaient à correspondre aux critères de la société. Que la personne qui était destinée à Shikamaru ait déjà rompu ce lien les inquiétait parce qu'ils devinaient qu'elle ne devait pas être bien plus vieille. Soupirant, Shikaku apporta son verre d'eau à sa bouche. Dans quel monde ils vivaient, il se le demandait. Pas que l'homme puisse avoir un quelconque impact sur la société civile. Après tout, si ce n'étaient des marchés, les shinobis et les civils s'évitaient comme la peste.
***Le nouveau début (court ^^) d'une fanfic. Je ne sais pas trop où elle ira encore, mais j'aime bien l'univers alternatif des âmes-sœurs alors voilà. Bref, merci d'avoir lu et bonne journée.***
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À l'autre bout du fil
FanficChaque être naît avec un(e) âme sœur attaché(e) à l'annulaire. Pourtant, il suffit d'une impulsion pour que ce fil se dérobe sous la pression. Shikasaku Univers alternatif- âmes sœurs TW: Abus parental et alcool