Les ninjas s'agitaient. Les civils se dépêchaient dans les rues. Les stratèges rentraient à l'aube chez eux. Sakura n'avait jamais vécu de guerre, mais ce ne prenait pas la tête à Papineau pour remarquer que des affrontements se dissimulaient dans l'horizon.
Les pas pressés des infirmiers remplissaient les couloirs de l'hôpital. Les lueurs rosées du soleil levant baignaient la chambre du patient que Sakura examinait. Son regard dériva, une seconde, vers cet astre luisant. Pendant un infime instant, elle vit deux visages dans les couleurs orangées. Son cœur manqua un battement. Les images disparurent.
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La voix de Naruto se faisait entendre à travers la porte du bureau de l'Hokage. Sakura pénétra dans la pièce. Les regards se fixèrent sur elle, la jugeant. Des papiers ressemblant à des papiers explosifs pendaient de la main du blond. La médecin s'en empara.
-Merci, Uzumaki.
Il balbutia, confus. Elle n'expliqua rien. Sakura jouait aux échecs. Elle n'avait pas le temps de jouer au morpion avec lui.
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L'odeur de saumon grillé s'élevait doucement dans l'air. Les bouteilles de bière s'entrechoquaient. Le bruit du couteau heurtant la planche à découper occupait l'esprit de Sakura. Les rondelles de carottes roulaient sur le bois. La fatigue accablait la médecin. Elle aurait voulu se laisser tomber comme une masse sur son lit et laisser le sommeil apaiser sa douleur sourde. Toutefois, elle savait que ce serait peut-être la dernière fois qu'elle serait réunie avec Genma, Yugao et Hayate. Le sol tremblait de plus en plus au fil des jours, impatient de récolter le sang de ceux tombés au combat.
Le saumon se décomposait avec délice dans sa bouche. Elle pouvait savourer les arômes s'échappant du poisson. Le silence les entoura, interrompu par les seuls bruits de mastication. Au milieu de ce tombeau abstinent de sons, les coups sur la porte résonnèrent comme des coups de fusil. Une chaise racla le sol. Un verrou claqua. Shikamaru se tint devant elle. Son ombre la couvrit. Dans ces yeux bruns, elle aperçut cette lueur mystérieuse. Cependant, les cernes qui soulignaient ces prunelles la firent se lever et oublier cette lueur.
Il suivit Hayate dans cet appartement croulant sous les odeurs diffuses et mélangées. Shikamaru distinguait l'arôme prononcé de vinaigre et un autre qu'il n'arrivait pas à nommer. La senteur lui chatouillait le nez, s'échappant du bout de sa langue. Il allait questionner Hayate afin de connaître le nom de cette odeur le titillant quand le garçon la vit. Elle était penchée sur son assiette, les joues rondes remplies de poisson. Peut-être que la fatigue lui montait à la tête parce que ses poumons se serrèrent soudainement, son entrée d'air minime. Son parfum de mort et d'antiseptique l'enveloppa. Il s'étouffait silencieusement. Sakura se leva et Shikamaru détourna le regard.
La porte se ferma derrière les deux adolescents. Les trois adultes se lancèrent un regard avant que Genma ne ricana. Les tintements des couverts sur les assiettes reprirent.
L'air nocturne chaud d'été collait à leur peau. Contrairement aux quelques piétons pressant le pas, le duo avançait à une lente allure. Ils n'étaient pas pressés de se retrouver enfermés dans une pièce avec Shikaku toute la nuit.
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Le clair de lune filtrait à travers une fenêtre. Des feuilles s'éparpillaient sur la table. Shikaku était parti depuis une vingtaine de minutes à une réunion d'urgence, laissant Sakura, Shikamaru seuls. Un silence confortable planait dans la pièce, interrompu seulement par le bruit des papiers bruissant.
Les mots défilaient sous les yeux de la kunoichi. Des colonnes de chiffres lui faisaient mordre sa lèvre. Pour plusieurs, ces nombres n'étaient rien de plus que du charabia. Pour une médecin de son grade, ces statistiques étaient significatives et effrayantes. Elles indiquaient qu'il n'y aurait jamais assez de médic-nin disponibles et formés pour la guerre approchante. Ce avait été toujours le cas. Dans leur société encore patriarcale, les médic-nin étaient souvent des femmes parce que connaissaient-elles à la politique ou l'économie, n'est-ce pas ? Même si ces conceptions n'étaient basées que sur des stéréotypes, celles qui comme Sakura avaient voulu aller dans d'autres domaines s'heurtaient à des murs. Leur opinion professionnel pouvait être discartée d'un mouvement de main simplement parce qu'elles avaient eu le malheur de naître femme.
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À l'autre bout du fil
FanfictionChaque être naît avec un(e) âme sœur attaché(e) à l'annulaire. Pourtant, il suffit d'une impulsion pour que ce fil se dérobe sous la pression. Shikasaku Univers alternatif- âmes sœurs TW: Abus parental et alcool