L'odeur d'antiseptique brûlait les narines de Shikamaru. Sa respiration était légèrement hachurée, rendue sifflante par la douleur de son échographie hépatique. Peut-être parce qu'il respirait si fort, il n'entendit pas les pas s'approcher de lui. Pourtant, quand il sentit les arômes fétides de la mort, le garçon sut que les murs rendaient l'écho des sandales claquantes de Sakura. Le Nara l'écouta partir sans tenter de la confronter. Il savait qu'elle serait aussi muette que son père. Il obtiendrait ses réponses par lui-même.
Des portes claquèrent derrière le ninja. Une voix féminine s'éleva. Des feuilles se firent feuilleter. Au milieu des senteurs putrides de décomposition, l'odeur de vérité se faufila.
-
Sakura avait passé la nuit précédente à étudier les propriétés de la toxine aux côtés de Shizune. La nostalgie l'avait emplie. Elle se rappelait des multiples nuits où la brunette et elle avaient analysé un poison jusqu'à ce que les lueurs de l'aube caressent leur silhouette. Ce que Sakura n'aurait pas donné pour retourner à cette époque où elle perdait son sommeil avec des toxines plutôt qu'avec des yeux vides.
Ce fut au tour de ces prunelles vertes de s'éteindre lorsque trois dossiers furent posés sur son bureau. Trois photos. Une seule connue. Une seule reflétant les étoiles au plafond.
Sakura se tint droite devant Inoichi. Ses paroles coulaient fluidement dans l'espace silencieux. Les mots poignardaient sa gorge, laissant le sang s'accumuler dans ses poumons. Aucune toux ne la trahissait. Elle respirait ce liquide au cas où ces yeux bruns cachaient des rétines traîtres. Elle respirait ce liquide au cas où la mort serait moins douloureuse que la trahison.
-
Shikamaru détaillait le plafond, suivant chaque craquelure avec intérêt. Son esprit tournait et retournait sa théorie. Il savait qu'elle était probablement vraie. Il avait grandi avec Shikaku Nara. Shikamaru savait comment les racines de Konoha se nourrissaient de sang le soir venu. Il voyait la manière dont son père frottait ses mains jusqu'à ce que la peau s'ouvre. Il savait que son père n'était qu'une autre victime de Konoha, mais ce n'empêchait pas la colère de l'emplir. Peut-être que si Sakura avait été fille de clan, il aurait pu la protéger. Peut-être que si elle avait été fille de clan, elle n'aurait jamais eu à goûter à la terre ferreuse entourant ces racines. Shikamaru aurait aimé protéger le palais de cette fille de cette impureté. Ironiquement, il était sûr qu'il avait été celui à lui enfoncer la tête dans la terre.
-
Les cheveux bruns étaient soulevés à la nuque, caressant doucement la main d'Inoichi. Les yeux marrons remplis habituellement d'innocence étaient fermés dans l'étreinte de Morphée. Les traits du Yamanaka étaient tordus de concentration. Sakura triturait doucement son pantalon, mordant sa lèvre inférieure. Les deux premiers suspects avaient été inspectés. Rien de concluant n'avait été trouvé. Elle savait que l'enfant était la coupable. Elle ne voulait juste pas l'accepter, pas tant que les yeux bleus ne l'auraient pas regardée avec regret.
Lorsque les prunelles océaniques se posèrent sur elle avec pitié, elle sentit l'air lui manquer. Inoichi lui fit un petit signe. Une larme perla. Un kunaï effleura une gorge. Le sang l'éclaboussa. Les larmes cramoisies gouttèrent lentement de son menton.
-Je suis désolé, Sakura.
L'adolescente hocha la tête. Les yeux vides d'Harui se marquèrent au fer rouge dans son esprit.
Ce soir-là, quand la scie trancha ces côtes trop petites, le masque à gaz goutta, les larmes rebondissant sur la peau bleue de la fillette.
-
VOUS LISEZ
À l'autre bout du fil
FanfictionChaque être naît avec un(e) âme sœur attaché(e) à l'annulaire. Pourtant, il suffit d'une impulsion pour que ce fil se dérobe sous la pression. Shikasaku Univers alternatif- âmes sœurs TW: Abus parental et alcool