Première semaine: L'arrivée.

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De retour sur Tokyo, enfin.
Après une mise à l'écart pendant de longues années, il m'est difficile de retrouver un quelconque repère dans cette ville déjà bien changée.

Ouvrant la porte de ce qui sera dorénavant mon bureau, une mauvaise impression me pèse. Comme en guise de réponse, on m'interrompt dans ma réflexion.

Chef de service : Mademoiselle Selwyn. Vous vous demandez certainement à quelle sauce nous allons vous manger ?

Il rit, je ne réponds pas.

Chef de service : Ah, évidemment j'aurais dû m'en douter. J'ai eu vent des évènements précédant votre......mise à pied ?

- C'est ça, c'était une mise à pied.

Il le sait pertinemment, il souhaite seulement l'entendre de ma bouche.
Comme pour confirmer mes soupçons, il enchaîne avec une pointe d'empathie simulée.

Chef de service : On m'a rapporté les détails de cette lourde méprise. Evidemment, il vous sera difficile d'estomper la rancœur de vos collègues à votre égard. Voilà votre nouveau bureau, vous pouvez y ramener vos effets personnels dès demain. Bien sûr, vos premières enquêtes ne seront que minimes, mais vous comprenez pourquoi. N'est-ce pas ?

Je lui souris faussement.
- Oui, bien sûr Monsieur. Je n'y vois aucun inconvénient.

Chef de service : Ah, on m'avais dit de me méfier, mais en fin de compte vous avez l'air plutôt obéissante !
Je vais vous laisser vous installer, prenez quelques jours pour prendre vos marques avant de vous pencher sur un dossier. L'inspecteur en place ici avant vous en a laissé quelques uns avant de partir: ils seront plutôt simples.
De toute façon vous n'aurez qu'à user de vos charmes pour obtenir ce que vous souhaitez...

Un rictus hautain se dessine sur son visage avant qu'il ne finisse sa phrase.
...Vous avez l'air d'avoir plutôt l'habitude après tout.

Affichant de nouveau un sourire faux, je lui fais oui de la tête et ferme la porte.
Mon mauvais pressentiment est confirmé: c'est un pourri. Comme tous les autres finalement.

Un jour, vous ramperez tous à mes pieds en me suppliant de vous épargner.

Le vibreur de mon téléphone me sort alors de mes pensées:
« Fin de ta première semaine: rapport en soirée, lieu à communiquer. »

***

Plus tard dans la journée et de retour dans mon nouvel appartement, je me décide enfin à avaler quelque chose.
J'avais préparé minutieusement mon retour dans l'espoir que le nouveau chef de service ne soit pas un copié-collé de son prédécesseur, mais au final rien n'a changé. Si ce métier n'était pas ce pourquoi j'avais tout sacrifié, je me serai jetée d'un pont depuis longtemps déjà.

Quittant ma tenue de bureau inconfortable, je me changeais alors pour une visite de ce Tokyo métamorphosé.

***

- Argh.

En train de faire les boutiques, donc complètement déconnectée du monde qui m'entoure, j'ai heurté dans un homme semblant alors assez dégoûté d'avoir été en contact avec mon front.

... : Fais gaffe où tu marches, je suis pas assez grand pour que tu me vois pétasse ?

Réalisant à peine ce que je venais de faire et balbutiant des excuses, il entraîna alors avec lui celui qui l'accompagnais.

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