Chère Ari

Chapitre 10

Le bruit répétitif du rythme cardiaque du patient était le seul son que l'on pouvait percevoir dans cette minuscule chambre. Celle-ci était déjà familière de l'occupant qui l'avait déjà utilisée plusieurs fois dans sa courte vie.

Les larmes du jeune homme coulaient, semblables à l'eau d'une cascade, et venaient s'écraser contre les mains blanches de ce dernier. La fin qu'il avait tant attendu avait finalement été déjouée et son existence continuait toujours, se faisant encore plus présente qu'elle ne l'avait pu être. Que pouvait-il bien se dire, ce jeune garçon qui avait une fois de plus essayé de faire don de son corps à d'autres personnes ? Il fixait encore et toujours cette même poche de sang reliée à son corps qui le maintenait probablement en bonne santé.

Il était découragé, sûrement, dévasté aussi. Cependant il était aussi soulagé de pouvoir revoir son ange, même si ce dernier ne voulait pas entendre parler de lui.

Or, contre toute attente, la porte de cette chambre blanche s'ouvrit sur une figure blonde, les joues rouges et ravagées par les larmes tandis que ses yeux contenaient un immense désespoir. Si la situation avait été différente, Yoongi se serait sûrement moqué des couleurs des joues de son ami, celles-ci était plus vives que celles de ses cheveux.

Néanmoins, dans cette chambre d'hôpital, il ne ressentait qu'une honte immense. Il ne pouvait pas relever les yeux vers cet être si pur, il commettrait un péché par son action. Comment un être si divin que son blondinet pouvait côtoyer un réceptacle de démons aussi diaboliques ?

Inconsciemment, il leva les bras vers son protégé pour recevoir le confort dont ils avaient tous deux besoin. Cette mort évitée a ouvert les yeux du plus vieux qui s'est bien vite rendu compte de l'importance de son cadet à ses yeux.

L'étreinte chaleureuse qu'il reçut ensuite fut l'élément déclencheur d'une vague de bonheur intense. Une personne sur Terre s'intéressait à lui, une personne sur Terre se soucie de sa santé.

"-T'imagine pas la frayeur que tu m'as fait ressentir. Je m'en serais voulu à vie si je t'avais perdu."

Ces deux phrases lourdes de sens résonnèrent encore et toujours dans la tête du jeune homme. Sa disparition aurait impacté quelqu'un, qui plus est un ange tombé du ciel pour le protéger. À cet instant, il su que ses prières furent exaucées.

"-Ne dis pas ça Minnie, ne laisse pas des pensées comme celles-là t'envahir. Tu es bien plus fort que moi, ne les écoute pas."

Lentement, la tête du blondinet se releva de l'épaule humide de son ami pour venir le fixer, les yeux remplis de larmes. Les paroles qu'il entendait étaient douloureuses pour lui et le détruisaient de l'intérieur. Comment a-t-il pu ne rien remarquer ? Les signes étaient pourtant évidents, il n'aurait pas dû les ignorer.

"-Je suis désolé, vraiment. Si j'avais su, j'aurais pu t'aider."

Ce qu'il ne savait pas, c'est que son ami était un cas perdu, les médecins s'occupant de lui sont maintenant habitués à son comportement et n'essaient plus de l'emmener parler à des personnes spécialisées. Il consultait déjà chez l'un des psychologues les plus compétents de la région, que pouvaient-ils faire de plus ?

"-Je suis heureux que tu sois à mes côtés, c'est l'essentiel."

Les mots attendrissants du noiraud n'avaient pour but que d'apaiser les fausses idées que son ami avait imaginées. Pourtant, leur impact fut d'une puissance phénoménale et bientôt, ses bras furent de nouveau autour de son aîné, attachés fermement pendant que son visage revint s'enfouir dans le cou de son ami. Ils restèrent ainsi un long moment avant de se séparer une dernière fois, le plus vieux insistant sur son envie intense de s'endormir.