Chère Ari.
Ça fait un moment, n'est-ce pas ?
J'ai entamé une nouvelle année à cette école pourrie. Je suis seul, comme toujours. Comme je l'avais prédit, mes amis ne m'ont plus jamais adressé la parole. Ils m'évitent dans les couloirs et me laissent manger seul, face au mur. Durant deux mois, j'ai dû travailler dans un magasin moisi où on voyait deux personnes par jour au maximum, celles qui venaient étaient souvent les plus en détresse et en profitaient pour voler de la nourriture. Je les laissais faire, les regardant cacher les articles plus ou moins grands dans leurs poches, sous leurs vêtements, dans leurs chaussettes. Leur instinct de survie a été plus fort que leur raison, faut-il vraiment leur en vouloir ? On me passait un savon à chaque fois, parfois on me menaçait d'être viré. Ça ne m'aurait rien fait, je n'aimais pas travailler de toute façon, l'art est mon seul échappatoire et ce n'est pas en faisant le caissier que je réussirai ma vie.
C'est une nouvelle classe qui s'est présentée à moi, les premières années étaient perdus devant tout ce monde. Je les comprends, j'étais à leur place l'année dernière et je détestais devoir me familiariser avec un nouvel environnement. Un garçon était là, planté en plein milieu, me fixant de ses yeux sombres. Un sourire monta à ses yeux avant qu'il ne commence à s'avancer dans ma direction. La détermination qu'il tenait me faisait peur, il semblait avoir trouvé un but qu'il n'allait pas abandonner.
Il avait décidé de me parler et, malgré mes efforts pour le repousser, il ne me lâcha pas. La discussion qui s'ensuivit fût, à ma surprise, très intéressante. Ce garçon avait un don pour rendre n'importe quel sujet passionnant. Deux heures plus tard, il me considérait déjà comme un ami. Il était blond, un petit peu plus petit que moi, et la joie de vivre débordait de lui. On pouvait voir son sourire rayonnant dès qu'il entrait dans la salle. Il ne sait pas encore que je préférerais être mort, je n'ose pas le lui dire, cela briserait son innocence. Il le saura tôt ou tard mais je vais lui laisser le temps de trouver de meilleurs amis qui pourront me remplacer.
Je vais te laisser ici, je dois avoir l'air reposé demain matin.
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Chère Ari
FanfictionIl parait que parler à un journal pourrait m'aider, je suis sûr de l'inverse. Ma psy a insisté pour que je commence à écrire des mots résumant ma journée, je suis donc là à te souiller pour raconter ma misérable vie.