19 - s'expliquer avec Enzo Lombardi

2.7K 209 5
                                    

Arrivés à l'appartement, Enzo me dépose dans le canapé et file nous préparer une assiette de pâtes. Je suis épuisée et affamée. Il m'apporte mon plat moins de dix minutes après notre arrivée.
"- comment tu te sens?"
"- comme si j'étais passée sous un camion" je murmure.
Il passe son bras autour de moi. Il fait silence puis sa voix me demande, d'un ton douloureux :
"- est ce que tu as une liaison avec Gary?"
Je m'étrangle avec ma bouchée de pâtes. Il plaisante? Je le regarde droit dans les yeux mais il a air d'attendre une réponse, comme si sa vie en dépendait.
"- bien sûr que non... J'étais encore vierge il y a quelques jours, ce n'est pas pour aller me vautrer dans un deuxième lit... Enzo..."
"- il te plaît?"
"- Gary? Non! Bon sang, d'où sort cette idée?"
Il ressort le dossier que lui a remis le policier a sa sortie. Il compulse quelques documents puis finit par en sortir une photo. On me voit assise à côté de Gary, sa main posée sur ma cuisse, puis nos mains liées.
"- c'est le jour où..  enfin bref, on est allé au restaurant tous les deux et Gary y était déjà... Tu t'es absente pour parler à Leonarda.. ton ex-fiancee"
"- et?"
"- et bien Gary m'a raconté tout un tas de trucs sur vous deux. Il a ensuite dit que tu ne m'aimais pas et que tu l'aimais encore ... Et puis il a mis sa main sur ma cuisse, comme ça" je mime le geste sur la cuisse d'Enzo "il m'a dit qu'il sortirait bien avec moi mais j'ai dit non et j'ai retiré sa main." Je prends la main d'Enzo et lui montre le geste. "c'est ça que tu vois sur ces photos."
Il semble mi-coupable, mi-soulagé.
"- je te dois des excuses tesorino mio... J'aurai dû t'écouter ... J'ai été excessivement violent... Je ne sais pas ce que j'allais faire ... Ou plutôt j'ai peur de le savoir... Mais les photos... Penser que tu voyais un autre homme m'a rendu fou... Hors de contrôle... Je..."
Je prends sa main. Je ne veux qu'une chose.
"- aimes tu encore Leonarda?"
"- je ne l'ai jamais aimé. On s'entendait bien c'est tout..."
je pose mon front contre le sien.
"- d'accord"
"- il y a encore un sujet qu'on doit aborder... Tu es malade?" Je palis brusquement "je sais que tu as quelque chose... Le médecin a parlé de cardiopathie et d'autres trucs ... Tu as un traitement? Je ne t'ai jamais vu prendre quoi que ce soit..."
"- je suis malade depuis que j'ai douze ans, mais on n'a su ce que j'avais qu'il y a deux ans... Mes parents ont englouti toutes leurs économies et tout l'héritage de mes grands parents pour me soigner. On a vu des spécialistes partout dans le monde, j'ai passé je ne sais combien d'examens ... Mais les traitements palliatifs avaient déjà vidés nos comptes...on voulait savoir si c'était opérable... Un soir, papa est rentré en annonçant que j'allais oublier aller à la fac et me faire opérer, grâce à une donation... "
"- les fonds détournés?"
"- oui, je l'ignorais alors... J'ai donc entamé ma première année de fac. Tu te rappelles que tu as dit que j'étais absentéiste à l'université... C'était à chaque fois pour raison médicale. Finalement, on a trouvé un professeur qui avait déjà tenté une opération similaire en Australie. On a versé un montant assez important pour qu'il accepte de lire mon dossier... Et c'est là que tu as trouvé la faille dans tes comptes... La suite tu la connais..."
Enzo relève la tête :
"- donc tu n'as pas été soignée!?"
"- non, avec la somme que nous te devons... Mon père fait des petits boulots. Il arrive tout juste à payer les factures de la maison et moi je mets de côté mes salaires pour payer les frais de justice de papa. Quand ce sera fait, je te rendrais ce que nous te devons ..."
"- tes traitements ?"
"- je n'ai pas les moyens de les payer et pour l'instant je vis bien sans..."
Enzo a l'air mortifié.
"- on ne va pas te laisser comme ça tesoro Mio! Donne moi le numéro de ce professeur et nous partons pour l'Australie demain..."
"- non, il y en a pour des dizaines de milliers ..."
"- quand bien même ça ferait des millions que je te ferais soigner ! Viens !" Il m'entraîne vers la chambre mais en ouvrant la porte ... Je vois la lampe de chevet explosée au sol, des gouttes de sang rependu partout et je vois la porte de salle de bain défoncée.
"- tu as ...?"
"- enfonce la porte quand j'ai entendu le choc de ta chute et que tu n'as pas répondu. Je suis redescendu de ma colère immédiatement et j'ai enfonce la porte pour te sortir de là." Une marre de sang séché orne le dallage de marbre brillant et ma bouteille de déodorant a roulé sur le sol. Ma bouche s'ouvre sous le choc. Je comprends mieux pourquoi il a été mis en examen...

Série: Le Contrat. Tome 1. Factices FiançaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant