25 - porter l'enfant d'Enzo Lombardi

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"- non! Je ne le permettrais pas!"
Glacée par le ton hargneux qu'il vient d'employer, je m'arrache à ses genoux mais il attrape mon poignet pour m'empêcher de partir. "tu vas avorter tu m'entends"
Sa mère et sa tante se mettent à hurler sur lui et je l'entends gronder, en faisant de grands gestes :
"- basta, È una cosa tra me e lei! Toi!" Il me pointe du doigt pour appuyer les propos qui vont suivre: "tu ne poursuivras pas cette grossesse."
"- regarde moi bien Enzo Lombardi. Je n'avorterai pas, c'est hors de question ! Si tu refuses d'assumer ton rôle de père, je l'eleverai toute seule!"
"- c'est hors de question! Tu ne porteras pas mon enfant!" il fulmine et j'arrache ma main à la sienne. Sa mère et sa tante vitupèrent à son encontre et le retienne juste assez longtemps pour que je puisse rejoindre la chambre. Je ferme la porte et m'effondre en larmes. Cet anniversaire qui avait si bien commencé finit dans les larmes et dans les cris. Je les entends batailler en bas, en italien et si vite que je ne comprends rien de leur discussion. Ce ne sont même plus des cris mais des hurlements  Après avoir pleuré un bon moment, je me redresse et remplis ma valise. Papa m'accueillera à coup sûr quand je rentrerai et je prendrai un deuxième emploi pour préparer l'arrivée du bébé.  Moi qui craignait de lui annoncer...

Ils discutent à voix plus posée maintenant, et j'entends la voix d'Enzo qui parle d'une voix bouleversée. Sa mère et sa tante s'adressent à lui d'un ton câlin, très maternel. La dispute est terminée. J'en profite pour descendre ma valise et je quitte la propriété des Lombardi en traînant ma valise à roulettes. J'ai à peine franchi le portail et parcouru une centaine de mètres que j'entends un hurlement provenant de la demeure. Puis les cris se répercutent dans la vallée alors qu'il crie mon prénom. Je poursuis ma route et moins de dix minutes plus tard, je l'entends dans mon dos. J'ignore ses appels et continue mon chemin, tirant ma valise qui pèse un âne mort. Je l'entends courir et il me rejoint en quelques foulées.
"- Ella ! Je ne veux pas te perdre!"
"- c'est tout vu Enzo! Tu ne veux pas que je porte tes enfants hein! Et bien ton enfant et moi allons disparaître du paysage! Tu pourras trouver quelqu'un de plus apte à te donner un enfant! Ou ne pas avoir d'enfant du tout pour ce que ça m'importe!".
Il lache: "- tu ne comprends pas!"
"- non! Je ne comprends pas comment tu peux m'aimer et ne pas vouloir de ce que la vie nous offre!"
Il m'attrape dans ses bras et alors que j'allais le repousser, je le sens secoué. Surprise, je relève la tête et le vois en larmes.
"- je ne veux pas te perdre... Dans ton état, avec ton coeur, une grossesse serait suicidaire... Je préfère renoncer à avoir des héritiers, renoncer à avoir le moindre petit avec toi que de mettre ta vie en danger mon amour"
Une larme dévale ma joue. Il me soulève dans ses bras et je m'enroule autour de lui.
"- Ti amo, amore mio, ti amo con tutto il cuore."
Je niche mon visage dans son cou et je sanglote à mon tour.
"- je t'aime aussi Enzo, mais il est hors de question que j'avorte, je ne le supporterai pas, je ne pourrais plus me regarder dans une glace..."
"- on en reparlera plus tard, je vais te ramener à la maison"
"- pose moi Enzo, je vais marcher"
"- non, je ne te lâche plus" et il m'emporte ainsi, entrainant en plus ma valise derrière lui.

Sa mère et sa tante sont heureuses de nous voir rentrer un peu plus tard. Et plus personne n'aborde le sujet épineux du test de grossesse. Nous profitons du déjeuner et Enzo souffle ses bougies au moment du dessert. En fin de soirée nous embrassons tout le monde et Enzo annonce que nous reviendrons un mois plus tard. L'avion nous ramène à New York dans l'appartement du dernier étage de la tour Lombardi. En me couchant le soir, je m'inquiète de quel terrain d'entente nous pourrions trouver autour de cette grossesse.

Série: Le Contrat. Tome 1. Factices FiançaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant