Série: Le Contrat. Tome 1. Factices Fiançailles

18 - Libérer Enzo Lombardi

Mon deuxième réveil est plus calme. On me tient la main et on m'appelle doucement. Mon père.
"- Ella? Réveille toi ma chérie."
"- j'ai mal"
"- les médecins ont diminué les sédatifs, c'est normal..."
"- Enzo..."
"- tout va bien, ne t'inquiètes pas"
"- où est Enzo?"
Mon père essaye d'avoir une expression détachée mais sans y parvenir.
"- papa, la vérité! Où est Enzo?"
"- les policiers l'ont emmené pour l'interroger"
"- pourquoi?"
"- pour... Il ... Quand il t'a amené ici, tu étais dans un état grave ... J'ai dépose  plainte en ton nom...mais tu pourras le faire à ton tour quand tu te sentiras un peu mieux..."
"- je veux le voir"
"- non, tu ne le verras plus... J'ai vu les photos de quand il t'a sortie de l'immeuble, les policiers m'ont montré les photos de l'appartement, les photos du légiste qui t'a examiné... Bon sang, ce type est malade... Tu n'y retourneras plus quoi qu'il m'en coûte!"
"- papa, appelle une infirmière s'il te plaît."
Il quitte la chambre inquiet, et j'en profite pour me redresser. La tête me tourne un peu mais après quelques secondes, j'arrive à me stabiliser.
Je passe mes deux jambes du même côté du lit. Un plâtre enveloppe une de mes chevilles. L'infirmière entre à cet instant.
"- mademoiselle, vous devez rester couchée !
"- débranchez-moi tout ça, je vais vous signer une décharge"
"- non non, le médecin va refuser, vous avez une commotion et... Mais qu'est ce que vous faites?"
"- j'arrache ça moi-même! Papa, donne moi ton téléphone!"
"- non!!"
"- oh crois moi tu as intérêt papa! De quel droit tu as fait enfermer Enzo!"
il me tend son téléphone de mauvais grès et j'appelle le standard de l'entreprise. Je décline mon identité et le secrétariat semble s'affoler. On me passe immédiatement la secrétaire d'Enzo, qui m'annonce qu'Enzo est en détention provisoire depuis des heures. Elle me met en relation avec Samuel, l'avocat d'Enzo. Celui-ci décroche presqu'immédiatement et il pousse un soupir de soulagement quand il entend ma voix.
"- tu peux venir témoigner pour Enzo?"
"- ils ne veulent pas me laisser sortir, mais je vais partir quand même... Par contre je crois que je n'ai pas de vêtements..  "
"- j'envoie un coursier te dépanner pendant que tu règles ta sortie et le chauffeur d'Enzo"
Mon père de plante devant moi et me secoue. "- tu ne vas pas quitter l'hôpital, tu es blessée, il t'a battue, il abuse... "
"- rien du tout, je vais récupérer Enzo!"
Le médecin arrive et je lui annonce que je vais signer une décharge et quitter l'hôpital sur l'heure. Après avoir tenté de me convaincre du contraire, il finit par baisser les bras et me laisse sortir avec une liste de recommandation, notamment, ne pas rester seule. Le coursier arrive avec une petite valise de vêtements et j'enfile un large pantalon de tailleur, un caraco en dentelle et un blazer. Une paire de lunettes de Soleil s'y trouve ainsi que ma trousse de toilette. Je fais un rapide brin de toilette, attache mes cheveux bas sur la nuque et je sors de l'hôpital. Mon père m'escorte jusqu'à la limousine qui est assiégée de journalistes. Une fois à l'intérieure, seule, je me calme un peu. Je ne comprends rien à ce qui a pu se passer ces derniers jours! Mais je ne peux pas laisser enzo en prison, même si on a eu cette violente dispute. A un kilomètre du commissariat, j'appelle Samuel à nouveau, grâce à mon téléphone qui m'a été apporté par le coursier et il me précise qu'il va m'attendre sur le perron du commissariat.
Quand j'arrive devant, une foule compacte de journalistes attendent devant le commissariat et l'avocat et le chauffeur ne sont pas de trop pour me permettre de rejoindre le hall. Un policier m'emmène immédiatement en salle d'interrogatoire.
"- Ella, vous n'êtes pas obligée de raconter votre vie privée au policier. Si vous vous contentez de dire qu'Enzo n'a rien fait, ça suffira d'accord?"
J'acquiesce. Je remplis ma déclaration auprès du policier, accompagné d'un psychologue, qui insistent lourdement pour savoir ce qui s'est passé, comment Enzo a obtenu ses blessures à la main et au sommet du crâne et comment moi je me suis retrouvée avec une commotion cérébrale, les vêtements en pièces, une coupure au bras et des bleus et une entorse à la cheville. Samuel fait barrière à chaque fois et de guerre lasse, ils finissent par me ramener dans un bureau où on amène Enzo, encore menotté pour me rejoindre.
Il a l'air épuisé mais soulagé quand il m'aperçoit.
"- tesorino mio..." Il enroule ses bras menottés autour de moi et j'explose en sanglots contre son torse tandis qu'il me berce. C'est trop d'émotions, trop de fatigue, trop de douleur pour mon petit coeur ..  Un des policier finit par le détacher et Enzo me presse contre lui. J'ai retrouvé l'homme câlin que j'ai appris à connaître. Il m'installe sur ses genoux, le temps de signer les derniers papiers et nous sommes enfin libérés. Comme j'ai du mal à marcher avec le plâtre et les béquilles, il finit par les tendre à Samuel et me décolle dans ses bras. Quand les portes du commissariat s'ouvrent devant nous, la foule des journalistes s'est encore agrandie mais Enzo n'en a cure et fend la foule en me serrant contre lui. Il nous installe dans la voiture et nous rejoignons l'appartement sans encombre.