20 - renouer avec Enzo Lombardi

2.7K 211 11
                                    

"- on va aller dormir ailleurs" gromele Enzo.
"- mais non, occupe-toi de la porte, je vais ramasser les débris" je ramasse les morceaux de la lampe de chevet un à un et pars les mettre au vide-ordures. Quand je reviens, Enzo a dégondé la porte de la salle de bain et transporte les morceaux brisés à proximité de l'ascenseur privatif. Je nettoie rapidement le sang séché dans la salle de bain puis nous nous retrouvons tous les deux dans la chambres, les bras ballants. Enzo s'assoie au bord du lit et retire sa montre. Il a l'air las.
"- tu veux que je nous fasse couler un bain?"
Il acquiesce.
Je le laisse un moment, ouvre les robinets à fond et j'ajoute tout un tas d'ongants pour le bain: sels, huiles, sphères effervescentes et je tamisé la lumière.
Quand je reviens, il a la tête dans les mains, une tablette allumée sur les genoux.
"- qu'est ce qu'il y a ?"
Il me tend la tablette. Ce sont des dizaines d'articles et des centaines de photos choc qui s'offrent à mes yeux. Enzo la tête en sang sortant de l'immeuble en me portant à bout de bras, mon visage ensanglanté, du sang coulant de ses mains, des titres comme "battue à mort" "Ella, la compagne de Lombardi entre la vie et la mort" "Lombardi, l'amour à mort", des entrefilés annonçant qu'on a retrouvé des bleus à l intérieur de mes cuisses et qu'il est probable que j'ai subi un viol, que les policiers ont constaté que l'appartement était ravagé, une porte brisée, du sang partout...
Des photos d'Enzo emmené menotté de l'hôpital. Des photos de moi, sortant de l'hôpital m'appuyant sur mon père, ou encore notre sortie du commissariat, tandis qu'il me porte comme une jeune mariée. L'événement a fait sensation.
"- on va faire un démenti si tu veux"
Il soupire. "- pas sûr que ça serve à quelque chose..."
"- et ... Ça n'aura pas de répercussions sur l'entreprise"
"- grosse dévaluation boursière, mais nous avons les reins solides, on pourra remonter la pente... Enfin si la dévaluation arrête..." Je ne sais pas quoi dire... J'ai l'impression que c'est ma faute alors que non... Il finit par trancher:
"- bon allons déjà prendre un bain..."

Quelques heures plus tard, nous sommes enlacés l'un contre l'autre dans le lit. On a eu du mal à retrouver nos marques, on était un peu empruntés, comme des adolescents,  mais une fois dans ses bras, je m'y sens à ma place et je caresse doucement son ventre noueux.
"- quel est ton plan pour redresser la barre?"
"- je ne sais pas... j'ai étudié les courbes de l'action en bourse de l'entreprise. On voit une nette baisse dans les deux heures qui ont suivi ma sortie de l'immeuble avec toi inanimée entre mes bras. La chute a fortement ralenti quand tu es venue me chercher au commissariat, d'après les indicateurs... Ce qui indique clairement que les traders de sont affolés face à une possible mauvaise presse et à l'éventualité que je sois emprisonnés ou au moins poursuivi en justice ..."
"- donc il faudrait qu'on paraisse plus souvent ensemble..."
"- oui, c'est l'idée mais ça ne suffira pas à faire taire les commérages et à rassurer mes investisseurs les plus frileux..."
"- je... Peut être que si nous étions... Fiancés... Cela redorerait ton blason?"
Enzo se tourne vers moi et me regarde avec intensité.
"- désolée c'était bête"
"- non, non, bien au contraire..." Je le vois se perdre dans ses idées. Plusieurs fois, il semble sur le point de dire quelque chose puis se ravise. Il caresse distraitement mon dos pendant un long moment, tout à ses réflexions, puis il me cale un peu plus contre lui et nous nous endormons.

Les jours qui suivent sont serrés, le téléphone n'arrête pas de sonner, nous perdons quelques contrats, tandis que d'autres nous assurent de leur soutien. Enzo est étonnamment d'humeur égale et agréable malgré tout. Nous sortons dejeuner tous les midis et c'est à chaque fois un petit événement pour les journalistes. Peu de titres continuent cette théorie de la violence domestique et la plupart titrent surtout sur notre "romance". Le week end venu, nous allons dans les Hampton nous ressourcer. Enzo m'emmène à la plage et le dimanche nous partons pour une balade en mer. Alors que nous déjeunons sur le ponton du bateau, il m'apporte une coupe de champagne. Au moment où je la porte à ma bouche, mon regard est attiré par un éclat. J'aperçois une bague sertie d'un diamant au fond du verre. Quand je relève la tête, Enzo est agenouillé face à moi.
"- veux tu m'épouser?"

Série: Le Contrat. Tome 1. Factices FiançaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant