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Point de vue de Louis

Je jetai un regard nerveux dans mon rétroviseur pour m'assurer que mes deux passagers étaient toujours présents. Harry était encore endormis, la tête appuyée contre les genoux de Leena, qui, tant qu'à elle, n'avait pas dit un mot depuis qu'elle était embarquée dans ma voiture. Au moins elle avait cessé de pleurer depuis un moment.

Je roulais beaucoup trop rapidement, mais j'étais trop stressé pour me soucier de la limite de vitesse.

Dans quoi me suis-je embarqué?

Le plan avait merdé. Complètement. Même si je n'en faisais pas vraiment parti, je savais que ce n'étais pas supposé se dérouler comme ça. Je l'espérais, en tout cas. J'avais un drôle de préssentiment, mais jamais je n'avais prévu de retrouver la petite blondinette dans un bain de sang, totalement traumatisée. La pauvre.

La scène rejouait en boucle dans ma tête, malgré tous les efforts que je faisais pour oublier cette soirée morbide.

***

J'arrivai quinze minutes à l'avance, pour ne pas prendre de chances. Harry m'avait fait une liste de ce qu'il voulait que j'aille chercher chez lui plus tôt dans la journée. Il y avait des tas de trucs bizarres, mais c'était Harry. C'est un type bizarre.

Il était couché sur la banquette arrière, complètement dans les vapes après le nombre d'aspirines qu'il avait avalées. Je m'appuyai contre le par-choc de ma Lambo, respirant l'air frais de la nuit.

Quelques minutes plus tard, j'entendis des coups de feux provenant de l'immeuble. J'écarquillai les yeux et accouru au coffre de ma voiture chercher un fusil à Harry parmi ses tas de cochonneries.

-Harry, dans quoi m'a tu embarqués... maugréai-je, c'est les ordis mon trucs, pas les flingues!

Je pris mon courage à deux mains et entraien trombe par la porte avant, mon fusil bien haut devant moi. Allez Louis. Montre de quoi tu es capable.

Je n'avais jamais vraiment tenu un fusil dans mes mains, alors j'essayai du mieux que je pouvais de garder mon arme en contrôle malgré mes mains tremblotante. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front et ma respiration était saccadée. Je n'aimais pas ça. Pas du tout.

La porte menait à un couloir sombre. Je tapissai les lieux du regard, vis un homme endormis près de la porte et retins ma respiration. J'entendis des cris au-dessus de moi. Je jetai un dernier regard vers lui, pris l'escalier qui se trouvait en face de l'entrée et montai à pas de loup jusqu'au deuxième étage. Avant de franchir la dernière marche, je vis une porte entrouverte qui laissait échapper un rayon de lumière dans la noirceure de l'édifice. Je pouvais voir deux filles debout à quelques mètres de distance, ayant l'air totalement apeurées. Mon coeur battait dans mes oreilles. Je reconnu la latina que j'avais vu sur la vidéo de surveillance du dépanneur, qui se trouvait plus près de la porte, et au loin une blonde. Ce devait probablement être Leena.

Les deux regardaient dans la même direction, mais je ne pouvais pas voir qu'est-ce qu'il y avait. J'entendis une voix d'homme, qui, franchement, me donna la chair de poule. Soudain, la latina sorti un flingue de son short et tira imprévisiblement devant elle. J'écarquillai les yeux.

Elle soupira en fermant les yeux, mais n'eut pas le temps de dire la moindre parole avant d'à son tour, recevoir une balle. Une giclée de sang revola un peu partout et je perdis pied.

Je la fixai, étendue sur le sol, encore vivante, mais à l'agonie.

Je me frottai les cuisses, en panique. Je ne savais pas du tout quoi faire. Mon coeur allait d'une minute à l'autre avoir une crise cardiaque si je ne mettais pas fin à tout ceci.

Un dernier coup de feu me fit décider d'intervenir. J'entrai silencieusement dans la pièce, mon arme bien en main, et le spectacle qui s'offrit devant moi me causa la nausée.

Les murs autrefois beiges étaient désormais de couleur rouge. Une première fille aux cheveux roses était étendue au sol, une énorme plaie sur le côté de son crâne. Un homme assez jeune était couché sur le ventre, immobile, plongé dans une marre de sang. Plus loin, un deuxième homme, un peu plus vieux, avait encore les yeux ouverts malgré la balle enfoncée en plein milieu de son front. Son regard vide et sans vie me donna un frisson dans le dos. Finalement, j'apercevis Leena, accroupie dans un coin, pleurant en tenant le corps de la jeune latina.

Je ne savais pas du tout quoi faire. Il y avait tant de cadavres... Ma mission première était de ramener Leena, mais tous ce sang avait fait arrêter mes muscles de fonctionner. Je restai planté là, fixant tous ce gâchit.

Qu'est-ce que je fais? Qu'est-ce que je fais?

J'apercevis un ordinateur ouvert sur un bureau. La voix d'Harry résonna dans ma tête. «Toutes les filles, y compris Leena, ont une puce dans le poignet, alors il peut traquer exactement chacun de leur mouvement.»

Mon esprit revint peu à peu.

Je jettai un regard vers la pauvre blondinette et décidai de la laisser faire le deuil de son amie un moment. Mon instinc me dirigea vers l'ordinateur et ça ne me prit que cinq minutes avant de désactiver les puces et le radar. J'essuyai nerveusement le clavier avec ma manche de chandail pour enlever le plus d'empruntes digitales possibles.

Un problème de moins.

-Je l'ai tué... Je l'ai tué... sanglota Leena. J'ai tué Isaac...

Je fronçai les sourcils. Elle avait tué Isaac? LE Isaac? Oh... Je ne l'imaginais pas comme ça.

Je vis un fusil à ses pieds. Je le pris du bout des doigts, l'essuyai et le mit dans les mains du cadavre de la fille aux cheveux roses.

Je me frottai le visage, me rendant compte de ce que j'étais en train de faire. Je falsifiais des preuves d'une scène de crime. J'étais complice d'un meurtre.

Je secouai la tête et prit Leena par les épaules. Elle se débatit, hurlant des choses incompréhensibles.

-Je suis Louis... Je suis un ami d'Harry. Je vais te sortir de là, lui dis-je.

-Non... Willy. Il faut l'aider...

Je regardai le corps sans vie de la jeune fille.

-Elle est morte, Leena.

-Non...

Je la secouai légèrement.

-Elle est morte! criai-je, pour la résonner.

Elle écarquilla les yeux, comme si elle ne l'avait pas encore remarqué. Je l'entourai de mon bras gauche et la guidai jusqu'à la voiture, laissant cette scène d'horreur derrière nous.

***

Je ne savais pas où je comptais aller, seulement le plus loin possible de tous ce qui me rappelait cette terrible soirée.

Le soleil commençait à se lever, mais je continuai à rouler jusqu'à temps que mon ventre réclame de la nourriture. J'arrêtai dans un fast food au service au volant.

-Tu as faim? demandai-je à Leena.

Elle ne répondit pas, comme je m'en attendais.

J'étais encore sous le choc des derniers événements, je n'imaginais même pas comment elle devait se sentir.

Fix YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant