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Point de vue de Leena

Je me réveillai, non pas à cause d'un cauchemar, mais bien parce que j'avais des souvenirs d'hier soir.

Tout se remettait en place. Je me souvenais comment je pratiquais à ne pas tomber avec les souliers de Willy, le bikini, le bar, Isaac, la piste de danse... La « pillule » que Willy m'avait donnée aussi. Ces effets s'étaient dissipés.

J'avais honte, horriblement honte. Cette fille hier n'était pas moi. Je ne suis pas comme ça.

Je regardai l'heure sur le petit cadran situé sur la commode à Gretchen et vis qu'il n'était que 6 heures du matin. Je me levai et empruntai une serviette à Willy, espérant que ça ne lui dérangerait pas, puis me dirigeai vers les douches. Il ne devrait pas avoir beaucoup de monde à cette heure.

Je marchai pied-nus dans la noirceur, la faible lumière des lampadaires éclairant le couloir par les fenêtres givrées. Je passai devant la porte principale et y vit le "garde" assoupie. Je souris.

J'entrai dans les douches et lâchai un soupir, voyant qu'elles étaient vides.

Je portais encore le maillot couleur pêche et décidai de le garder pendant que je me lavais, au cas où quelqu'un entrerait. Je déposai la serviette sur un banc, puis marchai jusqu'à la douche la plus proche.

J'allumai le jet de douche et le contact de l'eau tiède contre ma peau me rafraîchit. Il faisait horriblement chaud ici.

Après quelques minutes, je tapissai la pièce aux murs carrelés crasseux des yeux et vis une bouteille de shampoing au sol. Il en restait un peu et en profitait pour me laver cheveux et corps.

Quand je commençai à avoir le bout des doigts ratatinés, je fermai le jet et m'enroulai dans la serviette en me secouant les cheveux. C'était fou comment cette douche m'avait fait du bien. J'avais maintenant les idées claires.

Je savais ce que j'allais faire.

Je devais sortir d'ici, au plus vite. Et pour cela, j'avais besoin du plus de personnes possibles de mon côté.


Point de vue d'Harry

Je me réveillai en sursaut par un klaxon. Je l'avais accroché avec mon pied.

Je m'étais endormis dans ma voiture, pas très confortable je devais avouer, avec une gueule de bois et une migraine.

Je me frottai le visage pour réveiller mes sens et regardai où je me situais. Je m'esclaffai d'un rire rauque. J'étais en face du travail à Bill, aux champs d'orangiers. Je secouai la tête, me demandant pourquoi j'avais roulé jusqu'ici. C'était une sacrée longue virée aller là-bas.

Bill était propriétaire de champs d'orangiers et avait fait carrière dans la production de jus d'orange, 100% pur. C'était plus rémunérant qu'on pouvait le croire.

J'allumai mon moteur et jurai, voyant mon tableau de bord m'indiquer que j'étais en panne. Merde.

Je sortis et plissai des yeux suite aux rayons du soleil. Je pouvais entendre le bourdonnement familier des cigales et l'odeur des orangiers qui constituait une bonne partie de mon enfance.

Je savais où était la station à essence la plus près et décidai de prendre une petite marche pour me remettre les idées en place.

Je me rappelai que les minutes étaient comptées et que je n'avais pas de temps à perdre pour retrouver Leena. Au moins je l'avais vue la nuit dernière. Je savais qu'elle était en vie.

Mais pour combien de temps?

Je me demandai pourquoi elle ne rappelait pas. Je m'inquiétais énormément pour elle.

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