Fix You

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Point de vue d'Harry

Je restai un peu bouche-bée, ne m'attendant pas du tout à ce spectacle. Je fronçai les sourcils en m'agenouillant près d'elle et vis son ventre lever et descendre, me signifiant qu'elle était en vie. Je remarquai ses conditions peu salubres et ses nombreuses contusions un peu partout sur le corps et me demandai: «d'où venait-elle, que lui était-il arrivée?». Je ne savais pas trop que faire. Si j'appelais les secours, les policiers découvriraient mon container et c'était le dernier de mes souhaits. Je ne pouvais pas non plus la laisser la, blessée au milieu de la forêt. J'expirai bruyamment. Ce n'était pas du tout dans mes plans.

Je songeai à la laisser plus loin sur le bord de la route, pour que quelqu'un d'autre s'en occupe, mais ma faible conscience qui faisait toujours surface au mauvais moment me dit que ce n'était pas une bonne idée.

Je décidai de l'emmener avec moi, contre mon gré. Je ne voulais pas rester là bas trop longtemps et attirer l'attention. Les premiers chauffeurs apparaîtront bientôt sur la route et je ne voulais me faire voir ici. Je la pris donc dans mes bras et la déposai doucement sur la banquette arrière de ma voiture noire. Je ne savais pas vraiment comment la positionner, j'essayai de la mettre la plus confortable possible. Je reculai, toujours en la fixant, les sourcils froncés. Je me rapprochai d'elle et lui mis la ceinture de sécurité. On est jamais trop prudent, malgré qu'avec son état, on dirait qu'elle avait déjà fait plus d'un accident de voiture.

Mes mains agrippaient fermement le volant, je n'arrêtais pas de jeter des regards nerveux dans le rétro-viseurs pour m'assurer qu'elle ne se serait pas volatilisée. C'était en arrivant chez moi que je me demandai dans quoi je m'étais embarqué en l'amenant avec moi.

Je regardai à gauche, puis à droite, pour vérifié qu'il n'aurait pas un rôdeur et la pris dans mes bras. Je l'appuyai sur mon épaule en essayant de débarrer la porte, entrai en trombe et la refermai immédiatement. Je déposai mes clefs sur le comptoir de la cuisine et descendis au sous-sol. Ouais, je la laisserai là le temps qu'elle se réveille. J'ouvrai la faible lumière centrale et pensai à un endroit où l'installer. Je l'appuyai assise contre le mur tandis que j'installai un petit matelas de sol et des couvertures. Ce n'était pas la chose la plus confortable sur Terre, mais ça ferait pour l'instant. Je ne comptais pas lui installer un appart' dans mon sous-sol non plus. Et je ne comptais certainement pas la garder longtemps ici. Je n'aimais pas trop la compagnie.

Je la couchai sur le matelas et écarquillai les yeux, voyant mes mains tachées de sang. Je levai légèrement le dos de son chandail et grimaçai, apercevant trois énormes coupures qui faisaient la longueur de son dos. Je me reculai et me frottai le visage avec le creux de ma main.

Que lui était-il arrivée?

Point de vue de Leena

Je me réveillai avec un affreux mal de tête et la vue brouillée. Je bougeai légèrement le bras et sentis quelque chose de douillet. Je levai difficilement la tête et vis que j'étais couchée sur un matelas, emmitouflée de couvertures. Je regardai autour de moi et me recroquevillai sur moi-même.

Où suis-je? Pas encore dans une cave j'espère. M'a-t-il retrouvé?

Je me redressai en position assise et sentis quelque chose de collant dans mon dos. De grands bandages couvraient mes plaies. Je fronçai les sourcils, puis me raidit, entendant des pas dans l'escalier.

Est-ce lui?

Il était plus mince et avait les cheveux plus longs. Je le fixai, horrifiée. C'était peut-être un de ses amis. Il se stoppa net dans les escaliers un instant pour me regarder, puis je fis un saut énorme quand il commença à parler.

-Heu... Salut, dit-il en se grattant la nuque.

Je rapprochai mes genoux contre mon corps tremblant. Il avait l'air un peu maladroit et incertain. Il me dévisagea.

-Je ne te mangerai pas, dit-il en souriant. Il redevint sérieux, voyant aucune réaction de ma part.

Il soupira puis me tendis une banane.

-Heu... Si tu aurais faim, j'ai plein de truc dans mon garde-mangé.

Je restai immobile, fixant le fruit qu'il me tendait. J'avais si faim.

Il la déposa parterre, puis recula de quelques pas. Je sautai immédiatement dessus. La dernière chose que j'avais mangée remontait à il y a trois jours et c'était du vieux pain dur. J'engloutis la banane en un instant, puis repositionnai mes jambes repliées contre mon corps. Il me fixa de ses prunelles vertes, incrédule de la vitesse à laquelle j'avais mangé ce fruit.

-Tu parles anglais ou... une autre langue? me demanda-t-il.

Je regardai le sol, timide. Qui est-t-il?

Point de vue d'Harry

La manière dont elle me regardait était phénoménale. On aurait dit que j'étais un monstre. J'ai pourtant essayé d'être le plus calme et doux possible. Elle avait l'air d'avoir si faim; je n'avais jamais vu quelqu'un manger une banane aussi vite. Je ne voulais pas précipiter les choses en lui demandant ce qui lui était arrivé. Elle avait l'air si fébrile. Comme un animal blessé prit dans un piège.

Je la regardai d'un air de pitié puis remontai chercher une boîte de craquelin. Un peu plus et elle salivait en voyant le paquet. Je m'approchai d'elle et elle recula aussitôt.

Étais-je si effrayant?

Je déposai la boîte devant elle et reculai, comme je l'avais fais quelques minutes plus tôt. Elle attrapa la boîte et je la regardai mangé en souriant légèrement.

-...Merci... dit-elle d'une voix rauque.

-De rien. Dis-je en souriant.

C'était le premier mot qu'elle m'avait dit. Elle me répondit d'un sourire que je trouvais rouillé. Cela devait faire longtemps qu'elle n'avait pas fait le moindre sourire.

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