Glory & Gore - Yuri on Ice (2/2)

Plans

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JUILLET

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— Bienvenue chez moi !

Jean-Jacques, déterminé à souligner son enthousiasme, colle une vive tape dans le dos de Yuri, puis saute sur la glace avec un large bond.

Épuisé par l'agitation de son colocataire si tôt dans la matinée, Yuri se laisse tomber sur l'un des sièges, laissant échapper un grognement. C'est ironique qu'il se retrouve dans le même club que JJ. Ça l'est encore plus d'être coincé sur le banc de touche alors que son adversaire patine.

L'aréna est spacieuse, rallongée par les miroirs bordant les murs intérieurs et les fenêtres apportant la lumière extérieure. Le son de nombreuses lames anime le relatif silence, l'espace s'emplit d'une énergie frénétique.

Être de retour dans un club, bien que ce soit sur la terre ferme, fait bourdonner les membres de Yuri.

Droit comme un I et planté devant la rambarde se trouve Frank Carroll, les yeux rivés sur Otabek. Un autre homme se tient à ses côtés, lui aussi absorbé par la prestation de leur élève.

Depuis les gradins, Yuri ne distingue que des cheveux châtains striés de quelques mèches grises retombant sur une veste aux couleurs du Canada, mais la silhouette fine est reconnaissable entre mille.

Issu d'une génération de patineurs antérieure à la leur, Richard Gauthier possède un beau palmarès de médailles, que ce soit nationales, internationales ou olympiques. Depuis l'ouverture du club par Frank, il est lui aussi entraîneur, et les deux hommes se partagent les étudiants prometteurs. De ce que Yuri a compris —pas qu'il écoute aux portes—, ils cherchent à recruter une équipe d'élite, d'où leur intérêt redoublé pour Otabek.

En choisissant de débarquer à Toronto, Otabek se doutait qu'il n'allait pas poursuivre sa carrière aux côtés de Frank, celui-ci préférant entraîner les patineurs juvéniles. En revanche, ce qu'il n'envisageait pas, c'était d'être repéré à peine arrivé sur le continent.

Les particules de glace jaillissent de sous les patins d'Otabek alors qu'il atterrit un quadruple Salchow parfait. Focalisé et méthodique, il fait ses preuves. C'est une occasion en or pour lui, une occasion qu'il ne laissera aucunement filer.

— Bonjour, Yuri Plisetsky.

La voix pleine d'autorité de Frank fait sursauter Yuri, il se redresse promptement sur son siège. Si Lilia Mikhailova le voyait, le dos courbé, avachi devant un multiple médaillé olympique, elle deviendrait dingue.

— Bonjour, Monsieur Carroll.

Frank s'installe aux côtés de Yuri. Il démontre une rigidité quasi-militaire, observant Yuri de haut en bas, puis déclare :

— Otabek m'a fait comprendre que tu cherches une patinoire où t'entraîner cet été.

Parce qu'Otabek est le seul à savoir dompter Frank et que Frank fait trembler Yuri dans ses baskets.

— C'est ça, confirme Yuri.

— Tu ne patines plus dans l'équipe de Feltsman ?

— Mon entraîneur et moi avons décidé d'un commun accord de nous séparer, ne serait-ce que provisoirement. Il me faut du temps afin de décider de la suite de ma carrière, mais il faudrait que je trouve un endroit où travailler en attendant.

Cette réponse satisfait Frank, qui hoche la tête.

— Je ne vois pas de souci à ce que tu partages la glace avec mes élèves, à condition que tu te tiennes à carreaux.