Chapitre 8

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Nous étions dimanche et c'était le jour de mon anniversaire. Pour cette occasion, mes parents et Thomas m'avaient laissé la maison pour moi toute seule. J'avais donc invité Sara et Théophile à passer une soirée films et pop-corn. Il était 18 h 45 et mes invités arrivaient à 19h. Je décidai de ce fait de décorer ma maison avec des ballons et des confettis. Autant rendre l'endroit un peu festif. Je me rendis sur mon balcon, j'avais moins peur depuis l'autre fois, mais ce n'est pas pour autant que j'allais tenter de repasser par-dessus. J'accrochai deux ballons aux barreaux du balcon qui seraient visibles de la rue. Malgré l'âge qui avançait, j'aimais garder cette tradition des ballons. J'étais sur le point de rentrer dans ma chambre quand une main se posa sur ma bouche. Par réflexe, je donnai un coup de coude dans le ventre de mon assaillant.

- Aïe ! Putain tu frappes fort pour une fille !

Je me retournai exaspérée par tant de bêtise et découvris sans aucune surprise, Nathan, plié en deux, qui grimaçait de douleur.

- Nathan qu'est-ce que tu fais là ? questionnai-je ennuyée.

Il me tendit des fleurs. De belles roses rouges entourées d'un ruban doré. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Nathan m'offrait des fleurs maintenant ? Peut-être étaient-elles remplies de pucerons... Et bien évidemment son sourire de gamin apparut en voyant mon incompréhension. Étant toujours sans gêne, Nathan rentra dans ma chambre et posa les fleurs sur mon bureau.

- Joyeux anniversaire ! s'exclama-t-il en se retournant vers moi qui n'avais pas bougé d'un pouce.

- Euh... merci, mais qui te l'a dit au juste ?

- Ta cousine est très bavarde !

Encore Sara ? Ce n'était pas possible !

Mon téléphone se mit à vibrer. Sur l'écran était affiché Théophile, mais au moment de répondre à l'appel, Nathan me prit mon téléphone des mains.

- C'est qui Théophile ?

- Personne, maintenant rends-moi mon téléphone ! exigeai-je fermement.

- Bon bah si c'est personne tu ne m'en voudras pas.

Sur ces mots, il rejeta l'appel de Théophile.

- Rends-moi mon téléphone et trouve-toi quelqu'un d'autre à emmerder aujourd'hui !

Son sourire disparut net, ses yeux passèrent de la joie à de la colère. Ses poings se serrèrent, je repris mon téléphone de ses mains avant qu'il ne finisse en miettes et quittai précipitamment ma chambre. Nathan me faisait peur. Avec son changement d'humeur soudain, j'avais l'impression qu'il pouvait me frapper à tout moment. Il était instable, c'était une bombe qui menaçait à tout moment d'exploser. Mon téléphone se remit à vibrer, cette fois-ci c'était Sara. J'ignorais délibérément son appel, ça lui apprendra à moucharder des informations sur moi à Nathan.

En arrivant au rez-de-chaussée, j'entendis des bruits d'éclats de verre s'écrasant au sol provenant tout droit de ma chambre. J'accourus immédiatement pour voir de quoi il en retournait. Je découvris alors Nathan debout, soufflant comme un taureau, les yeux lançant des éclairs, son poing ensanglanté et mon miroir en mille morceaux. Il avait refait une de ses crises et je n'en connaissais pas la raison. Impossible que mes quelques mots soient la cause de ce désastre.

Je le poussai dans la salle de bain et n'osai plus lui parler par peur d'une autre crise de ce genre. Il s'assit sur le rebord de ma baignoire et regarda fixement ses pieds. Lui non plus ne parlait pas. Ses yeux lançaient toujours des éclairs et ses poings ensanglantés étaient encore serrés. Je pris du désinfectant, quelques cotons et un bandage. Il me laissa lui désinfecter et bander sa plaie sans dire un mot. Il n'avait pas l'air d'avoir mal et ne se plaignit à aucun moment. Une fois son bandage terminé, il se releva sans un mot, alla dans ma chambre et je me contentai de le suivre sans broncher.

- Je suis désolé pour ton miroir, dit-il enfin après un long moment passé dans le silence à contempler les débris de miroir.

- C'est pas grave, dis-je simplement.

Quoique... qu'est-ce que j'allais bien pouvoir dire à ma mère, « Oh c'est rien maman, c'est le voisin d'à côté, il est un peu psychopathe sur les bords et à péter un câble et sinon toi ça va ? »

J'imaginais déjà la tête de ma mère si je lui disais ça et me mis à sourire. Nathan fronça les sourcils devant ce sourire inopportun, mais ne dit rien. Il s'était un peu détendu, ses mains étaient relâchées et son regard s'était radouci. Je profitai alors du calme pour regarder les messages de Sara et de Théophile.

Sara : Hey, désolée, mais je vais devoir annuler pour ce soir, on ne peut pas venir la voiture de Théophile est tombée en panne et je vais rester avec lui pour l'aider, je t'appelle demain biz.

PS : N'ouvre pas au vilain monsieur qui propose des bonbons.

Oh génial, j'allais donc passer mon anniversaire seule à regarder des films et à m'empiffrer de chocolat et de pop-corn. Même si j'aimais faire ça en temps normal, je m'attendais à mieux pour mes 18 ans...

Nathan se redirigea alors vers le balcon. J'allais le laisser partir, mais les fleurs sur mon bureau m'interpellèrent.

- Oh euh merci pour les fleurs...

Après quinze minutes sans parler, j'avais décidé d'enfin briser le silence pesant qui régnait. Il se mit alors à me sourire de son "vrai sourire" comme j'aimais l'appeler.

- Ça va aller pour ce soir ? demanda-t-il.

- Comment ça ?

- Bah, une fille seule, la nuit dans le noir complet chez elle... C'est pas très rassurant ! dit-il avec un sourire machiavélique qui n'augurait rien de bon.

Mesdames et Messieurs, j'ai l'honneur de vous annoncer que Nathan et son sourire insupportable étaient de retour.

- Pour plus de sécurité, je vais passer la soirée avec toi !

- Non merci, je n'ai pas besoin d'un baby-sitter...

- Oh que si ! Allez gros bébé, c'est l'heure de ta bouillie !

Sans attendre ma réponse, il me prit par la taille et me souleva du sol pour me mettre sur son épaule. Après plusieurs tentatives, je dus me rendre à l'évidence. Nathan était beaucoup trop musclé pour que je puisse m'échapper. Il me ramena à la cuisine malgré mes protestations.

- Repose-moi maintenant ! réclamai-je.

- À vos ordres !

Fatiguée par son comportement, je décidai de l'ignorer et partis chercher les bols de popcorns que j'avais soigneusement préparé avant de les apporter devant la télé. Il semblait décidé à passer la soirée avec moi. Car je le savais au fond de moi. Il ne partirait sous aucun prétexte.

Au final, la soirée se passa sans encombres devant la télé à regarder des films jusqu'à une heure du matin. Après notre dernier film, je retournai dans ma chambre, toujours précédée de Nathan, moi pour me coucher et lui pour enfin rentrer chez lui.

- Merci d'être resté avec moi, c'était euh... sympa.

- De rien très chère.

Il arborait toujours son sourire niais, mais une question me trottait dans la tête depuis quelque temps maintenant.

- Nath... euh... je...

Il me coupa dans ma tentative d'articuler une phrase.

- Ah... j'adore quand tu m'appelles comme ça ! s'exclama-t-il.

Je l'ignorai et continuai mon discours qu'il avait tenté d'interrompre.

- Nath, pourquoi tout le monde a peur de toi ? l'interrogeai-je.

Il se rapprocha dangereusement de moi, mais je savais très bien que reculer l'était encore plus. Il était un prédateur et les prédateurs sont encore plus excités en poursuivant une proie si celle-ci montre sa peur et fuit. Il cala une mèche de cheveux derrière mon oreille avant de me chuchoter :

- C'est un secret...

Et sur ces mots qui se voulaient énigmatiques, il me laissa en plan, seule comme une idiote et sans réponse. Après son départ, je sentis un de mes vieux défauts remonter à la surface. La rougeur de mes joues... Quelle idée de s'approcher aussi près. J'étais à présent seule comme une idiote, sans réponse et rouge comme une pivoine.

Le garçon d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant