Chapitre 21

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Deux jours après le retour de voyage, les cours recommencèrent. J'allais au lycée avec Sara, Théophile et Léo. Mais sur le chemin, je traînais un peu. Reprendre les cours ne m'enchantait guère. Et alors que mes amis avaient pris de l'avance, deux bras me tirèrent en arrière pour me coller contre un torse. Je ne le connaissais que trop bien ce torse. J'avais pleuré, tapé, été serrée contre celui-ci. Mais le sentir contre moi me figeait. Je me sentais si bien contre lui, et j'allais devoir ne plus jamais le toucher si je voulais m'éloigner de son propriétaire. Des bras protecteurs m'entourèrent la taille et de douces lèvres s'écrasèrent sur ma joue.

Il fallait que je sois forte, alors je déclarai fermement :

- On ne peut pas Nathan, tu le sais très bien.

Voilà, maintenant, il fallait que je le dégoûte d'avoir traîné avec moi. Le mieux serait d'être désagréable et acariâtre.

Je me dégageai alors de ses bras pendant son moment de stupéfaction.

- Comment ça ? demanda-t-il stupéfait.

J'étais dos à lui et ne me retournai pas. Je ne pouvais pas voir son visage, cela me ferait trop mal et je risquerais de faiblir. Je n'arriverai pas à lui mentir et cela, je ne pouvais pas me le permettre.

- On ne peut pas être ensemble. Le mieux est qu'on arrête de se voir, déclarai-je.

Je le sentais se crisper derrière moi. Il devait être en train de fermer les poings, envoyer un regard noir et tendre tous ses muscles. C'est ce qu'il fait quand quelque chose ne se passe pas comme il l'avait prévu. Monsieur aime contrôler la situation.

- Pourquoi cela ? questionna-t-il d'une voix devenue amère.

Car je ne veux pas être une fille parmi toutes les autres.

Mais je ne pouvais pas dire ça. Je ne voulais pas faire ma précieuse. Je n'aimais pas les filles jalouses et lui dire ça lui avouerait ce que je ressens pour lui et il redoublera d'effort pour m'avoir à ses pieds, sachant que le chemin est tout tracé.

- Je ne veux plus te voir, dis-je sèchement.

Je le sentais tressaillir. J'avais touché un point sensible. Je l'avais rejeté pour ne pas être moi-même rejetée par la suite. De l'auto-défense. Les larmes me piquaient les yeux, mais je ne les laisserai pas sortir. Cela me trahirait.

- Dis-le-moi en face et tu n'entendras plus jamais parler de moi.

Je fus surprise qu'il le prenne ainsi. Il aurait habituellement tout cassé, mais là je n'entendais aucune once de colère dans sa voix. Je me retournai lentement, la tête baissée et les yeux rivés vers le sol. Je relevai doucement la tête et m'attendais à voir une tête en colère, mais ce que je vis me prit au dépourvu. Il était triste. Il n'était pas en colère, simplement triste. Je me demandais si c'était réellement une bonne idée de l'abandonner ainsi.

Je devais agir ainsi ou c'est moi qui allais me retrouver dans cet état dans quelque temps.

Je mis toute la colère que j'avais pu un jour ressentir à son égard dans ma voix.

- Je ne veux plus te voir, affirmai-je.

Il hocha doucement la tête et se détourna. J'allais partir pour ne plus jamais le revoir, mais soudain, j'eus peur qu'il fasse une bêtise. Je courus et le pris dans mes bras. Cela faisait tellement du bien. Je reniflai une dernière fois son odeur. Il sentait le pin, la forêt. Il sentait si bon et c'était la dernière fois que je pourrais le sentir comme ça.

- Ne te suicide pas, lui murmurai-je.

Il eut un rire triste et se retourna vers moi, toujours dans mes bras. Ses yeux reflétaient le désespoir. J'avoue que ses réactions me déstabilisaient.

- Je suis lâche, mais pas à ce point.

Je fus soudain soulagée. Avoir sa mort sur la conscience m'aurait détruit. Je hochai la tête. Il passa sa main dans mes cheveux. Je relevai la tête et il me sourit tristement. Il mit sa main sur ma nuque et rapprocha sa tête de la mienne.

- Juste une dernière fois...

Je le voulais aussi. Je désirais ce baiser. Juste une dernière fois sentir cette douce chaleur quand il m'embrassait.

J'opinai en signe de consentement. Il déposa alors ses lèvres sur les miennes. Je ne le repoussai pas. Il avait les lèvres si douces et chaudes. Il les décolla peu de temps après avant de les recoller, mais cette fois-ci sur mon front. Puis, il partit sans dire un mot. Je le regardais se déplacer. Il marchait lentement, mais gracieusement comme un félin.

Encore une chose qui me manquera chez lui. Il rentra chez lui sans un regard en arrière. Je restais un moment à regarder le dernier endroit où j'avais vu Nathan. Je voulais aller toquer, et m'excuser, lui dire que j'étais conne et que je voulais qu'on se revoie. Mais je ne pouvais pas. J'avais fait mon choix.

J'oublierai Nathan. Je me détournai de sa maison pour me diriger vers le lycée. Mes amis ne m'avaient pas attendu. Ils avaient sûrement vu la scène et s'étaient dit qu'il fallait nous laisser régler ça. À mi-chemin je m'arrêtai. Je ne voulais pas aller au lycée. Je ne pouvais pas. Je fis alors demi-tour. Pour la première fois de ma vie, je séchais. J'errai comme une âme en peine dans les rues, avant de me décider d'aller à la plage. À environ un kilomètre, se trouvait la plage. Je me mis à marcher longuement dans sa direction en traînant des pieds.

Arrivée à la plage, je n'avais qu'une idée, en repartir. J'avais fait quelques pas et à mon grand malheur, je vis Nathan au loin. Il était là, assis sur le sable. Il avait eu la même idée que moi, sauf qu'il n'était pas seul. Il était en train d'embrasser une grande blonde.

Ma respiration se bloqua et tout mon corps se raidit.

Un poing me serra le cœur. Cela faisait mal, extrêmement mal. J'avais envie de pleurer. Mais je m'étais promis de ne jamais pleurer pour un garçon.

Il m'avait vite oublié le con. Il avait relevé la tête et avait croisé mon regard. Il avait écarquillé les yeux. Il ne s'attendait pas à me voir là. Et qu'il ne s'inquiète pas, j'allais repartir immédiatement ! Je me détournai et partis dans la direction opposée.

Une main m'attrapa le bras. Il ne fallait pas être un génie pour savoir à qui elle appartenait.

- Lâche-moi immédiatement ! criai-je.

- Non attends Tessa !

Je me raidis. Il m'avait appelé Tessa. Il n'en avait donc clairement plus rien à faire de moi.

- Je vais t'expliquer ! lança-t-il comme s'il allait sauver la situation.

- Tu n'as rien à m'expliquer, tu as le droit d'embrasser qui tu veux !

Nathan ne voyait pas mon visage et je me mis donc à pleurer. Et puis merde pour la promesse ! Me séparer de Nathan était clairement plus difficile que je me l'étais imaginé ! Le voir embrasser une autre fille m'avait déchiré le cœur.

Je ne voulais et ne pouvais pas le regarder dans les yeux. Je me dégageai de son étreinte et partis en courant. Lorsque je fus au bord du malaise, je m'arrêtai de courir. Je trouvai refuge dans les rochers sur le côté qui se trouvait un peu plus loin sur la plage. Il y avait également une sorte de petite alcôve qui ressemblait à une grotte et je décidai de m'y enfoncer pour pleurer en paix.

Je ne savais même pas depuis combien de temps, j'étais là. Je savais juste que j'étais seule, mais cet endroit avait un côté rassurant. Quand je ressortis de ma grotte, il faisait déjà noir et il pleuvait des cordes. L'orage grondait fort, et dieu sait que je déteste les orages. Ma mère devait s'inquiéter et bien évidement mon portable n'avait plus de batterie ! Les larmes me montèrent à nouveau aux yeux et je me laissai aller et pleurai à chaudes larmes. Au moins elles me réchauffaient les joues. Je regrettais de ne pas avoir pris de pull ce matin.

J'avançais à travers les rochers de la plage en faisant attention à ne pas tomber, mais c'était très difficile puisqu'il faisait extrêmement sombre. Je me pris les pieds dans un des rochers et dévalais la pente rocheuse sur laquelle je me trouvais jusqu'à atterrir dans le sable. Ma tête était lourde. En la touchant, je sentis un liquide tiède sur mes doigts. Je saignais. Mes yeux se fermèrent peu à peu. Les souvenirs de ma première rencontre avec Nathan remontèrent à la surface et je me surpris à sourire. Puis plus rien. Le néant. Je ne voyais plus rien.

De toute façon plus rien n'avait d'importance.

Le garçon d'à côtéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant