Hissez ho !

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  Le vent marin fouette ma chevelure blanche qui s'emmêle dans l'air. Le son des vagues qui tapent la coque émet une douce mélodie. Jamais je ne pourrais me lasser de ce paysage magnifique : l'océan à perte de vue, l'odeur du sel qui m'enivre chaque matin, les dryades dansant dans cette eau sombre. Cela fait quelques mois déjà que Caspian et moi-même naviguons vers une direction bien précise. Les informations sont encore un peu flous mais avec l'aide du capitaine nous avançons dans nos recherches. Mon ami m'avait fait une promesse après la guerre contre Miraz : « je te promets de t'aider coûte que coûte ». Et il l'a tenue, durant des mois et des mois il s'attela à la tache qu'est :  construire un navire. Rien que ça ! C'est là qu'est né le Passeur d'Aurore, robuste bateau qui est tout bonnement sublime qu'on se le dise. Toutefois quelque chose manque, et nous le savons tous les deux : les Pevensie. Cela fait déjà trois ans, ce n'est rien comparé à mille-trois-cent ans mais tout de même, le manque est toujours aussi présent et bien plus fort. Heureusement Caspian m'a donné des choses à faire comme rétablir la paix dans tout le royaume, ce fut rude pour beaucoup mais le résultat en valait le détour. Trois longues années à combattre et faire de beaux discours, le rôle d'une reine et d'un roi. En parlant de roi, Caspian s'approche futilement de moi, néanmoins la discrétion n'est pas son fort sur un sol en bois.

- Tout va bien ? me demande-t-il d'une voix douce en s'accoudant au bord à mes côtés.

- En pleine forme mon capitaine.

- Bien. Que dirais-tu d'un petit duel ? Le perdant récura le pont.

- Et le gagnant recevra un jour de congé, je propose avec un petit sourire narquois.

   Il lève les sourcils d'un air entendu. Nous rigolons ensemble avant de nous diriger vers nos épées. On tuerait tous pour un jour au lit sans aucune corvée, je suis donc partante pour l'avoir ce moment à moi. En tant que seule femme sur ce bateau je n'ai le droit qu'à l'odeur de sueur avec supplément beaufitude en prime. Tout le monde à ses corvées et nous changeons régulièrement les personnes. La cuisine, le ménage, les canons..... tout est bien partagé. Bien entendu certaines personnes ne sont pas très douées dans des domaines, Caspian et la cuisine ça fait quatre. La dernière fois qu'il a testé de faire une soupe aux poissons, la moitié de l'équipage s'est retrouvée par dessus bord à régurgiter tout ce qu'ils avaient avalé. Charmant.

   Bref, revenant au moment présent si vous le voulez bien. Nous choisissons tous deux une arme puis commençons à combattre. Le telmarin n'a en trois ans pas perdu ses incroyables capacités à manier une épée, il est né avec un poignard dans les mains ce n'est pas possible autrement. Je me suis entraînée durant des heures sur ce rafiot, c'est sans doute la seule activité, avec la danse, qu'on veut effectuer pour s'amuser un peu. Mon niveau est encore meilleure et je ne peux que féliciter mon meilleur ami sans qui, je ne serais plus là depuis des années. Grâce aux différentes activités sportives qu'il y a, mon corps a beaucoup changé aussi, j'ai réussi à me tailler une musculature à mon goût et j'en suis ravie. J'ai toujours mes petits bourrelets, toutefois j'ai fini par les accepter. Caspian, Lucy, Susan, Edmund et Ripitchip, tous ces gens m'ont aidé à assumer mon corps sans limite. Nous sommes tous belles et beaux à notre manière et puis, nous n'avons qu'une vie, autant en profiter jusqu'à la fin.

- Encore dans les nuages ? dit Caspian d'une voix moqueuse.

   Pour toute réponse je le désarme d'un seul coup de poignée menant son épée à terre.

- Toujours perdant ? je réponds en rigolant discrètement.

   Le jeune homme s'approche dangereusement de moi, affichant un rictus terrifiant. Je vais passer un sale quart d'heure je le sens à des kilomètres. Il m'attrape par la taille et presse ses doigts sur mes côtes. Ce bougre me fait une attaque de guilis, je déteste ça. Je me tortille comme une anguille entre ses mains en essayant de le faire lâcher prise, sans résultat. Cet homme est un vrai démon quand il le souhaite. Mon rire remplie tout le bateau ce qui fait sourire l'équipage. Des larmes bordent mes yeux, je n'en peux plus, cette torture doit cesser pour ma survie. Je lui tire sa tignasse châtain comme vengeance, sa réaction ne se pas fait attendre, un petit cri s'échappe de sa bouche et mon hilarité redouble d'intensité.

La Fin des Contes (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant