Adieu

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   J'ouvre un œil, un rayon de soleil m'éblouit. Je grogne de douleur. Un tambour ne cesse de frapper dans ma tête sans s'arrêter, je suis fatiguée. Je ne sens même plus mon corps. Je retente ma chance. Mes paupières s'ouvrent petit à petit. Je suis allongée sur un lit blanc, les draps sont chauds, je suis dans ma cabine. Je suis donc toujours sur le Passeur d'Aurore. Un soufflement de soulagement traverse la barrière de mes lèvres, je balaie la pièce du regard. Un grand sourire égaye mon visage.

- Luna, soufflé-je.

   La concernée relève le museau vers moi, ses yeux de félin s'illuminent. Sa petite silhouette saute sur mon lit pour venir me quémander des caresses. Je me contente de lui déposer mille baisers sur sa tête, je suis trop faible pour lever un bras, et j'ai vite remarqué que mon membre de gauche était plâtré.

- Tu m'as fait peur, ronronne-t-elle.

   Je ris doucement.

- Pourquoi n'être pas intervenue ? C'est ton boulot de me sauver les fesses.

   Elle ricane en collant sa tête à ma joue.

- Tu avais la situation en main. Tes pouvoirs se sont décuplés, je n'avais jamais vu ça. Tu étais maître de ton corps.

   Je me souviens très bien de la scène de combat contre le Mal, Edmund nous a tous sauvés, nous avons tous combattus vaillamment. Les narniens disparus ont pu retourner dans leur famille. La petite Gaël a pu embrasser de nouveau sa mère. Une larme roule sur ma joue.

- On a réussi ? je demande, sachant très bien la réponse.

   Ma Luna me lèche le visage, je puise mes premières forces pour la serrer contre moi. Je pleure de joie et de soulagement. Après toutes ces péripéties, je suis en vie ! Une porte s'ouvre soudainement, laissant apparaître une frimousse noire. La mâchoire d'Edmund menace de tomber quand ses yeux se posent sur moi. Je lui tends le bras avec difficulté, il la prend presque instantanément, les larmes aux yeux. Luna s'allonge sur ma poitrine, comme pour être sûre que mon cœur batte encore. 

   Sa main caresse tendrement ma joue, je ferme les yeux quelques secondes, savourant ce contact physique qui m'avait diablement manqué.

- J'ai cru.... j'ai cru que je t'avais définitivement perdue, sanglote-t-il en entortillant une mèche de mes cheveux autour de son index.

   Je passe mes pouces sous ses yeux, chassant ces vilaines larmes. Ed me prend les mains d'un geste doux.

Je suis là. Je suis là, je souffle, front contre front.

  Avec mon accord, il me prend dans ses bras, m'encerclant timidement au début puis resserrant son étreinte au fur et à mesure. Il capture mes lèvres pendant de longues secondes. Il dépose plusieurs baisers sur mon visage, me faisant rire. Ed me regarde, attendri et heureux.

- Je rêvais de ton rire la nuit, l'entendre de nouveau est un soulagement.

   Je fronce les sourcils, j'ai dormi aussi longtemps ? Observant mes réactions, Ed comprend que je ne suis pas encore au courant.

- Tu as dormi pendant une semaine. Ton corps était si faible que j'ai cru qu'il allait tomber en poussière dans mes mains.

- Que s'est-il passé ? je questionne d'une voix enrouée.

   Il ramène une chaise près de mon lit et s'assoie dessus, ne me lâchant pas la main. Luna ronronne, profondément endormie.

- Quand tu t'es évanouie, tu es tombée dans l'eau. J'ai sauté peu après toi, je t'ai ramenée ensuite sur le bateau. Tout le monde pleurait déjà ta mort, c'est Lucy qui t'a donné une goutte de sa potion. Tu respirais de nouveau. Ton cœur s'était arrêté pendant presque cinq minutes. Tu nous a fait une sacré frayeur, ricane-t-il, encore affecté parla scène. Luna a veillé ensuite sur toi. Puis te voilà.

La Fin des Contes (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant