Le dragon

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- Tu as touché l'or qui est ensorcelé et tu as fini comme ça ? je récapitule en massant mes tempes du bout des doigts.

    Après avoir parcouru l'île durant de longues heures, un gigantesque dragon a surgi de nulle part, embarquant Edmund dans ses pattes. Mon cœur a failli s'évanouir dans mes mains, j'étais terrifiée. Quand le noiraud réapparu, il nous expliqua calmement que ce grand dragon n'était autre que Eustache, le pauvre garçon n'a pas su résister à l'appel de l'or. Comme quoi, c'est génétique.

   À l'aide de ses longues griffes, la créature dessine son parcours sur le sable fin. Il secoue la tête de bas en haut, me donnant raison. Je soupire en passant mes mains sur mon visage, il ne manquait plus que ça ! Les Pevensie et Caspian l'observent de près, sa peau remplie d'écailles jaunes est tout bonnement sublime, je n'avais jamais vu un dragon d'aussi près, d'habitude ils veulent nous brûler vifs.

   Ma tête tourne, je manque de tourner de l'œil, la chaleur étouffante oppresse mes poumons qui ne laissent plus passer l'air. Je m'assoie rapidement sur une pierre, je ferme les yeux quelques secondes, essayant de trouver une solution à cette situation qui me sort par les yeux.

   Edmund me prend délicatement la main, ses yeux me montrent à quel point il est inquiet.

- Tout va bien Xana ? demande-t-il d'une voix douce.

- Je ne suis pas tout à fait remise de ma chute sur le bateau, ça va. On ne peut pas le laisser ici, il ne connaît rien de ce monde.
 

   Une lueur attendrie passe dans le regard d'Eustache, il me remercie intérieurement de prendre sa défense.

- Les chaloupes sont prêtes vos Majestés, hurle un centaure près de l'eau.

   Mon copain effectue des cercles dans la paume de ma main avec son pouce, sa présence me rassure, je sais que je peux avoir son soutient à n'importe quel moment. Je commence peu à peu à le pardonner pour tout à l'heure, mais nous devons discuter.

- On ne peut pas le faire monter à bord votre Majesté, me répond le capitaine d'un air désolé.

   Je réfléchis à un argument pour le faire changer d'avis. Je ne suis pas sotte, bien sûr que ce dragon qui pèse l'équivalent du bateau ne peut pas monter à bord, ce serait nous condamner à mort bien trop tôt. Je reprends mon souffle pour faire partir la douleur de mon dos, j'ai besoin de repos. Je relève la tête en même temps que Caspian, il comprend tout de suite la situation.

- Montez avec vos hommes sur le bateau, nous restons ici, Xanacia est blessée, il lui faut encore une bonne nuit de sommeil avant d'être totalement guérie. Nous trouverons une solution d'ici là, explique le telmarin aux hommes du capitaine.

   Un marin grimace.

- Mais vous n'avez aucune provision et aucun moyen de vous réchauffer, la reine sera encore plus souffrante.

   Sans prévenir quiconque, Eustache souffle sur une branche qui s'enflamme aussitôt. Émerveillée, je l'applaudis en affichant un sourire reconnaissant.

- Vous disiez ? renchérit Ripitchip dans un rire moqueur.

   Tout le monde pouffe en levant les yeux au ciel, quel crâneur cet Eustache !

   Nous sommes donc tous les six au bord de l'eau : Eustache, Ripitchip, Edmund, Caspian, Lucy et pour finir, moi. La nuit est tombée rapidement, les autres marins sont en sécurité sur le Passeur d'Aurore. Ne trouvant pas le sommeil, je me balade sur le sable, les vagues mordant mes orteils libres comme l'air. Je sens ma force me regagner petit à petit, je suis assez en forme pour rester éveillée tard. 

La Fin des Contes (3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant