La Fin des Contes (3)

C'est de la triche !

- Ça semble inhabiter. Mais si les seigneurs sont passés par là cela veut dire qu'ils ont dû faire halte ici, remarque Caspian en regardant dans sa longue vue.

    Le telmarin se tient au bout du bateau avec Edmund, le capitaine et moi à ses côtés. Je m'attends au pire avec cette île, la dernière n'était pas amusante...

- Ça pourrait être un piège, rétorque le chauve.

- Ou ça pourrait être la réponse à nos questions, continue Edmund en lançant un regard entendu vers moi.

- Caspian ? je demande.

- Nous passerons la nuit à terre. Et nous explorerons l'île demain, dit-il en rengeant sa longue vue.

- A vos ordres votre majesté, réplique le capitaine.

   Je me retourne en direction de Edmund qui affiche le même air que moi. Un sourire au coin déforme mes lèvres.

- Tu sais ce que ça signifie ? il questionne à mon attention.

   Je hoche la tête de haut en bas. Il lit dans mes pensées. Cette nuit sera mémorable. Je n'ai pas le temps de réagir que Edmund commence à courir vers une barque.

- Le dernier arrivé sur l'île est un oeuf pourri ! hurle le jeune homme en rigolant.

- Tricheur ! je tonne ne levant les bras en l'air.

   Les matelots nous regardent, amusés par notre comportement. Je suis bien décidée à battre Edmund et par tous les moyens possibles ! Si il croit une seule seconde que l'amour est plus fort il se met le doigts dans l'oeil. Je compte bien l'écraser comme un moucheron sous ma botte.

   Lucy, qui est sur le pont, se jette littéralement sur le bord du bateau afin de me faire descendre une barque à la vitesse de la lumière.

- Bat le Xana ! lance-t-elle en brandissant son poing dans l'air. Girl power !

   Je ris et me positionne sur la chaloupe. Ed est déjà loin devant moi et me nargue en faisant des grimaces depuis la mer. Je lui montre mon doigt d'honneur et lui assure qu'il ne perd rien pour attendre.

   Enfin sur l'eau, j'attrape les rames puis effectue des mouvements précis et réguliers. Le noiraud se rend vite compte que je le rattrape et accélère de plus en plus.

   Je tourne ma tête vers le paysage et me retrouve subjuguée devant ce tableau aussi unique : les nuances de rose et d'orange dans le ciel rendent l'atmosphère presque féerique, les reflets du soleil sur l'eau émettent de la lumière contre ma coque, c'est sublime.

   Je m'approche dangereusement de ma cible, celle-ci panique de plus en plus à mon plus grand plaisir. Un sourire sadique s'affiche sur mon visage. Il va perdre.

- Tu es vraiment cruelle ! Après tout ce que j'ai fait pour toi ? gémit-il lorsque j'arrive à son niveau.

- Aucune pitié mon vieux. Je croyais qu'un garçon était plus fort ? je lance en rigolant à gorge déployée face à son expression médusée.

- Tu as une force démesurée ! C'est de la triche ! se plaint-il, épuisé.

- Pas besoin de pouvoir pour te battre.

   À ma phrase, des éclairs illuminèrent les yeux d'Ed. Enfin ! Ça devient intéressant.

- Tu te la joues comme ça ? Très bien. Ne compte pas sur moi pour faire preuve de pitié ! Je n'en ai plus aucune once en moi, crache-t-il.