NIGHTMARE 3 - Chimérique [MxM] [terminé]

2 - Changement de wagon

 Malmené par les remous de la rame, je tentai tant bien que mal de sécher mes larmes, mais je n'obtins pas les résultats attendus. Mes manches, imbibées de liquide, reflétaient parfaitement mon état d'esprit. La vision floue, je supprimai tout de même mon compte Chikan et bloquai le numéro de Logan. Je le détestai tellement. Je ne parvenais pas à croire que lui pouvait me traiter de cette façon. Il se fichait de moi depuis deux ans !

J'entendais à la perfection les gens chuchoter à côté de moi. J'avais honte d'être dans cet état, à la vue de tous et cela renforça mon malaise. Petit à petit, tout reprenait sa place dans ma tête, je reliais les évènements de Nightmare et ceux de Logan. J'avais été si stupide.

Il avait dû tellement rire quand j'avais mentionné Nightmare, la dernière fois dans les archives. Est-ce qu'il avait prévu ça depuis longtemps ? Quel était son but ? Il m'avait aidé avec Mickaël et pourtant, il se révélait pire que lui ? Il était calculateur, vicieux, patient. Oui, il était pire que Mickaël. Un vrai monstre.

Et moi, bête comme mes pieds, je m'étais laissé avoir. Il avait réussi à faire semblant de s'adoucir, à se rapprocher de moi. Il devait jubiler, maintenant sa mission accomplie. Je le haïssais.

La rage enfla en moi. J'étais en colère contre lui ; pour m'avoir manipulé, fait croire que nous étions amis, mais j'étais surtout fou de colère contre moi d'y avoir cru. Parce qu'en fin de compte, que pouvait-on attendre du monstre du troisième ?

En arrivant chez moi, sans pouvoir tarir mes pleurs, j'allais me recroqueviller sur mon canapé, laissant ma peine s'extérioriser sans la retenir. Mon ressentiment augmentait à chaque fois que je pensais à lui, aux moments que nous avions passés ensemble, aux instants où j'avais naïvement assumé qu'il était mon ami. Finalement, ce fut aux environs de dix-sept heures que, vidé de toute énergie, je m'endormis sur mon sofa.

Je me réveillai assez tard le lendemain. Après un café presque bouilli, tant je l'avais fait réchauffer, je vis mon portable clignoter. Je l'attrapai et ouvris le message d'Eva.

« Alors ? Ça dit quoi ? Ton RDV hier, ça s'est passé comment ? »

Je sifflai entre mes dents.

« Mal. J'ai pas très envie d'en parler. »

Lorsqu'elle me proposa de venir chez moi pour que nous en discutions, je refusais poliment. Je ne voulais voir personne. Je n'étais pas en état de sociabiliser. Mon ventre, tordu de douleur, me rendait encore plus morose et je n'avais pas la force de faire semblant de sourire. Pas aujourd'hui. Pas après tout ça.

Toute la journée, je me demandais s'il aurait continué longtemps de double jeu écœurant si je n'avais pas insisté pour que l'on se rencontre. En me couchant ce soir-là, je pris une décision. J'allais officiellement rayer Logan de ma vie. De toute façon, j'aurais été étonné qu'il me recontacte maintenant que je savais pour son plan répugnant. Mais, au cas où, j'étais déterminé à ne plus me laisser avoir par ces hommes qui pensaient qu'ils pouvaient tous s'amuser avec moi sans qu'il y ait de conséquences à leurs actes qui me débectaient.