À L'origine, j'avais vraiment envie de sortir. Mais l'heure à laquelle j'avais prévu de partir afin d'arriver à l'ouverture était dépassée depuis un moment et je me trouvais encore avachi en jogging sur mon canapé. Au téléphone, Beryl me stoppa net dans mes plans.
— Nan, tu peux pas venir ici. C'est mort.
— Pourquoi ?
— Parce que ce soir, je vais prendre Ethan dans tous les sens. Fanny, la sœur d'Ethan nous a pris le p'tit pour la nuit, alors j'veux pas qu'il se sente gêné... Même si c'est mignon quand il est gêné. Mais tu viens pas ! T'avais pas ta fête cheloue là ?
Je soupirai.
— Si...
— Ben voilà. Vas-y, baise un coup. Va faire redescendre la pression.
— Tu me soûles, j'ai pas envie de baiser, grognai-je.
Un rire franc me répondit.
— Mon cul qu't'as pas envie de baiser. Tu veux qu'on reparle de Bébéliah ? T'as pas envie de te le faire lui ?
— Ferme ta gueule et l'appelle pas comme ça.
— Hey, t'as aucun droit sur lui. Donc, tant que vous n'aurez pas couché ensemble ou que vous formerez pas un couple, j'aurais l'autorisation de l'appeler comme je veux. Que ça te rende malade de jalousie ou pas. Ça va p'tet te forcer à te bouger le fiack.
— J't'emmerde, Beryl.
— C'est ça, moi aussi je t'aime. Alors, va baiser et laisse-moi m'occuper dignement de mon mari.
Je ne pus que ricaner.
— Dignement ? Vraiment ?
— Je vais le ravager..., dit-il d'une voix sombre avant de s'adresser à Ethan. Hein, mon amour ?
J'entendis ce dernier lui demander d'avoir l'amabilité de bien vouloir éviter d'étaler leur vie sexuelle à tout-va et Beryl lui répondre que ce n'était que moi, donc, que ce n'était pas grave. Nous raccrochâmes peu de temps après, alors que je n'avais pas pris de décision définitive. Durant une bonne heure, je ne fis que réfléchir, tout en buvant du whisky et je finis tout de même par me dire qu'au pire, même si j'y allais et que ça se passait mal, je pourrais toujours rentrer.
J'allais donc m'habiller et appelais un taxi. En arrivant sur place, je me fis la réflexion que tout ça était peut-être une erreur. Peut-être que j'aurais mieux fait de rester chez moi... à ne penser qu'à Éliah... C'était pitoyable. Il m'avait clairement dit qu'il me considérait comme un ami et que, pire que de refuser mes sentiments, il n'y croyait pas. Alors, autant prendre du bon temps ce soir, de toute façon, ce n'était pas comme si quelqu'un m'attendait à la maison...
En passant la porte, je pris le fameux bracelet glow de couleur jaune qui avertirait absolument tout le monde que j'étais libre et en chien. Je me dirigeai ensuite vers le bar. C'était un passage obligé, car si je ne bourrais pas la gueule, je serais dans le taxi du retour dans dix minutes. Et qui sait, peut-être qu'en buvant j'oublierais la source de mes tourments. Je m'assis sur un tabouret et commandai un nouveau whisky, double et sec. Lorsqu'il me fut servi, je l'avalais d'une traite puis j'en demandais un autre. L'alcool ingurgité chez moi faisait déjà effet, et avec ces deux actuelles doses, il était certain que je serai bientôt complètement fait. Le liquide brûla la gorge, mais je grimaçai à peine, puis je pris mon second verre et descendis au sous-sol, là où la sono hurlait plus que de raison.
Je jetai un coup d'œil aux platines pour y voir Lucas, un bras en l'air et sautant comme un dément au rythme du son qu'il passait. Ce gars, il était bizarre. Avec sa dégaine de petit con et ses cheveux bleus, je me demandais vraiment comment il faisait pour rester à son poste au bureau. Surtout qu'il s'en sortait bien en musique. Certes, il ne mettait pas que ses créations, mais quand il le faisait, c'était toujours sympa à écouter. Je le fixai quelques instants avant de construire un lien entre deux de mes neurones. Lucas, il devait connaître Eva, Gabi et ses mecs... Et forcément, Gabi serait là vu qu'il fait partie du Staff. Ce qui était aussi le cas d'Eva.
À cette pensée, mon cœur se mit à battre plus vite. Non. C'était impossible qu'Éliah soit là. Il n'était venu qu'une fois et vu la façon dont s'était terminée la soirée, je ne pariais pas sur les chances de l'y recroiser. Et il ne viendrait certainement pas pour moi non plus. Moi, son ami... Un rire amer traversa mes lèvres. En lui avouant tout, j'avais été le plus con. Si j'avais simplement coupé le contact avec lui en tant que Nightmare, tout aurait été beaucoup plus facile.
Au final, être honnête et dans le droit chemin ne menait pas toujours à la rédemption. De toutes les conneries que j'avais pu faire, celle-là, elle rentrait dans mon top trois. Le matériel ? Comme une voiture volée, une console brisée, ça se rachetait. Un bras ou un nez cassé, ça se réparait. Mais quand on touchait au mental de quelqu'un, il était normal qu'on se retrouve seul avec sa culpabilité. À sa place, je ne me serais pas pardonné non plus. C'était pour ça que je ne lui répondais plus. Il devait s'éloigner de moi parce que j'étais néfaste pour lui. C'était la meilleure solution, la plus sensée. Mais de mon côté du mur, elle demeurait la plus difficile.
Soudain, une main se posa sur mon bras. Mon regard convergea vers un jeune homme qui passa un doigt sous mon bracelet.
— Salut ! C'est marrant, on a la même couleur, dit-il en me montrant le cercle phosphorescent jaune qui encerclait son poignet.
— Hilarant, même, répondis-je avec un sourire entendu.
Ses yeux se plissèrent sous un ricanement.
— T'es vachement grand, tu mesures combien ?
— Un peu plus de deux mètres.
— Et dire que j'me trouvais grand avec mon mètre quatre-vingt-cinq, rit-il. J'allais proposer de t'offrir un verre, mais je vois que t'as encore de quoi faire...
Je haussai un sourcil et avalai mon verre cul sec.
— Le problème n'existe plus, clamai-je.
— Parfait !
Alors qu'il se mettait en marche, je pris le temps de l'observer. Des cheveux bruns, grand, une tronche qui veut dire « je suis BG et je le sais »... C'était tout sauf mon type de mec. Mais au point où j'en étais, comme il était coutume de dire : une bite n'a pas d'œil, un trou est un trou. Ce gars, là, serait un bon passe-temps.
Je lui emboîtais le pas, tanguant sur mes appuis. Enfin, l'alcool se manifestait. Nous traversâmes difficilement la piste de danse, jouant du coude à coude avec les participants qui se déhanchaient, entre autres activités... Lorsque quelqu'un me bouscula, je me retournai et en entendant ses excuses, je vis, plus loin, une chevelure que je reconnus. Mon corps entier se statufia quand je compris qu'Éliah était là, en compagnie du trio.
Ce fut comme si toutes mes prières avaient reçu une réponse divine. Sans y réfléchir, je fis demi-tour, poussant les gens sur mon chemin et abandonnant complètement l'autre gars. Si j'avais pu courir, je l'aurais fait, mais je dus maintenir une démarche normale à cause de la foule et de mon état. Je n'avais qu'une peur, qu'il s'évapore. Il était si petit et j'avais déjà tant de mal à le voir. C'était un miracle que je sois tombé sur lui ! Je continuais de dégager les gens entre nous et une fois arrivé derrière lui, je me penchais afin de l'enlacer.
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NIGHTMARE 3 - Chimérique [MxM] [terminé]
Roman d'amourAprès la révélation de l'identité de Nightmare, Éliah est anéanti. Trahi par Logan, celui qu'il prenait pour un ami de confiance, il refuse tout contact avec lui. L'ombre du traumatisme engendré par Mickaël est ravivée par ce cauchemar qui semble l'...