Lisa
Lisa : Maman...
Elle avait parlé sans même s'en rendre compte, complètement déboussolée. Elle ne pensait pas que revoir ses parents lui ferait autant d'effet. Elle s'était toujours imaginée leur balancer leur quatre vérités, en pleurant un peu peut-être, mais avec une colère qui bouillonnait en elle, comme avec Isia, mardi dernier. Elle ne pensait pas avoir le souffle court, une boule dans la gorge, les yeux qui piquent et les épaules se secouant dans des sanglots qu'elle tentait d'étouffer. Une main chaude glissa le long de son dos, la faisant un peu sursauter. Mais personne ne le remarqua, puisqu'elle tremblait déjà comme une feuille. Elle leva les yeux vers Cal. Il avait son fameux regard de médecin qui d'habitude l'exaspérait, et il lui souriait. Bizarrement, cela lui donna du réconfort. Ses yeux parlaient pour lui. Courage. Tu peux le faire.
Un peu réconforter, Lisa reporta son attention sur sa mère, devant elle. Sa mère qu'elle n'avait pas vue depuis onze ans.
Maman : Ma chérie...
Elle tendit ses mains devant elle, vers Lisa. Cette dernière remarqua que les mains de sa mère tremblaient, mais qu'elle tenait bon, les gardant devant elle, les yeux pleins de larmes. Son maquillage avait complètement coulé, mais quand Lisa croisa son regard, tout ça n'avait plus d'importance. Elle la reconnut, sa maman d'il y a onze ans. Elle ne pensait plus à sa colère ; elle pensait à tous les autres moments, ceux qu'elle avait oubliés, ceux qui étaient cachés derrière la peur, la tristesse, la colère, la terreur, le désespoir...
Lisa (en sanglotant) : Maman !
Lisa se détacha enfin de Cal, parcourant les derniers mètres qui la séparaient de sa mère, avant de se jeter dans les bras de cette dernière, en éclatant en sanglot dans ses bras. Sa mère la serra contre elle, la serrant fort, respirant le parfum de sa fille, tout en lui caressant tendrement les cheveux. Lisa la serra aussi contre elle, sans pouvoir s'arrêter de pleurer. Plus rien n'avait d'importance. Une main se posa sur sa tête, et Lisa croisa le regard embué de larmes de son père.
Lisa (en soufflant) : Papa...
Il sourit, se retenant de pleurer, reniflant et tremblant lui aussi. Il prit Lisa et sa femme dans ses bras, et ils restèrent tous les trois, sanglotants. Beaucoup de souvenirs refaisaient surface, les bons comme les mauvais, les joyeux et les tristes.
Lisa : Comme vous m'avez manqué...
Maman : Toi aussi... Toi aussi, tu nous a tant manqué...
Papa : Comment ? Comment est-ce possible... ?
Lisa ferma les paupières, tandis que les souvenirs jaillissaient devant ses yeux clos sans qu'elle ne puisse les retenir.
****
Nous sommes onze ans plus tôt, en France, dans un hôpital pas loin de la capitale. À l'intérieur du grand bâtiment, des infirmières en blouses, des patients et des visiteurs parcourent les couloirs, chacun vacant à ses occupations. Au troisième étage, au bloc des soins intensifs, le calme ne règne pas. Des cris déchirants résonnent dans les couloirs, et des curieux passent les têtes par l'entrebâillement des portes, surpris par l'agitation inhabituelle. En chambre numéro 45A, debout sur le lit défait, Lisa Abadie, treize ans, hurle à chaque fois que des infirmières tentent de l'approcher. Elles la supplient de se calmer et de se rallonger dans son lit, que ses blessures sont graves et qu'elle a besoin de repos. Mais la Lisa de treize ans n'écoute pas, elle pleure, crie, tente de se faire entendre. De faire entendre sa douleur interne, qui n'a rien à voir avec ses blessures et la plaie béante qui lui vrille pourtant l'épaule droite. Elle s'est réveillée voilà maintenant trente minutes, et après avoir recouvré ses esprits, ses nerfs ont fait le reste : elle ne supportait pas être chouchoutée, elle ne supportait pas être touchée, manipulée par des inconnus. Ses dents claquaient et tous ses membres tremblaient. De peur, de faiblesse ou de froid ? Lisa n'eut pas le temps d'y réfléchir car la porte s'ouvrit en grand fracas. Elle sursauta et tourna son regard vers la porte qui avait violemment claqué contre le mur. Un médecin en blouse blanche venait d'apparaître. Grand, en costume trois pièces sous sa blouse blanche ouverte sur le devant, blond aux yeux bleus perçant, il se stoppa sur le seuil. Derrière lui, le Callahan de 24 ans, le suivait. Il leva les yeux vers la patiente du médecin qui l'avait pris sous son aile.
VOUS LISEZ
Just Love [TOME 3] {TERMINÉE}
FanfictionNous voici dans le dernier tome, la dernière ligne droite de l'histoire d'Ella et Isia... Deux ans ont passés depuis les derniers évènements ; le mariage entre Sebastian et Isia se prépare, tandis qu'une heureuse et nouvelle surprise attend Dylan et...