NEMAIN

04. Lipothymie

𝐈𝐬𝐲

Vendredi, 10h.

La première chose que j'entend en me réveillant sont les bips insistant d'une machine près de mon oreille.

Trop près !

Mes yeux collés se détachent petit à petit, ce qui me permet de distinguer deux personnes avachies sur des sièges d'hôpital.

D'hôpital ?

Un pic d'angoisse fulgurant mêlé à un sentiment de profonde confusion, me fait violemment tourner ma tête un peu partout pour apercevoir une pièce recouvert d'un blanc crème, et en voulant me lever je n'y arrive pas. Je me sens prisonnière de mes muscles.

Qu'est-ce que je fous à l'hôpital bordel ?

-Elle est réveillée ! S'exclame une voix inconnue pour moi et qui m'agresse les tympans.

La deuxième personne se lève et je reconnais Tanner grâce à sa carrure et son sourire.

Je lui souris en retour et passe ma langue sur mes lèvres, sèches. Je fais plusieurs fois ce geste mais en vain, mes lèvres sont sèches et entaillées.

Une tête d'imbécile apparaît devant mon visage et il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit puisque je le reconnais.

Sacré Dawitt.

J'essaye une seconde fois de me relever mais je n'y arrive pas. Dawitt le vois et viens m'aider. Je grimace face à tant de tendresse et d'aide pour moi.

-Que s'est-il passé ? Demandé-je enfin aux motards en me remémorant petit à petit les événements de la veille. 

-Tu as fait un malaise, répond simplement Tanner. Tu n'as pas mangé ni dormi depuis quand ? M'attaque-t-il directement.

Et je vois que sa question n'est pas anodine, mais si je lui répond il va me faire la morale, alors je ne réponds pas et garde la bouche bien fermée.

-Très bien, dit-il, tu expliquera aux médecins alors.

Je préfère ça !

Comment lui dire que je ne dors qu'une heure toutes les nuits depuis trois mois et que je saute presque tous les repas. Même moi je me demande encore comme je fais pour ne plus être fatigué et arriver à faire autant de combats.

Quelqu'un toque à la porte et un médecin apparaît devant nous avec sa grande blouse blanche.

-Bonjour Madame Ells, commence-t-il en me regardant, je vais vous demander de partir le temps que je parle à ma patiente, dit-il aux deux motards.

Ces deux derniers soufflent et partent sans embrouilles vers la sortie.

-Est-ce-que vous vous rappelez de ce qu'il s'est passé ? Me demande-t-il en sortant une lampe pour observer mes pupilles.

Je le regarde attentif à chacune de ses geste puis lui répond d'une voix calme :

-Vaguement.

Il hoche la tête puis approche sa lampe et me fait écarquiller les yeux. La lumière m'aveugle mais je suis ses instructions sans ronchonner.

-Il se pourrait que nous ayons trouvé une sorte d'agitation chez vous, dit-il sereinement comme si tout était normal.

En même temps c'est son job, me souffle ma conscience qui elle est intacte après cet accident, malheureusement.

-De quoi s'agit-il ? Demandé-je pas du tout sereine comparé au médecin face à moi.