Une Amitié Impossible - Eddie Munson

CHAPITRE DEUX | DIX-SEPT

"I don't need that late night high
I'm floating on my lowkey vibe"
Sex, Drugs, Etc. — Beach Weather

Le mardi 18 mars 1986
8h05

Je me trouve devant le lycée, les cours commencent dans dix minutes. Aujourd'hui, nous allons avoir notre note d'histoire, je n'ai pas hâte du tout. En attendant le début des cours, je suis assise sur un banc en train d'écouter l'une de mes chansons préférées, « Take on Me » de A-HA.
Dix minutes s'écoulent et me voilà dans la salle de Mme Williams et comme par hasard, Eddie est assis juste à côté de mon bureau.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu vas au fond d'habitude ?
— Pas aujourd'hui, je veux voir notre copie.
— Ouais... Tu pourras la garder, je n'en veux pas.
— D'ailleurs, excuse-moi pour hier, je ne voulais pas te vexer. C'est juste que je ne pensais pas qu'une fille comme toi savait...
— Une fille comme moi ? Comment ça ?
— Silence dans la salle ! crie Mme Williams.

Eddie se tourne vers elle, je fais de même et nous commençons le cours.

— Alors, concernant les travaux que vous m'avez rendus hier, la moyenne de la classe est de dix sur vingt. La pire note étant de deux et la meilleure de dix-sept, annonce notre professeure.
— C'est nous qui avons deux, c'est sûr... 
— Qu'est-ce que tu dis, Sherlock ?
— C'est nous qui avons deux !
— Mlle Jones ! Moins fort, s'il vous plaît.
— Pourquoi tu dis qu'on va avoir deux ? Tu es l'une des meilleures élèves de la classe.
— Oui, mais...
— Attends... Tu insinues que nous allons avoir une mauvaise note, car j'ai redoublé deux fois ma terminale ?
— Non, ce n'est pas ça... Je...
— Laisse tomber, j'ai l'habitude.
— Munson... 

Je l'ai vexé. Il détourne le regard, prend un stylo et commence à gribouiller son cahier qui ne ressemble plus trop à un cahier d'ailleurs.

— Je vous rends vos copies à la fin de l'heure. Maintenant, au travail !

✴︎

— Avant que vous ne partiez, venez récupérer vos copies. Sauf Hannah et Edward, j'aimerais vous voir quelques minutes.

Je me tourne vers ce dernier qui est toujours en train de gribouiller, jusqu'à ce que la professeure arrive. Je n'ose même pas lui adresser la parole.

— Alors, je suis assez surprise du travail que vous m'avez rendu.
— Tout est de ma faute, intervient Eddie. Ne pénalisez pas Hannah, elle ne mérite pas d'avoir un deux dans sa moyenne.
— Qui vous a dit que vous aviez eu deux sur vingt ?
— Comment ça ? demandé-je.
— Vous n'avez pas eu deux. Et oui, Edward, tout est de votre faute. Ou je dirais plutôt, grâce à vous.
— Pardon ?
— C'est vous qui avez eu dix-sept.

Je regarde Eddie, qui lui aussi me regarde à son tour, tout aussi surpris que je ne le suis.

— Comment est-ce possible ? Je n'ai jamais eu dix-sept de ma vie.
— Chaque page était sur dix points. Vous avez eu tous les deux, une note sur dix. Une fois vos deux notes assemblées, elles ont formé une note sur vingt.
— Et pourquoi, c'est grâce à moi ?
— Hannah a eu huit sur dix. Et vous, vous avez eu neuf sur dix.
— Je n'y crois pas, s'exprime-t-il avec enthousiasme.

Un grand sourire apparaît sur son visage, ainsi que sur le mien.

— Suite à cela, j'ai pensé à quelque chose qui pourrait vous rendre service à tous les deux.
— Qu'est-ce que c'est ? je demande.
— Hannah, vous pourriez donner des cours particuliers à Edward. En échange, vous auriez une bonne appréciation dans votre bulletin scolaire qui vous servira pour trouver une université digne de votre niveau.
— Qu'est-ce qui vous dit que je veux qu'Hannah me donne des cours ? reprend Eddie.
— Il n'y a qu'avec elle que tu as des notes au-dessus de la moyenne, lâche la prof. Et si tu souhaites quitter le lycée, c'est ce qu'il te faut, des bonnes notes.
— Et qu'est-ce qui vous dit que je veux l'aider ?
— Je ne sais pas ce qui se passe entre vous deux, mais vous n'avez plus le choix, ma décision est prise.
— Bon d'accord, je l'aiderais.
— Edward, vous avez intérêt à suivre ses conseils.
— Promis, Madame, souffle-t-il.
— Maintenant, vous pouvez y aller. Qui récupère la copie ?
— Étant donné qu'il s'agit d'une bonne note, Hannah peut la prendre, souffle-t-il à nouveau.