Une Amitié Impossible - Eddie Munson

CHAPITRE VINGT-NEUF | SENTIMENTS

"It must have been something you said
I just died in your arms tonight"
(I Just) Died In Your Arms – Cutting Crew

Le dimanche 4 mai 1986
20h00

– HANNAH –

Cela fait trois jours que nous nous sommes disputés avec Eddie. Je ne l'ai pas revu depuis. À vrai dire, je n'ai revu aucun de mes amis. Ces trois derniers jours, je les ai passés avec mon père. Quelquefois, Dustin et Nancy me contactent par Talkie. Pendant ces trois jours, j'ai lu, j'ai cuisiné avec mon père, nous avons regardé des films... Mais j'ai surtout pleuré... Je déteste être en froid avec les personnes que j'aime. Ma réaction peut paraître exagérée, mais je déteste vraiment le mensonge. Il est actuellement 20h00, et ma mère m'a demandé d'aller offrir un gâteau à Susan Mayfield, qui est toute seule depuis plus d'un mois maintenant. Mes parents ne sont pas au courant de ma dispute avec Eddie.

— Tiens, ma puce. Je t'ai mis le gâteau dans un sac, me dit ma mère.
— Merci, je vais prendre mon vélo pour aller plus vite.
— Tu rentres après ? demande mon père.
— Oui, pourquoi ?
— Tu ne vas pas voir ton petit ami ? Ça fait trois jours que tu ne l'as pas vu. D'habitude, vous êtes tout le temps ensemble.
— Oh euh... Je ne sais pas... Peut-être.
— Tu fais très attention sur la route, d'accord.
— Promis.

Je sors de la maison, prends mon vélo et me dirige vers le parc de roulottes de Forest Hills.

– EDDIE –

Ces trois derniers jours ont été les pires de ma vie. Je m'en veux d'avoir menti aux autres et surtout à Hannah. J'hésite à aller la voir pour discuter, mais j'ai peur qu'elle me remballe. Il est 20h30, ça fait trente minutes que je tourne en rond dans le salon. J'en ai marre de tourner en rond, et je pars en direction de mon van pour aller voir Hannah. Cependant, quand je sors de chez moi, je vois Hannah, en train de monter sur son vélo, quittant la maison Mayfield. Elle me voit et se stoppe net. On se regarde dans les yeux pendant au moins trente secondes. Elle détourne le regard et commence à partir.

— Attends. S'il te plaît... je lui dis.

Elle s'arrête, mais ne me regarde pas.

— Est-ce qu'on peut parler, s'il te plaît ?
— Parler de quoi ? dit-elle, ne me regardant toujours pas.
— De nous... 
— De nous ? elle me regarde.
— Entre, s'il te plaît...

Je la vois souffler légèrement. Elle dépose son vélo contre le mur de mon mobil-home et elle me rejoint sur la terrasse.

— Entre, dis-je en lui ouvrant la porte.
— Merci.

Elle entre et se place vers la table de la cuisine. Je ferme la porte derrière moi et me place à quelques mètres d'elle.

— De quoi tu veux parler ? rompt-elle le silence.
— Je suis désolé.
— De... 
— De t'avoir menti... Je sais que tu détestes le mensonge, mais je ne veux pas que tu sacrifies ta vie pour la mienne. Je sais que tu ne risques rien, mais ce n'est pas une raison pour que tu risques ta vie pour tout le monde et surtout pour moi... 
— Et pourquoi tu ne m'as pas dit ça, au lieu de me mentir ?
— Je te connais, Hannah, tu es tellement têtue que tu ne m'aurais pas écouté... 
— J'aurais quand même préféré que tu me le dises. J'ai du mal à faire confiance aux autres, sauf avec toi. Je t'ai fait confiance dès le début et je ne pensais pas que tu me mentirais. Tu as failli mourir, Eddie.
— Je le sais, mais... Je te fais confiance, moi aussi... 
— Arrête de mentir... 
— Je ne te mens pas, Hannah... 
— Je ne sais plus quand tu me dis la vérité ou quand tu me mens maintenant, elle commence à s'énerver.
— Hannah, s'il te plaît... 
— Quoi ? Attends, laisse-moi deviner, tu m'as menti aussi en me disant que tu étais amoureux de moi, c'est ça ?