L'autre monde

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Le 22 Avril 2031. Neuf ans se sont écoulés depuis le désastre du jeu Sword Art Online. Pourtant, les joueurs du monde entier semblent avoir oublié cette catastrophe qui avait coûtée la vie à des milliers de personnes, prisonnières de cet enfer en 3D. Les RPG de ce genre se sont multipliés, et de plus en plus d'adolescents, d'adultes, y jouent sans se soucier le moins du monde que si le bouton de déconnexion, sur la page de menu, venait à disparaître, ils se retrouveraient enfermés dans ce jeu de réalité augmentée, peut-être pour toujours, avec la peur quotidienne de mourir, des crocs acérés d'un boss ou de la lame d'un autre, pris d'un coup de folie...

J'étais petite à l'époque... Et pourtant je m'en souviens. De ce monde si fascinant, si envoûtant, qui semblait m'appeler à chaque fois que je passais devant un magasin qui vendait ces appareils, appelés Nerve Gear. Ça m'a fait peur, dès lors qu'on m'a annoncé la mort d'un membre de ma famille, décédé dans le jeu. Et pourtant, cette peur a disparu avec le temps, remplacée par cette envie viscérale de me jeter à corps perdu dans cet univers quasi réel ; et c'est ce que j'ai fait.

L'esprit humain est parfois dur à comprendre...

Je l'admets. Et même si mes parents me l'interdisaient, j'ai tout de même acheté, avec mes économies, ce nouveau modèle de Nerve Gear, plus léger et plus agréable à porter. Et aujourd'hui, c'est devenu ma passion.

La sonnerie. La fin des cours ; du moins pour aujourd'hui. Toute la classe range vivement ses affaires, pressée de pouvoir flâner dehors sous le doux soleil de printemps. Une élève se dirige vers moi ; elle a les yeux vert clair et les cheveux courts, bruns, et des formes... plus ou moins prononcées... C'est ma meilleure amie. C'est Kanae.

-Qu'est-ce que tu fais Haruna ? Haruna ?

Voyant mon regard attiré autre part, elle soupire bruyamment.

-C'est encore lui c'est ça ?

Oui. Encore lui. Et j'en suis amoureuse... Ce garçon que toutes les filles désignent comme le plus beau de toute l'école - et en un sens, je suis assez d'accord avec elles... - et le harcèlent de confessions amoureuses. Je suis peut-être l'une des seules à le regarder de loin...

Fils d'un homme influent de la région, fortuné, tout le monde s'accorde à dire qu'il a le physique du prince charmant avec ses prunelles bleutées qui vous ensorcèlent dès lors que vous avez la chance qu'elles se posent sur vous, et ses cheveux blonds cendrés exhumant un parfum agréable, que j'aimerais sentir tous les jours à loisir... Cependant, je n'ai jamais osé aller vers lui...

Lui est en train de parler avec ses amis ; quant à moi, Kanae essaye de rentrer en contact avec mon esprit égaré.

-Oh, je suis désolée, Kanae... J'avais la tête ailleurs... dis-je en m'excusant vaguement.

-C'est pas grave... Mais fait gaffe quand même... L'amour c'est beau mais ça peut aussi tirer vers le bas...

Elle jette un coup d'œil rapide sur la feuille que je tiens entre les doigts - un contrôle récent rendu par notre professeur où j'ai tout juste eut la moyenne - et soupire à nouveau avant de tourner les talons et de me lancer :

-Je t'attends dehors !

Je rougis légèrement en pensant à cette opportunité de parler avec Takashi, mais voyant qu'il est bien trop occupé, je me résigne à sortir de la salle. Cependant, je l'entends m'apostropher :

-Hé !

Je me retourne vivement en rougissant, et le vois s'approcher de moi. Je le dévisage et entends alors des rires derrière moi.
Sasane vient de rentrer dans la classe, fraîche et pimpante, comme à son habitude, attirant les regards des garçons encore présents sur son corps si bien dessiné, de ses cheveux noirs senteur jasmin à ses fines jambes de danseuses en passant par ses yeux couleur caramel et ses lèvres roses légèrement courbées sur son visage au teint pâle lui donnant l'allure d'une poupée. D'une beauté quasi indescriptible.

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