Message

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Il neigeait, ce jour-là.

De gros et duveteux flocons tombaient du ciel grisonnant, s'éparpillant sur la ville, lui donnant une allure fantastique. Il faisait froid, aussi : le bonnet et l'écharpe étaient de rigueur.

Il gravissait péniblement la longue rue commerçante qui lui permettrait de rejoindre son lycée, un peu plus loin ; ses pas s'enfonçaient dans la neige fraîche, et son souffle formait un épais nuage de buée devant lui. Quelqu'un l'interpela :

« Eh, Hiro !! »

Le concerné se retourna, emmitouflé dans son anorak. Il avait de grands yeux bruns, légèrement brillants, qui contrastaient sur sa peau d'une blancheur immaculée : seul son nez un peu rougi par le froid ajoutait une touche de couleur au tableau. Tandis que sous son bonnet, on pouvait deviner l'anarchie capillaire, un détail le différenciait de tous les autres : un grain de beauté sous son œil droit.

Reconnaissant celui qui l'avait appelé, il le salua :

« Salut, Takumi... »

Le jeune homme rejoignit son ami, et ils commencèrent à discuter : ils étaient amis depuis la primaire, et depuis, ils ne s'étaient plus jamais quittés. Ils étaient pourtant les opposés les plus extrêmes – Hiro préférant le calme et l'étude, tandis que Takumi en adorait les contraires –, et quelque fois, cela menait à bien d'étranges situations...

Leur discussion les mena finalement devant l'établissement scolaire, à partir duquel leurs chemins se séparèrent. Aussi curieux que cela puisse paraître, ils avaient le même âge, mais pas le même niveau : ainsi, à tout juste quatorze ans, Hiro entamait son dernier trimestre au lycée, avec pratiquement quatre ans d'avance sur son ami.

Bien sûr, cela pouvait être étonnant, de la part d'un garçon aussi jeune que lui, de délaisser, en quelque sorte, ses quelques années d'adolescences pour entrer directement dans la vie active.

Qu'allait-il faire de sa vie ? Ça, il le savait très bien. Honorer le blason familial en obtenant un poste important ; pourquoi pas médecin, d'ailleurs ? Il ne pouvait pas hériter de l'affaire familiale, alors... Il fallait bien trouver un métier qui rendrait ses parents fiers ; et puis, égaler son grand-frère était un idéal qu'il poursuivait sans relâche.

Pourtant, il ne pouvait que sentir son cœur se serrer quand il voyait son meilleur ami, si proche et si loin de lui, participer à des sorties entre amis et s'épanouir dans un monde qui n'en attendait certainement pas autant de lui.

Il avait toujours eu l'impression d'être de trop dans cette classe, isolé au fond de la salle et grattant le papier avec sérieux et application. Il était heureux de susciter l'admiration et le respect de ses professeurs ; il en était même fier. Cela le faisait exister dans un monde d'adultes qu'il ne tarderait pas à rejoindre, et le mettait sur un pied d'égalité avec ces gens qu'il avait toujours admiré.

Mais il y avait toujours ce trou béant au fond de lui, celui d'être un peu différent, de ne pas rentrer dans les codes de la société. Certes, on louait son intelligence, son génie ; mais on critiquait aussi ces mêmes qualités, dans le but de le faire flancher.

Et il en avait souffert, durant son enfance.

Cependant, aussi souvent que cette solitude venait le hanter, il savait qu'il pouvait compter sur Takumi, et quelque part, c'est tout ce dont il avait besoin.





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