Aura Spirit Online

Insolence

            Elle acquiesce vivement, avant de se laisser à nouveau tomber dans mes bras, comme si elle s'attendait à ce que je lui file entre les doigts. Je lui rends son étreinte, encore surprise par cette révélation.

Qui aurait pu croire que la frêle et pourtant agressive Faye puisse en réalité être Kanae ? Leur caractères, bien qu'en partie similaires, ne m'aurait fait douter qu'il puisse s'agir de la même personne... Je pensais trop bien connaître Kanae : l'imaginer jouer à ASO aurait relevé de la fantaisie ! Pour moi, elle était une personne bien ancrée dans la réalité, qui détestait les jeux vidéo, et qui en quelque sorte, était l'une des chaînes qui me retenait encore au monde réel.

Même si je dois avouer que connaître cette partie de sa personnalité me fait plaisir...

Je lève les yeux sur un Tyrion complètement abasourdi, qui tente d'intervenir : n'osant pas, je le fais pour lui :

« Tyrion, je te présente ma meilleure amie, Kanae. »

Cette dernière relève la tête et ses yeux jaunes félins croisent ceux de l'archer. D'abord méfiante, elle assène :

« Kanae Fujisaki, c'est mon nom. Mais est-ce qu'on peut te fait confiance à toi, monsieur numéro quatre ? »

Il grimace légèrement à cette appellation, puis réplique :

« Je suppose qu'on va devoir faire avec... Masaomi Shimizu : moi aussi, je suis enchanté de te rencontrer... »

Tous les deux semblent sur le qui-vive, attendant l'intervention de l'autre, sur laquelle ils pourraient rebondir. La rivalité qui, il y a quelques semaines déjà, avait commencée à creuser un fossé entre eux vient de se transformer en méfiance partagée. Je soupire doucement, un peu déçue qu'une amitié n'ait pas pu se former...

Le trajet jusqu'au grand Hall se fait en silence, et c'est presque avec appréhension que je pose cette question à Kanae/Faye :

« Dis... Le garçon qui était avec toi le jour de la nomination des délégués, c'était ton petit frère ? »

« Ah, tu veux parler d'Arty ? », s'exclame-t-elle. « Oui, c'est bien J... ! »

Tyrion vient de lui donner un coup de coude, et elle grogne de mécontentement avant de tenter de continuer, ce que je la dissuade de faire :

« Caméra... » je murmure d'une voix à peine audible, espérant être couverte par la foule qui nous entoure à présent.

Elle semble comprendre, puisqu'elle se tait, d'un mouvement de tête entendu, alors que nous rentrons dans le Grand Hall.

De par notre statut, heureusement, nous pouvons aisément nous faufiler dans le bâtiment, et rejoindre la tribune qui nous est réservée, au milieu, et en plus, à l'avant. Les autres sont tous là.

Je m'en vais rejoindre ma place attitrée, entre Merior et Hae. Alors que je sens un mur de glace d'un côté, je remarque alors un regard insistant de l'autre. Un peu gênée, je l'apostrophe plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Cela ne le décourage pas pour autant, et malgré moi, il assiste au passage de mon visage au rouge cramoisi.

Soudainement, il se met à rigoler, et, vexée, je me retourne vers l'estrade, faisant la moue ; il essaye alors de s'excuser...

« Désolée, Sana... Tyrion m'a dit qu'en fixant les gens de cette façon, la réaction pouvait varier d'un individu à un autre... J'ai voulu essayer, pour voir. Et résultat, tu es un cas à part ! »