« Eh, Sana ! Pourquoi t'es partie comme une flèche avant ? Tu m'as laissée toute... »
Un claquement se fait entendre, et un silence gênant tombe sur la salle des délégués ; Faye et Tyrion, dont les têtes passent par l'entrebâillement de la porte me fixent, éberlués, puis sont rejoints par Cannelle et Arata, qui se demandent certainement ce qui est arrivé.
Je l'ai giflé. Avec toute la force dont j'étais capable.
Il ne bouge pas, ne dit mot : on le voit tout juste respirer, ses prunelles éteintes fixant le sol. Il porte une main à sa joue endolorie, et c'est au moment où son regard essaye de capter le mien que je sors de la salle, marchant rapidement.
Je manque de rentrer dans Faye, mais je ne relève pas le regard pour ne serait-ce que m'excuser. Un tourbillon d'émotions balayant mon corps tout entier, ce serait vraiment trop me demander.
Je m'extirpe du bâtiment en ravalant mes larmes, de peur d'être vue ; des centaines d'élèves sont encore à flâner dans les jardins, et je comprends bien vite que je n'aurai pas de tranquillité là-bas. Je laisse mes pieds me porter...
J'avais toujours cru que l'amour était un sentiment que l'on devait partager à deux ; qu'un jour, je rencontrerai quelqu'un qui m'aimerait, et que j'aimerais en retour. Et ce quelqu'un, jusqu'à maintenant, je pensais qu'il s'agissait de Takashi...
J'ai certainement été trop fleur bleue, pour espérer que quelqu'un comme lui regarde quelqu'un comme moi ; j'avais repris espoir il y a quelques semaines, quand il m'a rencontrée sous la forme de Sana, et je crois avoir été heureuse de ne plus être un fantôme à ses yeux.
D'être parvenue à enfin devenir quelqu'un digne de son attention.
Mais était-ce réellement la solution ? A présent, je me retrouve de nouveau à la case départ : et j'ai l'impression qu'à chaque jour qui passe, le fossé qui auparavant semblait se combler petit à petit, se creuse maintenant de plus en plus.
Et aujourd'hui, une nouvelle voie s'offre à moi.
Je ne l'avais jamais vraiment pris au sérieux. Hae ? Ce type louche qui est arrivé sur cette île comme s'il était quelqu'un d'extrêmement dangereux ? Sans mauvais jeux de mot, il ne ferait pas de mal à une mouche. J'avais bien compris qu'il avait une attirance pour moi : peut-être pas amoureuse, mais je comprenais bien qu'un jour, à un moment précis, nos chemins s'étaient croisés. Peut-être je ne m'en souviens pas, aussi bien que j'ai failli oublier mon propre nom. Mais j'ai sans doute sous-estimé, ou voulu ne pas voir, la nature de ses sentiments. D'ailleurs, veulent-ils dire quelque chose ? C'est une chose dont je ne pourrai être jamais sûre à moins d'aller lui parler. Et autant dire que pour le moment, ce n'est pas vraiment gagné...
Et puis pourquoi, expliquez-moi pourquoi, son regard sur mon corps me paralyse, ne m'offre plus la possibilité de penser, de ressentir, de m'enfuir comme je l'aurais certainement fait auparavant ? Pourquoi tant de remue-ménage pour quelqu'un que je ne connais que depuis quelques semaines ?
Je suis recroquevillée sous les arcades du bâtiment dortoir, un endroit que personne ne connait, car il est pratiquement invisible, impossible d'accès, car dissimulé par de hauts arbustes, et autres plantes larges. Je mentirai en disant que mes yeux rougis, boursoufflés, n'ont pas pleuré. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, et je n'arrive pas à le calmer ; je tremble par moment, même s'il fait chaud, et l'idée que je serai certainement mieux dans ma chambre ne m'effleure même pas l'esprit...
VOUS LISEZ
Aura Spirit Online
Fanfiction"Le 22 Avril 2031." Devant le succès grandissant du nouveau jeu en réalité virtuelle - autrement dit VRMMORPG - Aura Spirit Online, on n'imagine pas le moins du monde qu'une tragédie semblable à celle d'il y a neuf ans va se repéter, entraînant av...