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Lames croisées

Nous sommes d'une proximité telle que j'arrive à sentir son souffle sur mon visage ; du bout de mes doigts, je sens le fer de mon épée vibrer sous la puissance du choc.

Une légère déflagration s'est d'ailleurs faite sentir : en témoigne le sable de l'arène virevoltant autour de nous. La pression unissant nos deux épées finit par nous séparer, et nous retournons chacun d'un côté du terrain.

Je reprends mon souffle, et me remets en position de combat.

Il s'est bien joué de moi...

Me faire croire en son ingénuité, pour mieux me faire plier sous la force de sa lame ; cette dernière est immense, et la mienne paraît bien ridicule, à côté...

Je l'observe, en face de moi : il est dans une position inadaptée au combat. Si j'utilisais maintenant ma technique spéciale, il serait fichu...

Cependant, s'il a arrêté mon offensive aussi facilement, c'est qu'il a de bon réflexes de vitesse ; utiliser maintenant ma meilleure technique n'est donc pas la bonne stratégie à adopter...

Il faut que je l'épuise...

Il regarde dans ma direction, d'une innocence presque surréaliste. Je m'approche de deux pas, et il me lance :

« Je ne veux pas te faire de mal, Sana... »

Je m'arrête, et nous commençons à arpenter l'arène circulaire, nous tournant autour. Je brandis ma lame devant moi, prête à un quelconque assaut.

« Qui es-tu ? Comment est-ce que tu connais mon nom ? », je murmure, entre les dents.

Comme il ne répond pas, je prends l'initiative des questions :

« On se serait déjà rencontrés dans la réalité ? Dans le jeu ? Est-ce que tu sais qui je suis réellement ? Tu me confonds peut-être avec quelqu'un que tu connais... »

Il semble préoccupé, son regard perdu dans le vide, regardant le sol. Profitant de l'occasion, je bondis, prête à encaisser le choc frontal.

D'une vitesse incroyable, nous échangeons plusieurs coups, bondissant sur les murs entourant l'arène, en contrebas des gradins. Nous nous croisons, nous rejoignons, pour mieux être repoussés par la force de nos épées.

Je n'entends plus les divers commentaires faits par les commentateurs sur notre prestation: les voix me paraissent d'ailleurs très lointaines...

Je n'entends plus que les entrechocs du métal, assourdissant.

Lorsque nous nous arrêtons enfin, je suis essoufflée et remarque plusieurs endroits où je me suis écorchée ; un liquide rougeâtre s'échappe de mes plaies...

« Nous ne sommes pas obligés de nous battre, Sana... »

« Arrête de m'appeler par mon prénom ! », je hurle, agacée par tant de candeur.

Je me jette alors sur lui, esquivant les coups qu'il m'envoie, et nous croisons le fer plus d'une dizaine de fois encore avant que, ayant pris assez de vitesse, je ne saute de la paroi de l'arène, prenant mon élan, pour ainsi m'élever dans les airs.