Chp 15 : Hostilités et Vérités

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- De quoi ? Si vous n'avez rien à m'offrir vous ne monterez pas ! DU BALAI !

- Mais... Je n'ai rien sur moi. J'ai à peine de quoi me rendre chez ma famille...

- Je ne veux rien savoir ! Dégagez !

D'un grand coup de rame, Edgard repoussa le déchet qui s'était présenté à lui tout en fixant du regard, au loin, les pauvres sortir des ponts inférieurs. Il renifla et marmonna.

- Bandes d'inaptes... Même pas capable de tenir une grille correctement !

Les dents serrées, Edgard se dépêcha de faire le tri parmi les hommes, femmes et enfants présents de la Haute-classe. Les riches devaient obligatoirement payer leur passage, sinon, il les refusait et les renvoyait chercher de quoi le récompenser.

D'un coup d'œil, l'acariâtre majordome observa son dernier canot se remplir, les poches remplies de billets et de pierres précieuses. Il jubilait en tapotant son costume tout en enfilant son gilet de sauvetage. Il allait pouvoir embarquer et admirer le spectacle -que ceux qui avaient réservé soient là ou non. Il restait à présent si peu de canots que les pauvres ne pourraient pas sortir de là vivants. Quelques-uns tout au plus passeraient le maillage mais c'était assez pour le consoler. Il avait fait son devoir.

- EH ! VOUS ! STOP !!

La rame fendit l'air pour bloquer l'arrivée de deux mastodontes aux muscles saillants. Edgard ne se démonta pas même lorsque la rame se brisa en plusieurs morceaux dans le poing des jumeaux aux rouflaquettes. Le Steward sortit aussitôt son arme à feu et les visa.

- Si vous n'avez pas de quoi payer le passage, OUSTE ! Et vu votre visage je suis persuadé ne pas me tromper sur votre classe sociale, déchets humains !

L'œil en moins scruta son frère avant de partir dans un fou rire.

- Qu'est-ce qui vous fait rire bande de primates ?! Vos deux neurones se sont touchés ?! Je vais vous apprendre à...

Edgard voulut tirer mais le cicatrisé s'empara du canon et flanqua une rouste au majordome qui s'étala dans l'embarcation de bois sous les hurlements des passagers déjà installés. Son frère le domina de son ombre.

- Alors toi, je suis pas sûr que t'ai bien compris ta place dans la chaîne alimentaire, pouffa-t-il. Tu crois que ton misérable veston rempli de billets te permet de nous parler comme ça ? Tu connais la loi du plus fort ? C'est la loi universelle de toute vie ici-bas. Les plus puissants dominent les plus faibles. Et je ne parle pas que d'argent mais bien de force brute. En tant que petite chose frêle et fragile, tu ferais bien de la boucler. Conseil d'ennemi.

Les roux offrirent leur plus beau sourire carnassier à Edgard qui, s'il avait pu, serait rentré en lui-même pour se cacher. Il tremblait et se releva lentement en position assise.

- Excusez-moi, messieurs, vous... vous pouvez prendre place, bien entendu. Allez-y, prenez tout ce qu'il vous plaira.

- Je préfère ça, ricana l'œil unique.

Les passagers se reculèrent contre les sièges, terrorisés par les mercenaires tous droit sortis d'un film de guerre. Le jumeau à la cicatrice ramassa l'arme à feu et la réenclencha avant de pointer la populace du canon.

- Allez, dehors tout le monde, on réquisitionne ce canot !

Des pauvres arrivaient en courant pour trouver une place avant de faire demi-tour, effrayés par ce à quoi ils assistaient. Tout le monde esquiva la scène sans chercher à s'interposer.

- Qu...Quoi ? Essaya d'articuler le Steward.

- T'as pas bien entendu le maigrelet ? Ouste, dehors, du vent, du balai... TU DEGAGES !

Le voyage du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant