Chapitre 15

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Lorsque je me réveille, j'ai la tête dans le brouillard et la bouche pâteuse. Le soleil perce à travers les rideaux de ma chambre. Il est déjà bien haut dans le ciel, mais quelle heure est-il ? Mon réveil n'a pas sonné ? Je tends la main sur ma table de chevet et attrape mon téléphone. Quand j'essaie de déverrouiller l'écran, il ne se passe rien. J'attrape l'embout de mon chargeur et le branche. Je sais que je devrais m'activer pour aller au boulot, mais je ne crois pas être en état de me rendre au journal. Je me ferai porter pâle quand mon téléphone aura repris un peu de batterie.

Putain, j'ai mal au crâne. Je tente de me remémorer ma soirée d'hier. Alors en premier lieu, j'allais me mater un bon film avec un pot de glace, puis je suis allée au chapeau de roue... Bouah, j'ai l'impression que mes mâchoires sont collées avec un vieux chewing gum. Je passe ma main sur mon visage. Et là, je remarque un bleu dans le pli de mon coude. Je déplie mon bras et... Non, non et non.

Je n'arrive pas détacher mon regard plein de larme d'une des pires conneries que j'ai jamais faites. Tout me revient, Tina, les courses, Raoul et... Le shoot d'héro. Je suis vraiment trop conne, la pire des débiles de la planète. Je bondis de mon lit et fouille mes poches. Le papier que Raoul m'a donné avec les noms ! Où est ce putain de papier ! je retourne carrément mes poches et tire dessus au point d'en arracher la doublure et rien ! Cette pourriture s'est joué de moi. Il a profité que j'étais raide pour reprendre ce foutu papelard.

Mais qu'est-ce qui s'est passé d'autre pendant que j'étais inconsciente et comment je suis rentrée chez moi ? Et aussi qu'est-ce qui m'a pris de faire une connerie pareille ? D'énervement, j'envoie un coup de poing dans le miroir qui me revoie l'image de moi, il y a des années, quand j'étais complètement accro, rachitique, le teint blafard et les yeux cernés. Le verre se brise et je me coupe à la main.

Moi : Bravo Ana. Championne de la connerie en tout genre. Tu te défonces la gueule et tu t'ouvres la main. Tu comptes faire quoi après te noyé dans ton bain !

Et voilà que je me parle à moi-même, mon cas ne s'améliore pas. Je regarde ma main en sang et me pars ma salle de bain pour me soigner. Foutre du sang partout ne changera pas grand-chose à la situation. Je retire le morceau de miroir encore incruster dans ma chair, désinfecte et bande en serrant fort. Ça devrait arrêter le saignement comme ça. Quitte à être là, j'en profite pour avaler deux aspirines et me laver les dents.

Je me traine ensuite dans le salon, l'horloge indique 11h37... je me laisse tomber dans mon canapé et regarde tout autour de moi. Je vois mes photos au mur, les meubles que j'ai choisis, ma plante verte dont je prends soin tous les jours. Une des étapes de la désintox... une façon de se rendre compte qu'on est capable de prendre soin de quelque chose... Kyle m'a offert ce ficus quand je suis sortie du centre. Il était tout petit, à peine 15 cm avec une seule tige. Maintenant, il fait presque 1,30m et il est hyper touffu...

Je ne suis plus cette gamine perdue, défoncée ou bourrée les trois quarts du temps. J'ai grandi, j'ai muri, j'ai évolué, j'ai changé... et même le meilleur article de ma vie ne doit me faire revenir en arrière. Ma carrière ne mérite pas que je sacrifie tout ce que j'ai réussi à construire. C'est décidé, je laisse les Houdini du Vol à Porter. Si je dois attendre des années avant qu'on me donne un sujet important, j'attendrai... D'ailleurs en parlant de ça, il faut que j'appelle le Post. Mon absence n'a pas dû passer inaperçue.

Je me lève du canapé et retourne dans ma chambre pour aller prendre mon portable. Lorsque je l'allume, l'écran se met à clignoter comme un sapin de noël. J'ai plusieurs messages et appels en absence. Mitchell a tenté de m'appeler et envoyé un message et quant à Robin, il m'a appelé presque toutes les heures et envoyé quatre messages. J'envoie vite un message à mon rédacteur en chef pour lui dire que je suis malade et que je reviendrai demain ou après-demain puis je consulte ceux de Robin.

Prête à tout pour faire la uneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant