Prête à tout pour faire la une

Chapitre 13

Au boulot, rien de très trépidant. Vu que Mitchell n'a aucun sujet à me confier, je me retrouve à jouer les correctrices. C'est, en général, le type de tâche ingrate qu'on refile aux stagiaires qui ne sont pas fichus de pondre leur propre papier... Bref, après avoir fini de corriger les coquilles et la syntaxe, je renvoie l'article à mon cher rédacteur en chef qui ne me prendra sans doute jamais au sérieux malgré les belles paroles dont il m'abreuve et file voir mon meilleur ami.

Je toque à la porte du labo photo avec deux cafés. Je n'attends pas la réponse de Robin et entre. Il n'est pas en train de développer un film sinon la lumière rouge serait allumée. Je ne risque donc pas de ruiner toute une pellicule de magnifiques photos.

Robin : Mon Ana-banana et un café que demande le peuple.

Moi : Ahah très drôle pour la peine, je me casse et le café...

Je le vide d'une traite et pose le gobelet vide sur son bureau avant de tourner les talons. Il pouffe de rire et me rattrape. Il me chipe le second café que j'ai toujours en main et me fait un bisou sur le front.

Robin : Promis, j'arrête avec Ana-banana. Boude pas s'il te plait...

Moi : je vais étudier la question...

Robin : tu voulais me voir ma belle.

Moi : Oui, je m'ennuie ferme alors, j'avais envie de discuter. Ça te tente une soirée pizza chez moi ce soir ?

Il me regarde et grimace.

Robin : je dois voir les mecs ce soir. On se fait une soirée poker chez Grant. Mais viens avec moi, je suis sûr que ça ne les dérangera pas.

Moi : mais bien sûr, une fille à votre soirée Poker... C'est gentil, mais c'est rien. Amuse-toi bien avec tes potes. Je me ferai un bon mélo avec un pot de glace.

Robin : Non, tu sais quoi, je vais dire aux mecs que j'ai un empêchement et je viens avec un bon film d'action de seconde zone. Un bon vieux nanar devant lequel on pourra faire plein de commentaires.

Moi : T'es adorable, mais va rejoindre tes copains et plume-les comme ça demain indien, tu m'invites au resto avec tes gains. Une soirée en solitaire. Je ne vais pas en mourir, t'inquiète. Bon, je vais te laisser te remettre au boulot. Bonne soirée.

Je dépose un bisou sur sa joue et quitte le labo photo. Là, je réalise que je suis... dépendante de Robin. Depuis que je l'ai rencontré, il a pris une place colossale dans ma vie et dans mes soirées... mais bon, je comprends qu'il veuille passer du temps avec ses autres amis. Je ne le blâme et ne lui en veut pas non plus, c'est normal, mais je me dis qu'il serait peut-être temps que je me fasse d'autres amis moi aussi...

Installé sur mon canapé avec un pot de ma glace préféré, je m'apprête à lancer Grand Torino de Clint Eastwood. Ce film me fait chialer à chaque fois, j'ai même déjà prévu le paquet de mouchoir à côté de moi. Mais au moment d'appuyer sur play, je réalise que je n'ai aucune envie de pleurer ce soir. À la place, je décide de m'avancer sur l'enquête.

Je referme le pot de glace et le remets dans le congélo. Ensuite, je vais dans ma chambre et troc mon pyjama contre un slim et un débardeur. Je sais très bien où dénicher les infos sur les courses de rue. Enfin, s'ils n'ont pas changé leurs habitudes... J'attrape mon portable, mes clefs et un peu de liquide que je fourre dans mes poches pour ne pas m'encombrer d'un sac.

Je prends un taxi et je me rends au chapeau de roue. C'est un bar de fan de voiture et de moto. Des écrans diffusent les courses de NASCAR et de F1. Il y a des posters de voiture de sport, de Harley. Les gens parlent de moteurs et de grosses cylindrés. Mais moi ce qui m'intéresse, c'est le tableau noir ou les gens peuvent écrire des messages à la craie. Le patron les efface toutes les deux semaines. Pour ceux qui ne sont pas de ce monde, ce sont juste des salutations en tous genres et blagues plus ou moins salace, mais pour les autres, c'est un vrai puis d'information. Il suffit de savoir décoder.