Chapitre 22

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Je roule vite, je veux mettre de la distance entre moi et cette maison. Je ne cesse de jeter des coups d'œil au tableau de ma mère posé sur le siège passager. Mais comment il a pu atterrir chez Charly ? Cette question tourne en boucle dans ma tête. Mais pas que voir cette œuvre me rappelle mes parents et c'est comme si ça avait rouvert la plaie dans mon cœur. J'ai fait mon deuil, regarder des photos d'eux ne me fait plus pleurer... Mais... Ce tableau a été volé le jour où ils sont morts, abattus comme des chiens alors que moi, je riais tranquillement chez ma copine. Pendant un moment, j'aurai voulu être à la maison ce soir-là. Je serais sûrement morte aussi, mais je n'aurais pas eu à surmonter le fait que mon monde entier c'était écroulé.

Je passe devant l'immeuble de Robin et me gare. Je suis en pleurs dans ma voiture et je voudrais me blottir au creux des bras de mon meilleur ami pour tout oublier. Je sais qu'il me consolerait. Il me débiterait même toute une tirade de blagues bien pourrie. Il se retiendrait même de dire : "je t'avais prévenu", même s'il le pensera bien fort. Puis je regarde l'heure. 1h du matin. Il doit sûrement dormir à poings fermés. Il a été très présent pour moi les derniers jours, il a bien mérité une pause dans mes problèmes.

Une fois chez moi, je pose le tableau de ma mère sur la petite table. Avec toutes ces émotions forte, ma sensation de manque s'est réveillé. J'ai tellement envie de penser à autre chose que je suis à deux doigts de céder à la tentation et d'aller m'acheter un fixe. À la place, j'attrape la bouteille de vodka qui traine dans mon placard et bois à même le goulot. C'est complètement ivre que je finis par m'endormir à même le sol.

Je suis réveillée par mon portable qui sonne. La tête dans le cul, je tâtonne pour le trouver. Quand je vois l'appelant, je le bascule sur la messagerie. Charly. Franchement là, je n'ai aucune envie de lui parler. Je ne suis pas en état de toute façon. Je ne suis pas en état de toute manière. Je regarde l'heure et je dois être au boulot dans deux heures. Je crois qu'il me faudra bien ça pour faire passer ma gueule de bois.

Je me lève et j'ai mal partout à la tête, au cœur et au corps. Je shoote dans la bouteille de vodka vide, putain, je me la suis sifflée presque en entier hier. Étonnant que je ne sois pas tombée dans un coma éthylique... J'ai tout un chantier de démolition dans le crâne alors la première étape sera de l'aspirine avec du café. Des tonnes d'aspirine et des litres de café. Je peine à décoller mes paupières et j'ai la bouche toute pâteuse.

Une fois que j'ai eu ma dose de caféine et d'antidouleur, je me déshabille en allant dans ma salle de bain. Je sème mes fringues, mais c'est pas grave, je les ramasserai plus tard. Je suis déjà pas maniaque d'ordinaire et là, c'est le cadet de mes soucis. Je me plonge dans la baignoire et ouvre le robinet d'eau chaude au maximum. L'eau délasse un peu mes muscles endoloris suit à ma nuit par terre.

Lorsque je sors de mon bain, je me sèche et m'habille. Je vais dans le salon et mon portable que j'ai laissé là clignote. Je l'attrape et j'ai plusieurs appels en absence de Charly et des messages.

Charly : tu voulais me rendre la monnaie de ma pièce en te tirant en pleine nuit.

Charly : Si tu veux plus me voir, il va falloir que tu me le dises en face.

Charly : Pourquoi t'as embarqué le tableau.

Charly : Tu réponds pas alors, je te préviens, je débarque chez toi !

À peine, je lis le dernier message qu'on tambourine à ma porte d'entrée.

Charly : Ana. Je sais que tu es là ! Ouvre ! je ne partirai pas ! Explique-moi au moins ce qui se passe !

Autant en finir une bonne fois pour toutes. J'approche de la porte et ouvre.

Moi : Ou tu l'as eu ?

Prête à tout pour faire la uneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant