Tamsir
Il n'y avait pas beaucoup de monde dans la gare. Uniquement quelques cadres en costume avec des mini-mallettes. Je me demandai ce qu'il y avait dedans. Il faisait très froid, la nuit était tombée depuis longtemps. Les quais étaient éclairés avec des néons verts, roses et bleus. Je les regardais changer de couleurs en attendant avec impatience l'arrivée de l'aéro-train. Papa était parti acheter de quoi grignoter ce soir, Maman s'était assise sur un banc avec les filles. C'était la première fois que je voyageais, ma première aventure. Nous allions quitter Reims pour rejoindre ma grand-tante Zaynabou qui habitait à Valence. Dans le Sud, là où il parait que la vie était plus chouette... C'était F-1 99 10 33 77 800-2 E qui me l'avait dit, il y allait souvent en vacances, ses parents étaient cadres...
Ma grand-tante nous avait déjà proposé plusieurs fois de venir s'installer avec elle, mais nos parents avaient toujours refusé pour ne pas nous « déstabiliser ». Je ne savais pas ce qu'ils voulaient dire par là... Maintenant nous n'avions plus vraiment le choix, ils n'avaient même pas voulu attendre le matin : nous partions de nuit. Le quartier allait être complètement détruit. Plus de chez nous, plus de collège, plus rien. Maman avait vu les premiers immeubles s'écrouler, elle avait eu très peur et elle était devenue très triste. Je m'en voulait de m'être mis en colère contre elle alors qu'elle était dans cet état. Notre cité avait essayé de résister quelques heures, nous avions perdu. Même si je savais que nous devions partir, j'étais hyper déçu de laisser mes copains. De toute façon on aurait été séparés dans des quartiers et peut-être même des villes différentes. Maman m'avait laissé aller leur dire « au revoir ». Papa m'accompagna, alors que d'habitude j'y allais seul.
« Tu comprends, ça peut être dangereux avec les effondrements ».
Nous avions échangé nos codes de CoM et nous nous étions promis de continuer nos parties jeux vidéos pour garder le contact.
Quand nous étions rentrés du stade, j'avais entendu Papa et Maman chuchoter dans la cuisine à propos des tremblements de ce matin. C'était les gens qui travaillent pour le gouvernement qui avaient donné l'ordre de tout détruire. Je ne savais toujours pas pourquoi ils nous en voulaient comme ça. Ils n'étaient pas censés nous protéger ? Déjà qu'à cause d'eux qu'on devait changer nos cheveux tous les mois, on devait s'habiller pareil tous les jours. J'en avais marre du gris et du noir moi, je voulais m'habiller en bleu foncé ou en rose, mes couleurs préférées. En plus, Papa et Maman avaient perdu leur travail, deux fois déjà. Ces gens-là, je les détestais, si je les croisaient un jour dans ma vie, je ne m'approcherais pas d'eux, ils avaient des idées bizarres.
Papa était arrivé en même temps que l'aéro-train. Je montai dans notre wagon en tenant sa main. Nous étions installés tous les cinq dans un box réservé à notre code de famille. Maman nous avait expliqué qu'il était insonorisé et qu'on pouvait donc utiliser nos prénoms au lieu des codes. Les filles ne les connaissaient pas encore, on avait donc l'habitude de pas trop parler dehors...L'aéro-train s'élança dans la nuit. J'étais émerveillé. Il y avait des écrans de partout pour voir les régions qu'on traversait, même de nuit. Il était aussi équipé d'une plateforme jeux vidéos avec un casque RV pour jouer avec les autres enfants du train. Ce voyage promettait de super parties !
Après avoir mangé Papa passa le box en mode repos, il était tard, nous allions rouler presque toute la nuit. Nous n'arriverions à Valence que le lendemain. Le train s'arrêterait entre minuit et huit heures du matin à Paris. Il était interdit de circuler entre ces horaires-là. Nous de descendrions pas du train, de toute façon nous n'avions pas de respirateur et Paris était dangereuse la nuit. Meïssa et Assiya baillaient depuis un petit moment. Moi aussi je commençais à sentir le sommeil arriver, malgré l'excitation du voyage. Je demandai à Maman de me choisir l'un de ses podcasts pour m'endormir. J'avais pris l'habitude d'écouter sa voix me raconter des contes, c'était comme une berceuse. Mes histoires préférées c'était celle de l'aventurière au foulard rose...
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La France Grise
Ciencia Ficción2058. La France bleue, blanc, rouge n'existe plus. Les couleurs vives se sont délavées au fil du temps. La France s'est polarisée et éclatée. L'unité nationale anéantie. Un nouveau Président plein de promesses d'égalité est élu. Il décide de s'attaq...