《 Au début j'entends quelques rires. Puis ils ont du remarquer que je ne bougeait pas. Ensuite c'est la panique. Ils m'ont relevé et mes yeux se ferment petit à petit. Les voix que j'entends sont de plus en plus lointaines. Je divague. Au moment où j'entends la sirène des secours, plus rien. 》
-01h11- parfois je reviens à moi. Ma conscience reprend le dessus. Je me demande où je suis. Peut-être à l'hôpital. Je suis dans un lit vert pâle avec des draps blancs, des coussins blancs, une couverture verte pâle, des murs blancs. Tout est blanc ou verdâtre ici. On croirait être dans un asile de fou. Aiden pleure à côté de moi, elle me supplie de me réveiller. Mais je suis réveillée! Du moins, à ma manière. Elle tient ma main. Je suis derrière ma mère a essayer de comprendre ce qu'il s'est passé. Je regarde mon corps pour la première fois depuis que je suis ici. Je suis branchée de partout.
《 Bonsoir monsieur, madame Brooks. 》
Je sursaute et me retourne brusquement. Un médecin. Il fit un bref sourire à Aiden.
《 Nous sommes en train de trouver des solutions au problème de votre fille. Nous ne savons pas encore ce qu'elle a mais nous faisons tout notre possible. Il est probable qu'elle se réveille pendant la nuit ou bien demain alors si vous voulez rester avec elle, restez. Si elle se réveille, appelez une infirmière. Je vous souhaite une bonne fin de nuit. 》
Le médecin quitte la pièce. Notez l'ironie de sa dernière phrase. Ils sont en état de choc. Ma mère tombe presque en s'asseyant. Mon beau-père la rattrape comme il peut. Aiden pleure de plus belle. Je ne comprends rien à ce qu'il m'arrive. Pourquoi suis-je "sortie" de mon corps? Pourquoi mon corps me lâche? Je veux pouvoir toucher Aiden! La colère monte en moi, je m'effondre. Les larmes coulent. Je sens un poids sur ma poitrine, je lève les yeux et vois que la fille de mes rêves pose son visage contre moi. Je m'approche d'elle et essaye de poser ma main sur son épaule. Je la traverse. Une douleur affreuse naquit dans mon cœur.
-3h47- ils se sont endormis. Ça fait environ quarante minutes que je me promène dans le couloir. Je ne suis pas seule, il y a énormément de personnes qui errent ici. Certaines sont en train de crier, elles ne comprennent pas pourquoi les infirmières ne les voient et ne leur répondent pas. D'autres ont le sourire encré au visage par soulagement de quitter ce monde sans justice, puis s'évaporent pour un monde plus beau. J'ai rencontré Théodore, il a six ans. Il possède de petites prunelles marrons adorables et une petite tête brune. Je tiens sa main pendant cette espèce de balade, si je peux appeler cela comme ça. En passant devant sa chambre, j'aperçois son corps bordé dans un lit. J'entends les infirmières dire que ses parents et lui même on eu un accident dont il est le seul à avoir survécu. Le soir de Noël. Joyeux Noël. Il l'ont mis dans un coma artificiel parce qu'ils doivent l'opérer. Je m'éloigne de cette pièce, serrant sa main un peu plus fort dans la mienne. Je m'assois quelques pas plus loin sur une chaise inoccupée par les "vivants" et l'invite sur mes genoux. Comment quelque chose d'aussi horrible peut-il arriver à un adorable petit bout haut comme trois pommes? Le jour de Noël.. La vie est tellement injuste.
《 Tu as une maman toi aussi? 》
Je le regarde. Les enfants ont cette innocence que nous, nous avons perdu. Je l'envie tellement. J'aimerais pouvoir croire encore au Père Noël, croire à la petite souris, aux fées, aux princesses, aux ogres, aux princes, à la magie, aux gentils qui gagnent toujours face aux méchants.
《 Oui. 》
J'aimerais y croire encore. Juste une dernière petite fois.
《 Je suis sûr qu'elle est aussi belle que toi. Tu peux m'amener la voir? 》
Je le fais descendre de mes genoux, me lève et le porte. Il entoure mon cou de ses deux petits bras. Je monte les escaliers, deux étages. Deux étages séparent les personnes dont leur pronostic vital est engagé, c'est à dire Théodore et les personnes à qui ils ne comprennent pas leur dysfonction, moi. J'arrive alors à l'étage numéro trois. Je le fais descendre, il prend automatiquement ma main. Je lui lance un petit regard protecteur, d'autres personnes nous regardent. Je me retourne et prend la direction de ma chambre. Numéro 398. Je m'arrête et reste plantée devant la porte, comme paralysée. Théo lève son bras droit et appuye sur la poignée pour moi. Je sors de mon état de paralysie et pousse la porte. Théodore lâche ma main et s'avance. Je le suis de près puis ferme ce qui sépare les deux mondes.
《 Elle est vraiment jolie ta maman, c'est ta soeur? 》
Il pose cette question avec une banalité à en couper le souffle.
《 Non Théo, c'est une de mes très proche amie et je l'aime vraiment beaucoup. Et donc pour finir les présentations, c'est mon beau-père que tu vois là! 》
-6h38- je m'assois par terre, près de mon lit.
《 C'est vrai que pour être beau, il est très beau ton papa! 》
Je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire. Il me réconforte dans ma peine. Je nage dans la tristesse mais son innocence semble être ma sortie de secours. Il s'approche de moi puis s'assoit sur mes jambes. Il pose sa tête dans le creux de mon cou, son souffle chatouille ma peau.
《 Dis, tu crois que je vais revoir papa et maman? 》
Pour la énième fois, une douleur oppresse mon coeur, le torture. Je ne sais quoi dire à ce jeune môme. Je me pose d'ailleurs la même question. Je coule à présent dans l'océan de tristesse. Je veux pouvoir me réveiller, toucher Aiden, câliner maman et papa. Je n'en peux plus. La souffrance est devenue insoutenable. Atroce.
《 Pourquoi tu pleures Luna? 》
Il me regarde de ses petits yeux en me prenant la main gauche. De mon bras droit, je le serre contre moi en posant ma joue sur sa chevelure.
《 Ça va aller. Ça va aller Théo. 》