Chapitre dix-huit

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《 Je ferais tout pour et n'importe quoi pour arriver à mon but. Mais ai-je assez de temps pour convaincre mes parents? Pour tout simplement réaliser tout ce dont je rêve? 》

-9h34- la pluie s'écrase violemment contre ma fenêtre. Chouette journée. J'ai passé une assez bonne nuit. Pas un seul cauchemar. Pas de réveil en sursaut. La température de mon corps est restée dans la normale. Donc finalement, c'est une bonne nuit. Je prends la décision intérieure de me lever pour aller petit déjeuner parce que ce matin, j'ai faim. C'est étrange. Habituellement, depuis quelques temps, je n'ai plus goût à rien. Et ça a le don d'inquiéter mes parents. Je pense que le fait d'avoir faim aujourd'hui va les perturber et ainsi les inquiéter également. Je suis sans doute une bonne source de stress pour eux. Maman dort encore.

《 Bonjour papa! J'ai faim. Il reste encore du pain et de la confiture à la framboise? 》

Comme prévu, il me dévisage d'un air inquiet.

《 Oui bien sûr mais tu es sûre de bien aller? 》

Je préfère simplement lui tirer la langue en prenant le pain et une assiette.

Je pars m'installer sur une chaise à côté de la table du salon. Sauf que je viens de remarquer que j'ai oublié le beurre et les couverts. Je décide alors de me lever et d'aller chercher ce qu'il me faut. Manque de bol. Je pense sérieusement être née pour être malchanceuse et souffrir tout au long de ma misérable vie. Je suis tombée, par perte d'équilibre et de force dans mes jambes, couteau à la main. Enfin, il n'est plus tellement dans ma main à présent. C'est quand même presque ironique, les services hospitaliers vont finir par me connaître par coeur à force!

Je suis dans les vappes. Papa m'amène à l'hôpital avec sa voiture. Je perd beaucoup de sang. Ça me désole de salir sa voiture, il l'aime tant. Maman continue de compresser ses mains tout autour du couteau à l'aide d'un banal chiffon.

《 Tiens bon mon petit coeur, on est presque arrivés! 》

Je ferme les yeux. J'imagine la peur que je dois leurs infliger à chaque fois qu'il m'arrive de telles choses. À mes parents. À Aiden. Je ne suis pas née pour vivre mais destinée à mourir. Tel est mon destin. Une larme coule le long de ma joue bouillonnante. La douleur dans mon abdomen est désormais invivable. Peut être que je n'aurais jamais dû avoir faim. Peut être que je n'aurais plus jamais faim.

J'ai la bouche atrocement pâteuse et une mince douleur dans mon ventre parvient jusque mon cerveau. Je me remémore assez brutalement les événements de la veille puis m'assois, difficilement. Ça me fait tellement mal que je décide de me recoucher immédiatement.

-16h57- en ouvrant mes yeux, j'aperçois toujours et encore un mur vert et blanc. Mais cette fois-ci, je suis seule dans la chambre. Instinctivement, je pars à la recherche de la blessure pour la tâter avec une de mes mains. Je n'aurais vraiment pas dû. Vraiment pas. La douleur est encore plus intense et horrible. Je décide alors de demander de l'aide à une infirmière, j'ai soif et ne peux me lever. J'aimerais aussi connaître le résultat. Savoir si je vais me transformer en morte-vivante ou non.

《 Bonjour, comment vous sentez vous? 》

Je lui explique tout ce qu'il s'est passé depuis que j'ai repris conscience. Elle m'injecte alors de la morphine pour calmer la douleur.

《 Vos parents sont rentrés chez eux il y a quelques heures, vous ne vous êtes pas réveillée depuis deux jours. Ce qui est normal au vu de l'opération que vous avez vécue. 》

Deux jours? Donc on est déjà vendredi. Quelle opération? J'étais supposée à n'avoir que des points de sutures non?

《 Comme vous le savez, vous aviez un couteau dans l'abdomen. La mauvaise nouvelle est que ce couteau a touché un de vos reins et l'a fortement endommagé. Les médecins qui vous ont opérés l'ont donc retiré, il vous aurait fait mourir si nous le laissions puisque vous étiez souffrante d'une hémorragie interne. 》

Donc c'est officiel, je suis un putain de zombie. Et par la même occasion, je suis vraiment entourée de malchance.

《 C'est grave de vivre avec un seul rein? 》

L'infirmière a une sorte d'hésitation, on dirait qu'elle cherche les mots. En général, lorsqu'il y a de l'hésitation, c'est que c'est très mauvais signe.

《 Eh bien.. En temps normal, vivre avec un seul rein est possible. Mais dans votre cas, il peut y avoir de graves complications. 》

Génial. Donc je suis vraiment plongée, remuée et noyée dans la merde. Quelle vie pourrie. Pourquoi est ce que j'ai des anticorps aussi nazes? Autant crever maintenant, qu'on en finisse putain. Chers anticorps, cessez de vous battre. Maintenant.

《 On va devoir vous garder quelques jours et nuits pour nous assurer que votre état ne s'aggrave pas. Voilà les nouvelles, je suis désolée si elle peuvent vous paraître un peu brutales. 》

Pour être brutales, elles le sont.

《 Oh et j'oubliais, une jeune fille au nom d'Aiden attends depuis ce matin dans la salle d'attente et dit vous connaître, je la laisse entrer? 》

Depuis ce matin? Mais, on est vendredi non? Elle n'a pas été en cours. Tout ça à cause de moi et de ma stupide envie de tartine à la confiture. Quelle genre de petite amie suis-je devenue?

《 Bonjour mon coeur. 》

Elle entre, gênée. Ce n'est pas à son habitude. Elle a des cernes et les cheveux en bataille. Son apparence me rappelle la dernière fois que je l'ai vue comme ça. J'étais exactement dans le même état que maintenant. Mais en moins pire. Lorsque j'étais entre deux mondes, presque morte et quand j'ai rencontré Théodore. Elle pose ses affaires sur le fauteuil se trouvant en face du lit puis s'approche pour s'asseoir à mes côtés.

《 Tu te sens comment? 》

Elle me sourit, en plongeant son regard dans le mien. Mais je sais qu'elle me ment. Ça se voit dans le plus profond de ses yeux. Elle n'a plus cette chaleur autrefois omniprésente dans son regard, du moins, elle a presque disparue. Elle a l'air affreusement triste. Toujours en souriant, ses yeux commence à laisser s'échapper quelques petites gouttes perlées. Des larmes atrocement sincères qui font très mal. J'ai un énorme pincement au coeur. La voir pleurer est la plus terrible des visions. Je la prends dans mes bras, non sans douleur dans le ventre, l'obligeant alors à se coucher à mes côtés. Je la serre le plus fort possible tout contre mon coeur. Comme pour effacer sa douleur et la mienne en même temps. Sa présence m'apaise et réussi à calmer les battements de mon coeur. Je perçois toujours quelques sanglots, mais ils sont de moins en moins nombreux. Sa respiration devient de plus en plus calme et profonde. Le sommeil est proche. Elle n'a pas dû dormir de la nuit par ma faute. Elle est restée pour moi. Elle a dû être morte d'inquiétude pendant tout ce temps. Cette intention me touche énormément et me réchauffe le coeur rien que d'y penser.

-17h38- désormais, elle dort paisiblement dans mes bras. Sa respiration m'est extraordinairement calmante, elle est époustouflante. Même surhumaine. Sa personne frôle la perfection. Je suis, moi aussi de plus en plus fatiguée. Étrange, j'ai dormi pendant deux jours. Mes yeux sont lourds. Elle est sans aucun doute le remède le plus efficace pour calmer mon âme. Étrangement, cela me procure énormément de bien.

... Mon amour, j'aimerais tellement vivre l'éternité à tes côtés.

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Merci beaucoup beaucoup pour les +8,85K de lectures, ça me fait énormément plaisir!

Her. [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant