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The killing moon - Echo and the Bunnymen

Thomas

J'ai toujours admiré les gens envoûtants, ceux dont on ne peut oublier le visage, le regard, la démarche ou bien la manière de réfléchir sur le monde. Je n'ai jamais envié ça de façon malsaine mais simplement admiré , car une fois parti , je sais que contrairement à eux,  je serais certainement facilement oublié. Parfois, quand quelqu'un me regarde dans les yeux, un chauffeur de bus ou bien une fille dans la rue, je me demande comment ils font pour me voir. Qu'est ce qu'ils voient quand ils me regardent ?

Tout ce que je sais c'est ce que je vois, moi.

- Qu'est ce que tu écris?

Je repose le cahier sur mes genoux et me tourne vers Leo. Ce matin, Isaac a dit quelque chose comme «Allons fumer à la cabane! » et tout le monde a dit d'accord car tout le monde aime fumer et tout le monde aime la cabane. Moi, j'aime y être car d'ici, on voit presque tout le champ et aussi car la cabane sent l'été. Il y a Isaac qui lit un livre dans un coin et Zoé discute avec Emma à côté. Il n'y a pas Théo mais je n'ose pas demander pourquoi alors je ne le fais pas. Léo est à côté de moi. Il porte un t-shirt rouge un peu grand et un short beige large. Ses cheveux lui tombent dans les yeux et je l'observe passer sa main dedans avant de répondre.

- Rien d'intéressant.

Il me sourit avec ses dents et pose sa tête dans sa main. Son regard croise le mien avant qu'il ne pousse mon épaule avec la sienne, taquin.

- J'ai ton cadeau d'anniversaire.

J'essaie de ne pas penser à sa main frôlant la mienne, j'essaie de le regarder droit dans les yeux mais ma respiration se fait faible sans pouvoir rien y changer.

- Mon cadeau ?

Il sourit. Ce foutu sourire.

- Oui, je voulais que ce soit spécial pour toi.

Je souris aussi et il me secoue les cheveux. Sa main s'arrête et reste dans mes cheveux un instant et moi, moi je regarde son grain de beauté sur le coin de la bouche. Il sort de sa poche un carnet Bleu et me le tend.

- Tiens.

Je regarde le carnet, dubitatif.

- Un carnet ?

- Pour que tu écrives sur nous, pour que tu te sauves dans ta tête. J'ai vu que le tien était bientôt complet.

Me sauver dans ma tête.

Cette phrase résonna dans mon âme comme un écho que l'on lancerait dans le vide. Je regarde le carnet un instant, il n'a rien de prétentieux, il est d'un bleu très clair et les pages sont vides .

- Merci, ça me fait vraiment plaisir.

Il me sourit, encore.

Personne ne sait à quel point j'aime écrire à part Leo et Isaac , alors un carnet semble être un cadeau des plus majestueux à mes yeux.

Il a repassé sa main dans ses boucles brunes et a fixé le vide un instant. Moi,  je suis resté à détailler son profil pour essayer de m'en souvenir toute ma vie.

Des fois j'ai peur d'oublier les gens, leurs odeurs et leurs façons de parler. Ce qu'ils aiment ou détestent, la façon dont ils remettent leurs cheveux derrière l'oreille ou bien l'excitation avec laquelle ils parlent d'un sujet qui les passionnent.

Peut être que j'ai peur tout le temps ou peut être que c'est la vie qui est effrayante.

- T'as jamais l'air d'avoir peur de rien.

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