spécial

Ou bien reste

Christmas kids - ROAR
Isaac

Comment savoir quoi dire?

La plupart du temps je dis ce qui me passe par la tête sans y penser plus que ça. Puis de temps en temps ça blesse des gens et moi je demande pardon et rien d'autre ne se passe. De ma vie , je n'ai jamais vraiment su quoi faire ni quand le faire.

Je me demande jusqu'a quand je peux prétendre ne rien ressentir pour Zoé. Quand sera-t-il trop tard pour dire quoi que ce soit? Tout ce à quoi j'arrive à penser ces derniers c'est à quel point ses yeux sont grands. Ses terrifiants, sublimes, gigantesques yeux . Comme si elle pouvait voir en moi et y lire toutes ces choses que je ne souhaite à personne de lire. Comme si elle pouvait se nicher dans la plus profonde et intense pensée qui me fait honte. Il est normal d'imaginer ce que serait notre vie , si on essayait ? Et si on était pas heureux ? Si on tombait amoureux et que c'était laid et affreusement douloureux?
Si je n'étais pas assez intelligent pour être avec elle, est ce qu'elle accepterait de sortir avec un idiot? Et si je n'arrivais jamais à sonder la complexité de son âme et que ça deviendrait trop difficile à vivre pour elle et qu'elle me quittait pour un idiot plus facile à vivre et plus idiot encore ?

- Isaac ?

C'est elle et toujours elle.

Je relève la tête sur ses  yeux bruns qui me fixent avec questionnement.

- Ça va ?

Je ne réponds pas immédiatement. Quand elle m'a proposé de l'accompagner à la crique, je ne savais pas que ce serait juste elle et moi. Mais maintenant elle est ici, face à moi, avec son beau visage et son sourire et je me sens dépérir à chaque respiration de sa part.

- Oui , ça va.

J'essaie d'avoir l'air normal mais je sonne faux et lasse et je m'en veux car je la vois baisser les yeux l'air de se dire « pourquoi fait-il cette tête? » et même moi je ne saurais quoi répondre.

Pourquoi pas : je pense que je t'aime mais ça fait un mois qu'on se connaît donc c'est peut être bizarre de le dire maintenant donc je dois avoir l'air d'un enfoiré qui ne sait pas ce qu'il veut et c'est honnêtement peut être ce que je suis au final.

Mais peut être que c'est trop honnête, là.

Non à la place je me contente de lui sourire pour tenter de la rassurer.

- J'ai proposé aux autres de venir aussi, tu es le seul à avoir accepté.

Je la regarde, surpris. Mon frère je comprend, Léo est avec sa famille pour la journée mais les autres ?

- Même Emma?

Elle hoche la tête.

- Étrange.

Elle hausse les épaules, le regard perdu.

- C'est pas très grave, enfin je m'en fiche d'être seule avec toi. Si ça te gêne tu peux rentrer chez toi , je ne t'en voudrais pas.

Elle dit ça en riant mais moi je me sens mal qu'elle se sente obligée de me dire ça à cause de mon comportement froid et distant.

- Je suis un connard aujourd'hui, excuse moi.

Elle fronce les sourcils.

- Pourquoi tu dis ça ?

Mentir. Mentir. Mentir.

- Je suis épuisé à cause du basket avec Léo hier soir.

Elle sourit.

- Jusqu'à quelle heure cette fois ci ?

- Deux heures du mat'.

Elle rigole. Ses joues se rehaussent, le rouge recouvre son beau visage doux et lumineux. Elle me rappelle la couleur jaune.

- Tu me fais penser à la couleur jaune.

Elle arrête de rire doucement avant de tourner ses yeux vers moi. Je n'ai jamais vu de tels yeux , sérieusement, quel joyaux.

- Toi, je ne sais pas .

Je souris.

- Je suis trop mystérieux?

Elle rigole face à mon visage faussement charmant avant de rétorquer .

- Ou peut être pas assez intéressant ?

Elle me sourit en me taquinant.

On se regarde un instant, un instant qui dure des heures dans ma tête. J'aimerais tant l'aimer comme elle semble le mériter . J'aimerais tout lui donner lorsqu'elle me regarde de cette façon Mais rien n'est doux dans mon cœur quand je la vois . Ce que je veux c'est l'embrasser , chaque seconde où mes lèvres sont loin des siennes est un supplice. Ça semble presque être un besoin à ce stade. Ce genre de fille mérite une vraie personne, pas stupide garçon . Ce genre de fille, ça mérite d'être aimée correctement.

Elle se lève soudainement et me tire le bras pour me lever aussi.

- Viens à l'eau.

Je la suis jusqu'au rivage où nos pieds se font fouetter par les vagues.

- J'aimerais me teindre en rousse.

Je tourne aussitôt la tête vers elle.

- Pourquoi?

- J'aimerais ressembler à autre chose qu'à moi l'espace d'une seconde.

- N'importe qui voudrait te ressembler.

Elle hausse les épaules en regardant ailleurs. Mon ailleurs à moi, c'est elle.

- Je peux te poser une question idiote ?

- Pourquoi pas une intelligente pour changer ?

Elle rigole et je suis heureux de la faire rire.

- Tu penses qu'on pourrait tomber amoureux de moi?

Oui , oui , oui , oui.

- Pourquoi on ne le pourrait pas ?

Elle hausse à nouveau les épaules avant de continuer.

- J'ai été avec pleins de garçons. Aucun ne semblait réellement m'aimer.

Elle se tourne vers moi et mes yeux se posent sur son visage. Bientôt nos mains se frôlent à la surface et mon corps bat plus rapidement que les vagues.

- Je suis certain que pleins t'ont aimé.

Elle sourit.

- Ça doit être facile, de tomber amoureux de toi.

Peut être que je parle de moi. La phrase est sortie toute seule , ça a sonné comme une évidence sur l'instant.

Bientôt, sous l'eau , elle agrippe ma main.

- Qu'est ce que tu fais ?

Ma voix sonne ridiculement stressée et elle rigole soudainement.

- Je t'embête, idiot.

Elle se tourne alors que je fais mine de rigoler. L'idée qu'elle m'embrasse, que nos corps se touchent, que ma main traverse ses cheveux. Cette idée, elle hurle dans ma poitrine de sortir. Cette idée me donne envie de m'évanouir. Alors, je plonge dans l'eau et nage le plus loin possible d'elle .

Là, au milieu de rien, je l'observe au loin me faire des signes depuis la plage. J'aimerais tant lui dire ce que je ressens, qu'elle sache à quel point elle est aimée, là maintenant.

Je me contente de lui faire signe.

Je me contente de ne pas savoir quoi dire.