cabin fever-jaden smith
Un réveil.
Pas loin, un lit . Et sur ce lit , un garçon , ses pieds posés sur le mur.
Ces pieds , ils sont à moi et ils laissent une trace sur le papier peint vert. Je me redresse, attrape un élastique et attache mes cheveux rapidement.
Puis je souris , un peu, c'est l'été.
Des fois , j'aime bien faire comme si j'étais dans un film.
Je m'arrête, je regarde les gens, et c'est comme si une chanson de Nina Simone passait en fond, dans un coin de mon esprit . Ça aide à pas penser au fait que la vie reste la même.
Ça aide à faire taire le bruit incessant que produit mon cerveau.
Ça aide. C'est ce qui compte.
Quand je descends les escaliers je laisse mes pieds se fondre sur la douce moquette marron qui recouvre l'entièreté des escaliers. La sensation est presque réconfortante, j'ai toujours aimé cette moquette. Maman déteste, elle dit qu'il n'y a rien de pire à nettoyer.
Maman déteste cette maison de toutes façons. Ça lui rappelle mon père.
Enfin, ça lui rappelle surtout à quel point elle le déteste.
Dans la cuisine, je passe devant mon frère qui mange des céréales et dans le salon ,il y a maman qui regarde une émission où des jeunes de seize ans tombent enceintes.
Ma mère écoute toujours la télévision au volume maximum , jour et nuit. Une fois je lui ai demandé si ça ne lui donnait pas mal à la tête comme moi.
Elle a dit que c'était bien, que ça comblait les silences.Dans cette maison, il y a toujours du bruit. Alors que personne ne parle jamais ici.
Juste l'émission débile de maman qui passe en boucle.
Et mon frère qui mastique ses céréales.
Moi, je les regarde des fois . Et d'autres fois je vais regarder des films chez Léo.
- Mange, il y a du gratin dans le frigo.
Mon frère me regarde comme si en ouvrant le réfrigérateur j'allais y trouver un crâne désaffecté. Et quand j'ouvre le réfrigérateur , une vieille odeur de fromage s'en échappe.
Je le referme à grande vitesse et j'attrape ma veste.
Et lui, il m'envoie un sourire compatissant.
Au pas de la porte je me regarde dans le miroir qui longe le mur à droite de la porte d'entrée. Je retire l'élastique et j'hausse les épaules.
On s'en fiche.
Plus loin , il y a la maison de Leo. Leo c'est le genre de gars à vivre dans une banlieue de la classe moyenne , à jouer au foot avec ses amis, à rire beaucoup, c'est le genre de gars que les gens aiment.
Je toque à sa fenêtre et il l'ouvre dix minutes plus tard. Torse nu et les cheveux en bataille.
- Les téléphones ça existe.
- Tu me laisse entrer ou tu veux définitivement que je meurs de faim?
Il sourit , se déplace , et me laisse entrer.
Quand je rentre c'est toujours le même schéma: je retire mes chaussures , ma veste , et je m'étale sur son lit. Toujours pareil .
Souvent, Leo me regarde faire. Sauf si il est avec une fille. On a un code spécial pour ça , si il y a une fille dans sa chambre, il y a la pierre que j'ai peinte pour la fête des pères sur le rebord de la fenêtre.
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Spécial
Fiksi RemajaCe sont des jeunes gens qui s'aiment, qui grandissent et qui font beaucoup de conneries. De douces larmes sur vos visages aux milles couleurs.